Un groupe de travail a été formé de membres du CIRC, des deux Académies de la Fédération des Centres de Lutte Contre le Cancer et de nombreux experts français et étrangers. (CIRC, Académie Nationale de Médecine, Académie Nationale des Sciences, FNCLCC)
Le rapport, rendu public en septembre 2007, donne des causes avérées, probables et possibles pour l’apparition d’un cancer. En s’appuyant sur une méthode bien précise qui est décrite plus bas, les résultats de ce rapport sont la source de la controverse. Ils donnent pour causes avérées du cancer des comportements individuels, contrairement à un certain nombre d’autres résultats. La part du comportement collectif et des effets de l’environnement sur le développement des cancers est faible.
Les résultats sont les suivants :
Les causes avérées :
Voici tout d’abord les causes que le rapport énonce comme avérées. C’est à dire que l’on est sûre qu’elles ont un effet sur le développement des cancers :
- Le tabac : 33,5% des décès par cancer chez l'homme et 10% chez la femme
- L'alcool : 9,4% des décès par cancer chez l'homme et 3% chez la femme
- L’excès de poids et l’insuffisance d'exercice physique : 2% des cancers chez l'homme et 5,5% chez la femme
- Traitements hormonaux de la ménopause : 2% (cancer du sein et de l'ovaire)
- Un certain nombre de facteurs à risque : l’âge tardif du premier enfant, le faible nombre d'enfants et l’absence d'allaitement. Si l'on agit sur ces facteurs on pourrait diminuer la fréquence des cancers du sein de 15%
- Les expositions professionnelles (en diminution) 3,7% des cancers chez l'homme et 0,5% chez la femme
Les causes probables :
D’après le rapport cependant le rôle de la pollution est surestimé :
La proportion des cancers liés à la pollution de l'eau, de l'air et de l'alimentation est faible en France, de l'ordre de 0,5%, elle pourrait atteindre 0,85% si les effets de la pollution de l'air étaient confirmés.
Par contre le rôle de l’alimentation reste méconnu, i.e. les résultats du rapport n’ont pas permis de dire si l’alimentation avait une influence sur le cancer. L'effet des facteurs nutritionnels spécifiques, tels que la teneur en fibres des aliments, la quantité de fruits et légumes ingérée, n'a pas été confirmé par les dernières études épistémologiques.
Ainsi, avec les connaissances actuelles, les causes suivantes n'ont pu être considérées comme avérées :
- Le fait d’habiter proche d'une source de pollution(industrielles, dépôts de déchets, incinérateurs)
- Les dioxines
- Les rayonnements non ionisants autres que les UV
- Les téléphones portables, antennes de téléphonie mobile
Les causes Inconnues :
- Les mutations des cellules peuvent intervenir de manière autonome sans l'intervention d'agents exogènes.
- L'impact de certains facteurs semble sous-évalué : les infections, la nutrition, les agents cancérogènes peuvent agir différemment suivant les périodes de la vie à laquelle ils ont été administrés, ou avec quels autres agents ont ils été administrés.
Autres résultats du rapport :
Par ailleurs le rapport explique que la mortalité par cancer diminue et non augmente, comme la plupart des gens le pensent, si l'on tient compte de l'évolution démographique. Compte tenu de l'accroissement de la population française et de son vieillissement, la mortalité par cancer aurait du augmenter de 22% alors qu'elle a diminuée de 13% entre 1968 et 2002.
De plus, on ne trouve d'origine spécifique que pour la moitié des cancers en France. Chez les personnes n'ayant jamais fumé aucun facteur de risque lié au mode de vie ou à l'environnement n'a été scientifiquement établi pour 85% des cancer.
Objectifs et méthodologie du rapport :
Le CIRC a réalisé un énorme travail fondé sur les analyses critiques de comité d'experts pour distinguer plusieurs catégories de cancérogènes. Ils ont recueillis toutes les enquêtes et rapports parus avant l’an 2000 pour avoir un certain recul sur les résultats. Ensuite, suivant des critères bien définis, ils ont gardé ou écarté les résultats qu’ils avaient à leur disposition. Il est important de souligner que pour réaliser ce rapport ils ont utilisé des rapports déjà existant et non en aucun cas refait de nouvelles études.
Ils ont évalué, en se fondant sur des données épidémiologiques fiables et chaque fois que cela était possible sur des méta-analyses, (Une méta-analyse est une démarche statistique combinant les résultats d'une série d'études indépendantes sur un problème donné. La méta-analyse permet une analyse plus précise des données par l'augmentation du nombre de cas étudiés et de tirer une conclusion globale. Cette démarche est largement utilisée en médecine pour l'interprétation globale d'études cliniques parfois contradictoires. Elle permet aussi de détecter les biais de méthode des études analysées) les effets cancérogènes des différents facteurs de risque et, dans les cas nombreux où les données des différentes enquêtes sont discordantes, tenter d'identifier les sources de ces écarts et d'aboutir à une conclusion même provisoire.
Ils ont de plus identifié les domaines où les connaissances sont insuffisantes et où des recherches complémentaires, en France et dans le monde, seraient nécessaires.
Les méthodes classiques de l'épidémiologie ont été utilisées. Ils ont procédé, chaque fois que cela été possible, à une comparaison entre sujets exposés et non exposés. Quand cela n'était pas possible ils ont analysé l'impact des variations de l'exposition sur l'incidence et la mortalité du type de cancer considéré.
Ils ont aussi donné des causes hypothétiques du manque de résultat concret pour certains facteurs :
- Le nombre d'étude réalisée est trop peu important et donc on ne peut dire si cette cause est avérée ou non.
- La cause est avérée à fortes doses, mais les mécanismes de défense du corps humain ou bien d'autres facteurs peuvent être totalement différents à plus faibles doses. Aucune extrapolation n'est possible
- Il est difficile de prendre en compte des combinaisons de facteurs comme une exposition au tabagisme.
- Aucun mécanisme expliquant la cancérogénicité n'a été mis en évidence.
Enfin, ils expliquent le fait que certains cancers soient négligés en disant c’est la méthode qu’ils ont employé qui a donné comme résultats que les enjeux environnementaux n’intervenaient pas de manière certaine.