FAP ou fin du diesel ?

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        PSA est le principal constructeur des filtres à particules utilisés sur les véhicules français. Le premier FAP a été installé sur la Peugeot 607 en 2000. C’était une première mondiale à l’époque. Depuis, ce filtre s’est démocratisé et équipe toutes les voitures dotées d’un moteur diesel depuis le 1er janvier 2011 en Europe, avec le passage de la norme Euro 5. La plupart des constructeurs développent maintenant ces filtres pour répondre aux normes d’émission européennes.

          La Tribune nous rappelle qu’il est primordial que l’industriel PSA trouve une solution technique pour s’en sortir :

« Renoncer au moteur diesel reviendrait à renoncer à… la moitié de la production automobile de PSA. Il faut dire que le moteur diesel a constitué le fer de lance des constructeurs tricolores. Rappelons que, selon la Cour des comptes, le parc automobile français est composé à 60% de véhicules diesel »

          Le filtre à particules apparaît donc comme une solution idéale, qui permet de respecter les normes d’émission sans se défaire d’un important marché. Cependant, comme on peut le voir aujourd’hui et ces dernier mois avec notamment les pics d’émission de particules fines à Paris en mars, ce n’est pas suffisant, comme le soulignent les partisans d’une solution plus radicale :

  • Soit cette mesure des FAP arrive trop lentement, et dans ce cas il faudrait trouver un moyen d’équiper plus de voitures en filtres, et pas seulement celles post-2011. Notamment, il faut trouver un moyen de renouveler le parc automobile, car il y a toujours une majorité de véhicules en circulation qui ne respectent pas les normes Euro 5 et 6. Il y aurait toujours 25% de véhicules datant des normes Euro 1 et 2.
  • Soit la solution du FAP n’est pas la bonne et il faut trouver une alternative. C’est ce qui est plus détaillé ci-dessous.

         Pour l’écologiste et membre du MoDem Yann Wehrling, la solution du filtre à particules ne fait qu’aggraver le cas du diesel en France. Pour lui, il faut de toute façon sortir du diesel, avec ou sans filtre, puisqu’il est cancérogène pour l’homme. Ainsi la solution technique du FAP ne serait qu’un moyen de s’accrocher au diesel, mais ce n’est pas une solution viable à long terme. D’une part, parce que le filtre à particules apparait comme une solution d’appoint, un compromis, et qui peut donc avoir des conséquences indésirables. Par exemple, on pourrait s’apercevoir que le filtre laisse passer certaines particules particulièrement nocives. Ou bien, le filtre pourrait se révéler trop cher, trop coûteux dans l’entretien, et son introduction dans le parc automobile pourrait être un échec. D’autres problèmes risquent de s’ajouter : les moteurs diesel émettent d’autres gaz polluants comme les NOx, et pourraient être interdits à cause de ça. Enfin, Yann Wehrling part du principe que les normes européennes vont de toute façon devenir de plus en plus exigeantes. Investir dans la technologie diesel pourrait donc mener à l’impasse, malgré un investissement important.

« Oui, mais de toute évidence dans les villes s’il y a des pics de pollution importants, même s’il y a déjà beaucoup de filtres qui existent sur les voitures, c’est bien parce que les véhicules diesels même avec filtre continuent d’émettre des particules. J’ai même entendu dire que les filtres laissent passer des particules plus fines qui vont encore plus loin dans vos bronches. Je ne sais pas si c’est du fantasme, je ne sais pas si c’est une réalité, je n’ai pas vu des articles qui disaient vraiment le contraire. Je suis prudent sur tout ça. Je préfère essayer de construire un dialogue où peu à peu, on aille vers des véhicules plus propres. Pour moi le véhicule diesel, même avec filtre, ne sera jamais aussi propre qu’un véhicule hybride ou un véhicule électrique. » Yann Wehrling

            D’autre part, au vu de ce qu’il se passe dans les pays qui décident de se séparer du diesel, il ne faut pas s’obstiner à faire vivre le diesel lorsqu’il n’a pas d’avenir. La France pourrait se retrouver isolée, seule utilisatrice du diesel pour les véhicules automobiles. Dans les autres pays qui veulent se séparer du diesel, la solution technique s’oriente plutôt sur le développement de véhicules électriques et hybrides. C’est une solution radicale qui a l’avantage d’aller de l’avant et de chercher un moteur propre plutôt qu’un moteur qui émet moins. C’est le cas notamment de la Chine, gros émetteur de pollution de toute sorte, qui commence à développer l’électrique pour les véhicules. En développant la solution des filtres à particules, la France pourrait prendre du retard sur les technologies de véhicules électriques. Une telle situation de déséquilibre n’est pas acceptable, selon Yann Wehrling :

« Dans le monde entier, les gens habitent de plus en plus dans les villes. Et donc l’enjeu de la voiture propre, c’est un marché colossal »

« les véhicules qui pourront encore avoir le droit de circuler dans ces grandes villes seront les véhicules peu polluants. Les marchés seront gagnés par les industriels qui auront développé ces véhicules-là à temps. »

Toutes les mesures techniques pour réduire les émissions de particules fines doivent s’accompagner des autres mesures urbaines, sociales et fiscales.

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