La particularité du médicament générique est qu’il se situe à l’intersection de deux mondes : le monde de la santé et le monde de l’économie.  Rien ne semble indiquer a priori l’incompatibilité de la relation entre ces deux domaines ; le médicament comme tout autre objet commercial nécessite une tarification et des coûts de revient. L’essentiel est qu’il n’y ait pas de conflit d’intérêt entre l’intérêt médical du patient désirant recevoir le meilleur traitement possible et les autres agents avec lesquelles il interagit. Ce critère ne permet donc pas de ranger le médicament générique dans la catégorie des biens économiques traditionnels : il doit répondre avant tout à des critères d’ordre sanitaire avant de respecter des contraintes de rentabilité économique. Le médicament générique est d’autant plus imprégné de ces considérations économiques que son émission est provient de décisions prises dans le cadre de politiques de réduction du déficit public. Le médicament générique est donc un instrument économique aux qualifiés curatives ayant pour finalité la réalisation d’économies.

L’introduction dans la sphère de la santé de considérations de l’ordre de l’intérêt pécuniaire, les conflits d’intérêts qui peuvent en résulter, la volonté de s’assurer des marges confortables ou de satisfaire les laboratoires pharmaceutiques, les incitations à la délocalisation afin de diminuer les coûts et de rester concurrentiel face au marché grandissant des médicaments génériques ; tous ces éléments ne semblent pas aller dans le sens de l’intérêt du patient.

Le médicament générique a été introduit dans l’objectif de réaliser des économies à l’assurance maladie. Cet objectif a-t-il été atteint ? Cette obstination à la réalisation d’économies n’a-t-elle pas entrainé elle-même des coûts imprévus ? Campagnes de publicité, incitation des pharmaciens, procédure de tests, les coûts sont multiples et doivent être mis en regard avec les économies effectivement réalisées. Se pose également la question de l’accès à des médicaments de même qualité pour tous ; si effectivement différence d’efficacité il y a, alors les moins aisés sont condamnés à des soins au rabais tandis que les autres pourront garder le privilège d’un usage des médicaments princeps de marque.

Ainsi s’agit-il de se demander dans quelle mesure l’introduction de systèmes d’incitation par la récompense ne nuit pas à la santé publique, introduisant méfiance, confusion, jalousie et logiques perfides. L’étude des caractéristiques biochimiques des médicaments génériques ne suffisant pas à statuer définitivement sur la controverse autour des médicaments génériques, c’est donc vers l’étude des facteurs économiques et plus précisément des interactions entre économie et santé que se portera notre attention dans cette partie. 

 

Enjeux d’économies

  1. La santé à l’épreuve de l’économie
  2. L’impact des prix sur la concurrence
  3. Une politique d’économie coûteuse ?