Résumé schématique des causes et effets du facteur psychologique dans la substitution du générique

Résumé schématique des causes et effets du facteur psychologique dans la substitution du générique

Une question d’information et de sensibilisation

Le docteur Sauveur BOUKRIS a publié en 2012 un livre intitulé Médicaments génériques : la grande arnaque, dans lequel il dénonce les dérives de la politique sanitaire française qui cherche à promouvoir les médicaments génériques. Ce livre est à l’origine l’année de sa publication de nombreux articles de presse généraliste mettant en doute l’efficacité des génériques. De même, le Rapport de l’Académie de Médecine affirmant explicitement que « le générique n’est pas la copie conforme de la spécialité princeps » a suffi à réactualiser un climat de méfiance envers l’efficacité des génériques.

Médicaments génériques : la grande arnaque. Le livre polémique sur les génériques.

Les médias relaient des doutes vis-à-vis de ces médicaments au grand renfort de sondages ou de faits divers : un article publié dans le Figaro Santé, le 2 novembre 2012, rend compte de l’histoire d’une patiente qui avait frappé son médecin après que celui-ci lui ait prescrit des génériques. Le Professeur Jean-Paul TILLEMENT met surtout en garde contre l’utilisation des données chiffrées dans ces publications. En effet, les tests de bioéquivalence recourent à des notions mathématiques compliquées, les intervalles de confiance, et des mésinterprétations sont faciles à ce propos. D’autre part, les hautes autorités reconnaissent qu’il y a un manque d’information vis-à-vis des médicaments génériques puisque la plupart des rapports formulent des recommandations relatives à une pédagogie accrue sur les génériques :

Promouvoir par une pédagogie appropriée, s’adressant aux patients comme aux médecins et aux pharmaciens, la prescription et la délivrance des médicaments génériques. Pour les génériques, les prescriptions sont obligatoirement rédigées en DCI, et il est souhaitable de disposer pour les médicaments princeps du DCI à côté du nom de spécialité. La demande de non substitution, médicalement justifiée, doit être obligatoirement respectée par le pharmacien. Son maintien est indispensable à une médecine personnalisée tenant compte des situations à risques. (Rapport de l’Académie de Médecine). Lancer des campagnes de promotion auprès du grand public et des professionnels pour diffuser des messages structurants sur la consommation de médicaments. Un thème principal qui pourrait être médiatisé est la qualité des médicaments génériques (« un médicament comme un autre »). (Rapport du Sénat)

Une pédagogie appropriée et des campagnes de sensibilisation seraient donc nécessaire afin de promouvoir la bioéquivalence des médicaments génériques vis-à-vis des médicaments princeps.

Prendre en compte la psychologie pour réussir une substitution

Un article  de Benoit ALLENET et Alain GOLLET du Département de pharmacie de l’Université de Grenoble montre que le système de croyances et de connaissance du patient  influe sur l’efficacité de son traitement. Dans leurs études, ils mettent en évidence le fait que les patients ont à l’origine un défaut de connaissance des procédures de fabrication et d’autorisation de mise sur le marché. Cela influe sur leurs croyances selon lesquelles le générique serait moins efficace ou induirait plus d’effets indésirables. A cause de ce manque d’information, il y a une tendance à associer le prix bas du générique à une moindre qualité, ce qui apparait comme un défaut du marché, le prix ne devant pas être un vecteur d’information. Cela est aussi lié aux expériences antérieures du patients ; s’il a eu une bonne expérience avec un princeps, il ne voudra pas en changer.

Les conséquences en sont l’effet nocebo : la croyance selon laquelle le médicament générique serait moins efficace aurait un effet performatif sur le patient ; le médicament n’aura pas les effets escomptés sur le patient, car celui-ci est persuadé qu’il ne sera pas efficace. Cet effet est aussi renforcé par le bouleversement de la hiérarchie des acteurs de la prescription : le médecin n’a plus le dernier mot dans la prescription, alors qu’il est le principal facteur de confiance dans la relation forte qui les lie aux patients.

La pédagogie est donc nécessaire pour résoudre les problèmes liés aux croyances ou à l’influence de l’aspect extérieur. Cependant, des personnes comme Sauveur BOUKRIS émettent toujours des doutes vis-à-vis de cet argument. La méfiance et le constat des patients d’une efficacité moindre sont tellement répandus qu’il serait difficile d’attribuer à un paramètre psychologique un effet bien défini.

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