Le médicament générique, Késako ?

On appelle « médicament générique » (generic drugs in English) un médicament dont le principe actif est identique à celui d’un médicament princeps (brand-named drugs in English), mais dont les autres constituants sont susceptibles de différer légèrement. Un médicament est en effet un objet composite : il est constitué d’un principe actif, caractérisé par son efficacité relativement à une pathologie, et d’excipients, qui le rendent utilisable en lui donnant une forme, une consistance, ainsi que ses autres caractéristiques extérieures. On distingue également la forme galénique du médicament correspondant à l’aspect extérieur sous lequel le médicament apparait (gélule, pilule, etc). Le principe actif occupe une proportion beaucoup plus faible de la masse du médicament par rapport aux excipients ; c’est pourtant sa concentration qui sera déterminante relativement à l’efficacité du traitement. C’est pour cette raison que l’excipient est également appelé « matière inactive ». Cette définition pose déjà la question de savoir sous quelles conditions cette matière inactive peut devenir active, c’est-à-dire entrer en confrontation avec l’action de la substance active, modifiant éventuellement ses effets. On appelle excipients à effets notoires les excipients dont la présence peut nécessiter des précautions d’emplois particulières. Le médicament générique est donc un objet d’une nature différente au médicament de marque, ce qui légitime une nouvelle appellation basée sur une Dénomination Commune Internationale (DCI) proposé par l’Organisation Mondiale de la Santé depuis 1953. La DCI effectue des regroupements de noms  de molécules chimiques par classes thérapeutiques à l’aide de préfixes-type proposés par la chimie. Ce répertoire a pour objectif de supprimer toute ambiguïté entre les différents pays quant à la nature du médicament prescrit ; il s’agissait pour cela de dissocier le nom de la molécule active du nom de la marque qui le commercialise traditionnellement. Ainsi une prescription en DCI correspond-t-elle à une prescription sur le nom chimique de la molécule, et non sur le nom du médicament de marque associé. Par exemple, prescrire du Paracétamol est une prescription en DCI tandis que l’Efferalgan ou le Doliprane ne sont que les noms commerciaux associés au même principe actif. Finalement, ce qui est à l’origine de l’apparition d’un médicament générique sur le marché, c’est simplement une modification du statut juridique d’un principe actif, qui devient accessible à la commercialisation par un plus grand nombre d’industries pharmaceutiques. Une première définition formelle du médicament générique pourrait alors être : « une copie autorisée de médicaments sans brevet ou dont le brevet est tombé dans le domaine public ».

Les caractéristiques biochimiques

Concernant les caractéristiques proprement biochimiques du médicament générique, il doit y avoir stricte identité entre les deux principes actifs utilisés. Cependant, la nature du principe actif ne suffit pas à caractériser entièrement un médicament. En effet, la notion d’efficacité thérapeutique renvoyant à la capacité réelle du médicament à soigner une pathologie par ses effets, semble à cet égard bien plus significative ; l’efficacité thérapeutique correspond à un critère d’efficience par rapport à une maladie. La bioéquivalence est le concept permettant de comparer chimiquement l’efficacité de deux médicaments. Deux principes actifs sont bioéquivalents, si et seulement si, administrés à même concentration,  ils produisent les mêmes effets sur le patient. Il est donc nécessaire de déterminer un intervalle de confiance à l’intérieur duquel il est possible d’affirmer que les deux médicaments sont bioéquivalents, l’intervalle de confiance permettant de tenir compte de la variabilité intrinsèque à tout test médical, ainsi que des différences interindividuelles à l’origine d’une différence de réception d’un traitement identique. Etudier l’efficacité d’un médicament générique implique également de prendre en compte sa posologie : on appelle posologie l’étude du mode d’administration des médicaments, ou plus généralement, tout ce qui entoure la prise d’un médicament au niveau de la forme, de la dose et du rythme des prises par exemple. 

