La mise sur le marché de médicament générique a permis une diminution des dépenses de la sécurité sociale c’est indéniable. Mais la situation est cependant plus complexe que les chiffrent pourraient le laisser penser.

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Une arnaque économique ? 

Selon Sauveur BOUKRIS, les économies réalisées grâce aux génériques sont fictives. La suppression du tiers payant pour les médicaments princeps incite le patient à consommer du générique qui a un coût moindre et cela réduit en effet la dette de la sécurité sociale. Mais cela ne réduit que le coût de remboursement des médicaments puisque le patient mécontent du générique sera amené à consulter de nouveau un médecin et il se verra prescrire de nouveau médicament, princeps cette fois. Le cout de remboursement des consultations s’accroît donc. Pour l’auteur de « médicaments génériques, la grande arnaque », le problème de la sécurité sociale est bien plus complexe et tient plus à un manque de recette qu’à un accroissement des dépenses. Tous les ans en France c’est 500 000 cotisants en moins. Mais Sauveur BOUKRIS emploi surtout ce terme « d’arnaque économique » pour dénoncer la stratégie des laboratoires pharmaceutiques qui ne se donnent plus la peine d’investir dans la recherche et le développement, ils se contentent d’attendre que les brevets sur les molécules prennent fin pour commercialiser un nouveau médicament. Ils se concentrent d’avantage sur des politiques commerciales et cela au détriment de véritables progrès médicaux.

C’est une escroquerie économique parce que dans le domaine de la santé on a privilégié l’intérêt économique des laboratoires plutôt que celui du malade.

Sauveur Boukris

Un système de prime qui divise 

Les économies seraient aussi plus conséquentes sans le système de prime que le gouvernement a mis en place pour les divers acteurs médicaux. Afin de favoriser la prescription de générique, les pharmaciens doivent signer une convention avec le gouvernement qui les contraint à substituer au moins 85% de générique. De cette convention découle une prime annuelle de 3000€ en cas de taux de substitution satisfaisant. A l’inverse, les pharmaciens les moins assidus se voient sanctionner.

Les médecins ont quant à eux signer une prime à la performance. Il existe une dizaine de critères thérapeutiques dont une majorité qui encouragent à prescrire plus de générique avec à la clef une récompense financière si les quotas sont respectés. Sauveur BOUKRIS a selon ses termes :

Refusé de négliger l’intérêt du patient.

Sauveur Boukris

Il ne perçoit donc aucune prime et déplore les relations tendues que ce système de générique, en plus de creuser le déficit budgétaire, a instauré entre les médecins qui répondent à des critères sanitaires et les pharmaciens qui privilégient les critères économiques, ils ne sont plus co-solidaires.

 Les raisons économiques des incitations

Yves DAUDIGNY, lors de notre entretien :

Nous pouvons être confrontés à des enjeux parfois contradictoires et que l’exercice des responsabilités amènent à concilier. Le premier est un enjeu de santé publique : distribuer des médicaments de qualité et à prix acceptable pour les patients. Le deuxième objectif : les finances publiques, maitriser du budget de la Sécurité sociale, de l’Assurance maladie, en évitant les déremboursements, c’est-à-dire en n’augmentant pas de façon démesurée les restes à charge pour les patients donc là une question d’accès aux soins. Et le troisième objectif qu’on ne peut pas ignorer du tout, c’est l’activité économique.

Yves Daudigny

En effet, les médicaments génériques sont pris dans un vaste système vaste « d’économie(s) nationale(s) ». Tout d’abord, dans un mécanisme d’économies et de réduction du déficit de la Sécurité Sociale afin de préserver le système social et de santé français. L’introduction des médicaments génériques sur le marché des médicaments a permis à la Sécurité sociale de faire des économies sur les dépenses de santé, élément indispensable au vue de l’objectif de réduction de son déficit. Celui-ci s’élève à 17 milliards d’euros dont 8 milliards pour la branche maladie. Les médicaments représentent 13% du budget de la Sécurité sociale mais fournissent 50% des économies réalisées. Les deux premiers objectifs définis par Yves DAUDIGNY explique la mise en place d’une politique d’incitation à la prescription, à la délivrance et à l’achat de génériques.

Cependant,  il ne faut pas oublier que les génériques s’inscrivent au sein d’un système économique de production nationale  comme l’a montré la récente polémique autour de la possible générification des Doliprane®, Efferalgan®, Dafalgan®.  La question ici n’est pas tant de savoir s’il faut ou non inscrire sur le Répertoire des génériques des médicaments fréquemment délivrés  mais quelles seront les conséquences de cette inscription. Autrement dit il s’agit d’un arbitrage entre la nécessité de réduire les dépenses de la Sécurité sociale et celle de préserver des emplois. En effet, ce n’est pas tant la générification du paracétamol qui pose problème que les conséquences que cette générification pourrait avoir sur l’économie française. La différence de prix entre les deux médicaments n’est que de cinq centimes mais plus de mille emplois sont menacés.

Les pouvoirs publics sont conscients de la nécessité de préserver la recherche médicale et l’industrie française du médicament , fleurons du made in France.

Ce secteur est très important dans l’économie française, puisque c’est l’un des secteurs et ils sont très peu nombreux dans l’économie française qui concourt à appuyer sur le bon plateau de la balance dans l’équilibre de nos échanges. […] C’est un secteur important pour l’économie française en recherche et développement, de la recherche chez nous c’est-à-dire des emplois très qualifiés, ensuite en fabrication et puis ensuite en distribution. Donc un secteur tout fait d’avenir et porteur dans notre pays.

Yves Daudigny

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