Les médicaments génériques demeurent comme nous l’avons démontré un sujet particulièrement controversé quant à leur efficacité, ou encore leur bio équivalence. Tous les acteurs semblent néanmoins s’entendre sur le fait que leur introduction sur le marché des médicaments en a bouleversé l’équilibre économique.

Des marges trop faibles pour les génériqueurs

Les laboratoires pharmaceutiques comme toutes les entreprises cherchent à produire à moindre coût afin d’augmenter leur bénéfice. Le prix du générique étant inférieur à celui du princeps, cette logique est encore plus vraie pour les laboratoires producteurs de générique. Cette réalité peut alors conduire à la délocalisation des unités de production, ce qui permet une réduction drastique du coût salariale pour ces entreprises.

La délocalisation : le choix de l’économie au détriment de la santé ?

Ce phénomène de délocalisation a, selon l’opinion publique, un impact indéniable sur la qualité du produit. En effet, ils estiment que produire dans les pays asiatiques entraînement inévitablement une efficacité moindre voir des risques sanitaires. Ce raisonnement est parfaitement illustré par une citation tirée de l’article de Vincent OLIVIER Pourquoi les français n’aiment pas les médicaments génériques ? 

Dernier élément, au moins aussi inquiétant: pour les génériques, la quasi-totalité des principes actifs sont produits hors d’Europe – 82% pour le diabète, 100% pour les antibiotiques et les analgésiques. Or, dans ces pays, l’Inde et la Chine notamment, les  » contrôles qualité  » ne sont pas aussi poussés que ceux qui sont effectués en Europe.

Vincent Olivier

Sauveur BOUKRIS, médecin et auteur du livre « Médicaments génériques, la grande arnaque« , a ainsi évoqué lors de notre entretient le scandale sanitaire ayant frappé le laboratoire indien Ranbaxy. Ce dernier a, en effet, été condamné à une amende de 500 millions de dollar pour ne pas avoir respecté les consignes de sécurité ainsi que le cahier des charges.

Peut on privilégier la réduction des coûts à n’importe quel prix ? »Et cet accident ne représente pas un cas isolé, le praticien cite aussi le rapport annuel de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) qui dénonce le manque de rigueur des centres de recherche clinique délocalisés en très grande majorité pour des raisons de coût dans les pays du tiers monde. Les inspections réalisés dans ces centres ont révélé de nombreux et graves dysfonctionnements allant jusqu’à la falsification de données, ce qui a conduit l’ANMS a refusé l’octroi d’autorisation de mise sur le marché pour les médicaments concernés.

Sauveur BOUKRIS

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L’industrie de la santé la plus contrôlée au monde 

Cette critique sur la fiabilité des médicaments génériques est cependant loin de faire l’unanimité dans l’univers médical.

Selon Karl PARENCE qui a dirigé pendant 15 ans une filiale pharmaceutique en Inde, l’industrie de la santé est la plus contrôlée au monde. Le risque de défaut de fabrication quelque soit le type de médicament et quelque soit leur origine est donc minime.

Si vous êtes un laboratoire reconnu, si votre médicament est enregistré en France, vous avez les mêmes contrôles que l’industrie du princeps. Ils regardent si vous avez des usines et des processus de fabrication conformes, si vous avez de la traçabilité, si vous avez un DMF (drug master fac) pour vos principes actifs. Ils contrôlent tous. Je ne dis pas qu’il ne peut pas y avoir d’accident mais il n’y en aura pas plus pour un générique que pour un princeps.

Karl Parence

Les entreprises sont ainsi soumises à un contrôle de l’Agence Nationale de sécurité du médicament tous les deux ans. Ce même organisme dans son rapport annuel argumente que les inspections et les contrôles réalisés ne montrent pas d’écart notable entre les médicaments génériques et les princeps dans la suivi des effets indésirables.

Le Professeur de l’Académie de Médecine Jean-Paul TILLEMENT invite lui aussi à la confiance envers les médicaments génériques. Le problème de qualité lié à la délocalisation concernerait aussi bien les princeps que les génériques, et il en est de même pour les risques de fraude. De plus, il précise que seulement 70% de la production est délocalisée, pour les médicaments les plus complexe, la fabrication demeure sur le sol national. Il conclura l’entretient par cette phrase on ne peut plus équivoque :

Les médicaments génériques sont tout à fait fiables.

Jean-Paul Tillement

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