Voici quelques id�es re�ues bien trop souvent v�hicul�es � tort par les m�dia et sur lesquelles il nous semble important de faire le point.
"la m�thode globale est enseign�e par de nombreux instituteurs et elle est la cause principale de l'illettrisme et des d�sordres sociaux."
Il s'agit l� d'un amalgame entre trois concepts : la m�thode "globale" proprement dite, introduite par Decroly et Freinet dans les ann�es 20-30 et qui n'a jamais �t� rigoureusement appliqu�e, l'importance donn�e en 1975 par le minist�re de l'Eduaction Nationale sur les proc�d�s de m�morisation et d'anticipation et, enfin, le recours � un petit stock de mots dans la plupart des m�thodes synth�tiques � entr�e phonique ou des m�thodes mixtes pour servir d'introduction au lien graph�me-phon�me.
La diabolisation de ce qui est � global � par le biais d'un amalgame entre ces trois strat�gies d'enseignement jette le soup�on sur les programmes, sur les enseignants, et sur les manuels scolaires. Pourtant les programmes scolaires, nourris des travaux de recherche sur la lecture et son apprentissage, insistent sur l'apprentissage du code depuis les ann�es 1970 et Luc Ferry lui-m�me, dans sa Lettre � tous ceux qui aiment l'�cole en 2002, affirme qu'"il est vain d'incriminer la fameuse "m�thode globale", abandonn�e pour l'essentiel depuis presque trente ans [et][...] diabolis�e � bon compte".
"la m�thode globale n'est qu'un mythe, elle n'a jamais �t� appliqu�e"
La m�thode analytique (ou encore m�thode globale) au sens le plus pur du terme, c'est-�-dire telle que la con�evaient C�lestin Freinet ou Ovide Decroly, n'a effectivement jamais �t� prôn�e par l'Education Nationale.
N�anmoins, en 1975, les circulaires Fontanet marquent l'av�nement de la m�thode id�o-visuelle qui h�rite des m�thodes analytiques et de la conception de la p�dagogie que pr�nait Freinet ; ainsi, le principe "global" est-il cependant appliqu� par quelques instituteurs, de m�me qu'il est mis en jeu dans les m�thodes mixtes qui furent conseill�es par l'Education Nationale pendant les derni�res d�cennies.
"Actuellement, le d�bat oppose les partisans de la m�thode syllabique et les partisans de la m�thode globale"
La m�thode analytique (ou globale) pure n'a jamais �t� rigoureusement appliqu�e, de m�me que la m�thode synth�tique (ou syllabique) pure ne repr�sente plus qu'un pourcentage infime de cours pr�paratoires en France. Opposer deux conceptions aussi extrêmes n'a aujourd'hui plus de sens, bien que certains m�dias s'emploient � avancer cette caricature qui a le m�rite de simplifier le d�bat et de fixer les id�es.
La m�diatisation excessive d'Eveline Charmeux notamment, qui d�fend les travaux qu'elle a men�s dans les ann�es 80 sur les m�thodes analytiques, et de ses coll�gues nourrit les confusions et les st�r�otypes.
"Avant, on savait mieux lire que maintenant."
Cette id�e re�ue a la vie dure dans les m�dias et les conversations de comptoir; quel poids lui donner? Il est bien difficile de r�pondre � cette question et une controverse semble opposer les statisticiens qui se sont pench�s sur cette question.
De nombreux sites font référence � une �tude de l'INSEE r�alis�e fin 2004 qui pr�sente le taux de personnes en difficult� dans l'un des domaines fondamentaux de l'�crit et ce par tranche d'�ge.
TRANCHE D'AGE |
PERSONNES EN DIFFICULTES |
De 18 à 29 ans |
14% |
De 30 à 39 ans |
16% |
De 40 à 49 ans |
18% |
De 50 à 59 ans |
26% |
De 60 à 69 ans |
34% |
Information et vie quotidienne, INSEE, 2004
Cette �tude conclut ainsi que le taux de personnes en difficult� avec un des domaines fondamentaux de l'�crit augmente avec l'�ge; une �tude similaire en 2002 aboutit aux m�me conclusions concernant la lecture.
Certains linguistes interpr�tent ces chiffres comme la preuve d'une lacune de la m�thode synth�tique enseign�e presque syst�matiquement il y a une cinquantaine d'ann�es. Selon cette th�se, le principe du d�codage, trop abstrait, ne serait pas bien retenu par les �l�ves qui l'oublieraient au fur et � mesure des ann�es et pr�senteraient ainsi avec l'�ge des difficult�s de plus en plus marqu�es. L'enseignement de la lecture tel qu'il est effectu� � l'heure actuel serait ainsi plus b�n�fique.
N�anmoins, des collectifs p�dagogiques mettent en cause la validit� de ces chiffres et s'en r�f�rent � d'autres �tudes, tr�s visibles sur Internet qui concluent, � partir des r�sultats obtenus par des coll�giens � des �preuves du Brevet d'Etudes de 1920, que le niveau actuel des �l�ves a chut� de fa�on tr�s pr�occupante, particuli�rement du point de vue de l'orthographe.
D'autres p�dagogues expliquent cette diff�rence de niveau par le fait que l'enseignement actuel met l'accent sur l'expression �crite, la communication et la compr�hension et non plus sur l'orthographe; ils concluent qu'il est, � ce titre, difficile d'�tablir des comparaisons entre les capacit�s des �coliers actuels et de ceux des ann�es 20.
On voit ainsi que la r�ponse � la question "lit-on mieux maintenant qu'il y a cinquante ans?" est loin d'�tre ais�e et qu'il est difficile de pouvoir �tablir clairement des comparaisons entre ces deux �poques, du fait tout simplement de l'�volution des moeurs et donc des buts poursuivis par l'Education Nationale.
Quels crit�res permettraient de d�terminer objectivement le niveau d'un �colier et de le comparer � ceux qui l'ont pr�c�d� ou qui le suivront? Cette question n'est toujours pas tranch�e.