Acteurs
Cartographie initiale, vision globale des acteurs concernés
Cartographie des auteurs les plus prolixes et les plus cités dans le Web of Science
Cartographie des mots-clés
Cartographie du web
Cartographie initiale de la Controverse, vision globale des acteurs concernés
Nous avons réalisé une première cartographie reprenant les grandes catégories d’acteurs que nous avons identifiées au cours de nos lectures. Ces grandes catégories d’acteurs nous permettent d’avoir une première idée de l’ampleur de la controverse. Les éditeurs, parmi lesquels on discerne un oligopole de grands éditeurs dans leur majorité américains (dont Elsevier, Springer et Wiley), s’occupent de la production et la diffusion d’articles scientifiques rédigés par des chercheurs. Ces chercheurs, aujourd’hui, ont le choix de publier, ou non, en open access. Par ailleurs, ils appartiennent très souvent à des institutions de recherche (laboratoires privés, laboratoires universitaires, ou institutions de recherche publiques de type CNRS). Les articles scientifiques sont regroupés dans des revues scientifiques auxquelles choisissent de s’abonner les bibliothèques (universitaires, académiques, etc) ou particuliers. La diffusion des revues scientifiques passe parfois aussi par des diffuseurs, comme cairn.info et revues.org, qui offrent à ces mêmes bibliothèques des bouquets de revues.
Les organes étatiques peuvent avoir un rôle important dans l’évaluation et le financement de la recherche (comme c’est le cas en France). L’Etat, à travers le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, peut choisir également de promouvoir ou non l’open access selon la structure du marché éditorial. Ainsi, bien qu’il n’existe que très peu de législations sur l’Open Access en France, l’Etat possède le pouvoir d’imposer ce modèle de publication et peut choisir de le faire à tout moment. La Commission européenne subventionne certains projets de recherches et, dans le cadre européen, est à même d’influer sur les décisions des États-membres.
Finalement, des militants de tout type (associations, chercheurs-militants, bibliothèques-militantes…) tentent de faire valoir leurs idées auprès des organes étatiques et travaillent souvent étroitement avec les bibliothèques. Les citoyens hors du champ de la publication scientifique, selon leur degré d’investissement et leurs intérêts, sont susceptibles de militer, et ont accès à ce domaine de la publication scientifique très souvent par le biais des bibliothèques.
Néanmoins, les entretiens nous ont permis de constater que ces catégories sont beaucoup trop larges et que la position d’un acteur ne dépend pas exclusivement de sa profession. Nous avons ainsi entendu des chercheurs militants pour l’Open Access (comme Monsieur J. Valluy) et d’autres militants contre l’Open Access (Maître David Forest). Toutefois, cette cartographie permettra au lecteur d’avoir une vision globale des acteurs concernés par l’Open Access, quelles que soient leurs convictions.
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Cartographie des auteurs les plus prolixes et les plus cités dans le Web of Science
Nous avons réalisé une cartographie des auteurs du Web of Science, dont certains sont présents dans notre bibliographie. L’analyse de la base d’Europresse ne donnait pas de résultats pertinents, nous en avons donc conclu que le débat sur l’Open Access concerne plus la communauté scientifique que la société civile. Les acteurs qui se prononcent sur notre problématique, c’est-à-dire sur la définition même de l’Open Access, sont peu nombreux et se connaissent presque tous, surtout en France.
Cartographie des mots-clés
Il nous a semblé pertinent de joindre à notre cartographie des acteurs du Web of Science, une cartographie des mots-clés utilisés dans ces articles, pour distinguer des pôles d’arguments.
Parmi les plus importants, on retrouve en bleu la thématique de l’édition (« publishing sector ») avec les termes « editors », « journals », « manuscripts », « citation impact ». Elle se recoupe avec la question (en vert) de la qualité des articles, avec les termes « peer review », « quality assurance », « evaluation ». Le fait que ces catégories se chevauchent peut être expliqué par la mise en avant des éditeurs dans leur rôle dans la qualité des articles, qui justifie leur position dans le champ éditorial et les pousse à intégrer des logiques d’Open Access dans leur business model (voir l’entretien avec Thomas Parisot de Cairn) ou au contraire à le rejeter en bloc (voir à ce sujet l’entretien avec Paul Garapon, des Presses Universitaires de France).
Des liens sont établis entre ces deux sphères par le biais du terme « auteur » « archiving »et « repositories » et la sphère rose qui insiste sur la valeur de l’information et sa circulation (« scholarly publishing », « access journals », « oa publishing », « value », « originality », interorperability »). Cette dernière est intimement liée à la problématique des bibliothèques (« librarians » apparait 3 fois, « document supply »…) dans la petite sphère verte.
Une sphère plus importante se détache en violet : il semble qu’elle soit axée sur le volet « scientifique » et plutôt la vision des chercheurs (« science », « scientific publication », « coverage », « citation »). Elle est la seule, avec la sphère jaune consacrée au procédés techniques (« discussion list », « guidance », « principles », « members », « new methods »), à ne pas être superposée à une autre sphère. On peut donc en déduire que ces acteurs ont une position qui s’éloigne du vif débat sur le marché éditorial et ses financements et sont plus intéressés par la manière dont l’Open Access pourrait permettre une circulation de leurs recherches d’un point de vue technique et de carrière (voir à ce sujet l’entretien avec David Forest, avocat et chercheur).
D’un point de vue plus général, la controverse sur l’Open Access semble se définir comme un débat au sein d’une communauté relativement restreinte. En effet, comme nous l’avons indiqué, nous avons trouvé très peu de résultats sur la base Europresse, ce qui indique que la société civile se sent pour l’instant peu concernée par le débat. Il semble également que les positions les plus fortes soient occupées par les éditeurs et les bibliothèques. Les chercheurs, pourtant au centre du processus d’Open Access, semblent légèrement en retrait : selon David Forest, cela vient d’une méconnaissance de leur droit d’auteur, tandis que les bibliothécaires d’institution de recherche (telles que les Mines - voir l’entretien de Doriane Ibarra- ou de l’université Pierre et Marie Curie lors que la journée sur l’Open Access à Ivry) expriment une indifférence des chercheurs qu’elles doivent convaincre de publier en Open Access.
Cartographie du web
Cette cartographie du Web, permise par le logiciel Navicrawler, permet de voir graphiquement les citations entre différents sites internet de la controverse. L’ensemble étant relativement bien relié, on peut estimer que les acteurs, même aux positions opposées, ne s’ignorent pas les uns et les autres. Nous l’avons montré dans l’analyse de la base Web of Science, cette controverse est un débat au sein d’une petite communauté, dont les membres se connaissent entre eux; en effet, lors de nos entretiens, nos interviewés ont avoué tous se connaitre. (exception sur la carte de deux pôles excentrés, mais qui correspondent à du bruit, ce sont des pages liées, comme des pages d’université, mais qui ne portent pas vraiment sur l’Open Access).
On retrouve ici des acteurs déjà identifiés, comme Couperin, Plos, HAL, OpenAire… Mais également l’apparition de sites comme twitter, facebook ou wikipédia, qui suggèrent que la société civile commence tout juste à prendre connaissance des enjeux de l’Open Access, notamment à travers la problématique des MOOC (Massive Open Online Cours) qui sont les cours mis intégralement en ligne. L’omniprésence de The Guardian peut s’expliquer par les forts débats soulevés par l’article de Robin Osborne (« Why Open Access makes no sense » , voir la bibliographie) et celle de Libération par les chroniques de David Forest sur ce sujet également.