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Les procédures de test

Le processus de mise sur le marché d’un médicament générique diffère de celui d’un princeps. En effet, le principe actif aux effets maintenant maitrisés a déjà été testé à grande échelle ; il ne semble donc plus nécessiter la même batterie de tests que celle dont il a fait l’objet lors de sa découverte. Ce raccourci peut d’ores et déjà être considéré comme un défaut dans la mesure où, stricto sensu, les deux médicaments ne sont pas identiques. Les procédures de test pour le médicament générique se déroulent uniquement sur une poignée de sujets sains, et non sur une large population de sujets malades comme pour le princeps. L’intervalle de confiance rend compte d’une zone de variabilité significative allant jusqu’à un écart de 20%. Cette imprécision n’aura évidemment pas les mêmes conséquences pour les médicaments dont la marge d’efficacité est très réduite à l’origine. Face à cela, le médicament générique subit les mêmes processus de purification et de contrôle des impuretés que les médicaments classiques. On peut donc affirmer a priori l’équivalence du médicament générique et du médicament princeps dans la mesure où seule sa partie non-significative du médicament (les excipients) est modifiée. On appelle génériqueurs les laboratoires pharmaceutiques ayant entrepris la production de médicaments génériques, même si ce ne sont pas nécessairement eux qui les commercialisent. Certaines grandes sociétés ont pourtant entrepris la production des médicaments génériques et des princeps simultanément ; les enjeux en deviennent encore plus complexes et les oppositions moins manichéennes.

Le processus de prescription

Le médecin a la possibilité de prescrire en Dénomination Commune Internationale, laissant alors la possibilité au pharmacien de choisir entre le médicament générique et le princeps. C’est donc le pharmacien qui est à l’origine de la substitution d’un médicament générique à un autre. Il faut néanmoins que le médecin n’ait pas précisé « non-substituable » à gauche de l’ordonnance et qu’il n’y ait pas de contrindication par rapport aux différents excipients présents. In fine, c’est toujours le patient qui décide si oui ou non il souhaite la substitution, bien que divers moyens aient été mis en place pour l’y inciter. Le tiers-payant dispense l’assuré de l’avance de la somme due au pharmacien dans le cas où il accepte la substitution. Dans l’autre cas, il doit attendre le remboursement. La pénalité est donc relativement faible et touche avant tout les plus nécessiteux, le médicament étant, in fine, toujours intégralement remboursé.

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Les définitions officielles

La première  définition juridique du médicament générique en France date d’une décision du 21 mai 1981 de la Commission de la Concurrence :

On entend par médicament générique, toute copie d’un médicament original dont la production et la commercialisation sont rendues possibles par la chute du brevet dans le domaine public, une fois écoulée la période légale de protection. Peuvent être considérés comme des génériques aussi bien des médicaments vendus sous nom de marque ou appellation de fantaisie que des médicaments sous DCI ou des principes actifs qu’ils renferment, dénomination qui doit être assortie d’une marque ou du nom du fabricant.

La première définition technique légale du médicament générique date de l’ordonnance n°96-345 du 24 avril 1996. La définition actuelle du médicament générique, telle qu’elle est posée par l’article L. 5121-1 CSP aliéna 5, est issue de la loi n° 2008-1330 du 17 décembre 2008 transposant la directive communautaire 2008/83/CE.

Spécialité générique d’une spécialité de référence, celle qui a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs, la même forme pharmaceutique et dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence est démontrée par des études de biodisponibilité appropriées.

Les formes du générique

Malgré  cette homogénéité apparente de la population des médicaments génériques, il en existe en réalité plusieurs formes, qui ne doivent pas être confondues :

  • La copie-copie, également appelée autogénérique. Il s’agit uniquement d’un changement de statut juridique permettant aux mêmes laboratoires pharmaceutiques de continuer à produire les mêmes médicaments ; la copie est conforme de tout point de vue. Ces médicaments n’ont pas d’intérêt pour la controverse qui nous intéresse.
  • Les médicaments essentiellement similaires. Il s’agit ici d’une déclinaison d’un médicament princeps : cela correspond au générique au sens où nous l’entendons communément : le principe actif est identique, seul l’excipient change. Il incombe à ce genre de médicaments de prouver leur bioéquivalence avec les médicaments princeps et l’absence d’ingérence des excipients ayant été modifiés dans le bon déroulement du traitement.
  • Les médicaments assimilables. Il s’agit d’une recherche d’une substituabilité au niveau biochimique. Le principe actif n’est pas le même, mais s’en approche considérablement. On cherche ici à atteindre les mêmes effets sur le patient  en restant très proche du principe actif d’origine.

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