Les scientifiques sont plus ou moins d’accord pour affirmer la bioéquivalence du médicament générique et du princeps. Malgré des tensions persistantes aux niveaux des intérêts économiques divergents des acteurs, des économies réelles ont néanmoins été réalisées. Pourtant, le médicament générique continue de faire débat, et particulièrement en France. Quel démon le médicament générique a-t-il réveillé  dans la population française ?

Si le médicament générique n’a pas une spécificité en tant que telle, c’est-à-dire si ses caractéristiques physiques et biochimiques ne sont pas a priori à l’origine de l’intégralité de la controverse, alors l’explication de la récurrence des débats doit se trouver en partie ailleurs ; le générique semble avoir en quelque sorte contribué à l’émergence de nouvelles tensions entre des acteurs qui n’étaient pas reliés auparavant ou qui sont désormais en mauvais termes. Le générique met en évidence des intérêts divergents et incompatibles, et s’affirme en quelque sorte comme un révélateur des relations entretenues par les différents agents, ainsi que de leur position dans le champ médical.

Le médicament générique contribue ainsi à mettre au jour un certain nombre de rigidités, autant au niveau d’un dossier politique mal-engagé, expliquant probablement le retard des Français sur le reste des pays européens par rapport au taux de pénétration des génériques, que des relations entretenues entre médecins et pharmaciens. Ne faudrait-il pas prendre également en compte un facteur culturel spécifiquement français qui témoignerait d’un attachement particulier à l’image de marque des médicaments princeps ? L’introduction  du médicament générique ramène ainsi sur le devant de l’espace public un grand nombre de questions qui étaient restées jusque là en suspens, tout en en initiant de nouvelles, et mettant sans aucun doute en lumière certaines spécificités du système médical français. En plus d’avoir un coût économique, le médicament générique a donc également un coût social et politique. Facteur de déstabilisation ou opportunité salutaire d’épuration du budget public comme condition de la stabilité sociale des décennies à venir ?

 

Un système bousculé

  1. Les stratégies des laboratoires
  2. Des intérêts divergents
  3. Un problème franco-français  ?