Les articles de presse relatifs aux médicaments génériques donnent l’impression que deux camps s’opposent : d’un côté les médecins antigénériques, et de l’autre les pharmaciens progénériques. Le choix de l’organisation du système de délivrance du médicament a en effet révélé des vives tensions et oppositions entre médecins et pharmaciens .

Les médecins sont plus réticents que les pharmaciens à l’égard des génériques. Un ensemble de facteurs peuvent expliquer le scepticisme de certains d’autres eux. Ils sont les premiers témoins des réactions médicales de leurs patients face aux génériques (effets secondaires indésirables, allergies, absence d’efficacité) ainsi que de leurs doutes. Ils sont très peu informés sur les génériques par les laboratoires. De plus, aucune étude clinique de grande ampleur sur l’efficacité et la qualité des génériques n’a été menée jusqu’à présent. Une autre explication est la place différente qui leur est faite dans le système de médicament générique.

Le Sénateur Yves DAUDIGNY, Rapporteur de la Commission des Affaires Sociales au Sénat reconnait que les médecins n’ont pas été suffisamment intégrés au circuit des génériques. Ils n’avaient pas d’intérêts particuliers a privilégié le générique. Les pouvoirs publics face à leurs réticences n’ont ni sollicité leur participation, ni cherché à les intéresser financièrement.  Un « choix de remplacement » a été fait en donnant une place importante, au cœur du dispositif, aux pharmaciens.

Dès le début les pharmaciens ont pris part au mécanisme de délivrance des génériques. Estelle PIDOUX dans son article « Responsabilité médecin/pharmacien au regard des génériques : une substitution de responsabilité ? «  estime que :

Le droit de substitution a modifié les rôles du médecin et du pharmacien […] la profession médicale et la profession pharmaceutique constituent deux activités distinctes ; l’une a le monopole de la prescription (Code de santé publique. art. L.4161-1), l’autre celui de la délivrance des médicaments).

Estelle Pidoux

Le droit de substitution a fait du pharmacien un co-prescripteur. Or la relation du patient au médecin et du patient au pharmacien n’est pas la même. La relation de confiance est du côté du médecin. Les traitements pour les maladies aiguës sont plus faciles à substituer que les traitements pour les maladies chroniques. Lorsqu’il s’agit de traitement au long cours, les patients se tournent vers leur médecin traitant. Ces derniers connaissent l’intégralité des problèmes de santé de leurs patients ce qui n’est pas le cas du pharmacien.

Le médecin Sauveur BOUKRIS dénonce un système oubliant complètement le patient et faisant de la médecine un commerce pour les pharmaciens.

Ordre National des Médecins

Ce système de générique a créé des relations tendues entre médecins et pharmaciens alors  qu’avant nous étions co-solidaires et co-partenaires. On a crée une division entre nous, parce que le pharmacien répond à des critères économiques et nous a des critères sanitaires.

Sauveur Boukris

Les « critères économiques » auxquels il fait référence comprennent le rémunération des pharmaciens qui dépend du volume de vente, des remises faites par les laboratoires de génériques aux pharmaciens ainsi que des mesures mises en place par l’Etat pour inciter les pharmaciens à vendre des génériques.

Pierre HICKEL reconnait les avantages financiers apportés par les génériques qui représentent 14% du chiffre d’affaires des pharmaciens. Mais pour lui, l’Etat devait se donner les moyens d’encourager la vente de générique. Les rémunérations ne sont que le paiement du service rendu.

Ordre National des Pharmaciens

De plus sur les relations entre les médecins et les pharmaciens,  il n’a pas l’impression qu’elles soient si tendues. Il a constaté, de par son expérience personnelle de pharmacien d’officine, que la plupart des médecins ne pensaient pas que les génériques étaient moins bons. Les tensions viennent, pour lui, des médecins qui sont en désaccord avec la Sécurité sociale et qui se servent des génériques comme un prétexte afin d’embêter la Sécurité sociale. Le rejet des médecins s’expliquerait aussi par le fait que pour une fois il ne sont pas courtisés par la Sécurité sociale.

 

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