Génétiquement Incorrect, de Gilles Éric Séralini :
Une question essentielle qu’il est nécessaire de se poser lorsqu’on s’intéresse aux causes d’apparition des cancers est la part des facteurs génétiques dans une telle maladie due à des mutations dans les gènes engendrant des modifications trop importantes pour que la cellule sache encore s’autodétruire.
Dans son livre Génétiquement Incorrect, paru en 2003 aux éditions Flammarion, Gilles Éric Séralini dénonce les dangers et les doutes subsistants dans les sciences génétiques.
Les généticiens affirment aujourd’hui que les thérapies et autres manipulations géniques permettront bientôt de soigner certaines maladies génétiques, ainsi que le cancer ; qu’elles nous permettront de vivre mieux et plus longtemps, de nourrir une population en constante augmentation… L’auteur de ce livre expose une vérité différente. Les gènes, loin d’avoir une évolution constante et prévisible, sont soumis à leur environnement, mutent, se déplacent, s’expriment ou se taisent selon le milieu dans lequel ils évoluent. Sans véritable prise en compte de ce facteur, qui reste cependant très difficile à évaluer, il paraît alors impossible d’agir de façon réellement efficace.
Le chapitre 3, intitulé « Maladies génétiques ? Maladies de l’environnement ? », concerne plus particulièrement notre controverse. Nous allons en développer les grandes idées.
1.Le poids de l’hérédité dans les cancers
Aujourd’hui, un Américain sur deux et un Européen sur trois sont touchés par un cancer au cours de leur vie. Doit-on chercher les causes à l’intérieur ou à l’extérieur de notre corps ?
Pour certains cancers, une évaluation des facteurs héréditaires existe, mais est assez faible. Le cancer de la prostate serait ainsi dû à une prédisposition familiale dans seulement 5 à 10 % des cas. De même, seuls 5% des cancers du sein semblent avoir une origine héréditaire. Enfin, dans le cas du cancer des poumons, le plus représenté dans la population, le tabagisme semble être à l’origine de 90 % des cas, la génétique étant dans ce cas très minoritaire.
Cependant, des substances telles que l’amiante, les polluants et les gaz favorisent aussi certains cancers dont le cancer des poumons, car elles provoquent des mutations dans les chromosomes humains. En 1980, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a admis que 80 % des cancers ont des causes environnementales, principalement les agents chimiques et physiques.
2.Combien de gènes déclenchent un cancer et pourquoi la thérapie génique marche peu ?
Il s’avère qu’un grand nombre de gènes peuvent être à l’origine d’un cancer. Certains dérèglements sont hérités de nos parents, d’autres sont acquis à la suite d’un mauvais comportement. L’existence d’un terrain héréditaire favorable ou non est donc essentielle. La diversité des gènes provoquant un même cancer justifie alors que la thérapie génique, qui cible en général un unique gène, reste peu efficace.
3.Les effets cumulatifs à long terme
Les molécules présentent dans l’environnement sont souvent des molécules pré-cancérogènes, c’est-à-dire qu’elles ne provoquent pas directement un cancer mais leur mutation et leur accumulation peuvent causer ce cancer. En effet, ces molécules comme les hydrocarbures sont souvent de formes lipidiques et sont donc mal évacuées par l’organisme, elles s’accumulent ainsi facilement.
4.L’environnement, maître de l’expression des gènes
En tout état de cause, il semble bien que l’environnement soit devenu une clé de l’expression des gènes, tant pour l’exploitation normale des possibilités de celle-ci qu’à cause des perturbations qu’il est capable de provoquer. L’environnement peut en effet inciter les gènes à se dédoubler, à sauter et à se déplacer.
Le mécanisme d’extinction de certains gènes spécifique est à la base de la spécialisation des cellules de notre corps, selon les organes auxquels elles appartiennent. C’est un facteur essentiel au bon développement de nos organes, qui permet ainsi de donner différentes fonctions au foie, aux poumons, à la peau… Cependant, l’environnement des cellules est au cœur de cette extinction et une modification de celui-ci modifie parfois la cellule qui va « allumer » ou « éteindre » de mauvais gènes. Ces modifications non contrôlées peuvent alors provoquer certaines pathologies, en particulier le cancer chez l’homme.
Enfin, un des facteurs importants de l’environnement est le temps. La vieillesse fait perdre de nombreux gènes fonctionnels, et favorise l’apparition de cancers. De même, il semblerait que les stress environnementaux chimiques ou physiques influent ces phénomènes.
Les facteurs environnementaux et génétiques paraissent donc très liés. Les premiers semblent être à l’origine des autres, qui en s’accumulant peuvent provoquer un cancer. Le facteur héréditaire mérite également d’être étudié : même s’il paraît être d’une importance moindre, il représente un terrain favorable au déclenchement du processus à l’origine du cancer.