Renouveler le parc automobile
Les voitures en circulation en France, qui constituent le parc automobile français, sont des modèles qui proviennent de nombreux constructeurs, et dont l’année de fabrication est très variable. Typiquement, une voiture du parc automobile français a entre 0 et 20 ans. Ainsi, les voitures diesel qui ont une dizaine voire une quinzaine d’années sont des véhicules qui ont été conçus pour respecter les normes Euro 1, 2 ou 3. Elles polluent considérablement plus que les modèles diesels avec les filtres à particules les plus récents :
« Un véhicule Euro 6 émet 200 fois moins de particules qu’un véhicule Euro 3, Euro 3 c’est les véhicules qui ont été mis sur la route jusqu’en 2004, qui ont dix ans. Donc 200 fois moins en masse, en nombre c’est même plus la peine de relever. […] Euro 1 c’est 600 fois moins, Euro 1 c’est jusqu’à 1996. On en enlève 1, on a le droit d’introduire 600 nouveaux véhicules. » Pierre Macaudière
Pour réduire les émissions de particules fines, une idée serait de remplacer les vieux véhicules diesel par des nouveaux, ou plutôt d’accélérer le renouvellement naturel des véhicules. Pour cela, Arnaud Montebourg et Delphine Batho proposent d’encourager les Français à changer de voiture en rachetant leurs véhicules diesel plus cher : c’est le principe de la prime à la reconversion. D’après un article du Parisien, même si cette solution serait coûteuse pour l’Etat, elle doit sérieusement être envisagée, selon Delphine Batho :
« Ces mesures pourraient par exemple prendre la forme d’une aide au remplacement des véhicules les plus émetteurs de particules par des véhicules peu polluants bénéficiant du bonus écologique ».
Les modalités sont à fixer, mais cette prime concernerait donc surtout la reprise de vieux véhicules diesels, très polluants en matière de particules fines.
PSA soutient une telle mesure. Étant données les performances du filtre à particules qu’ils ont développé, PSA considère que le problème des particules fines ne concerne que les anciens moteurs diesel, comme le souligne Nils Matthess de PSA :
« on réduit de 25% la pollution si on enlève les véhicules pré Euro 2, c’est à dire avant 1996. Et pourtant, il y en a peu qui roulent. Aujourd’hui, un véhicule Euro 5 n’émet plus de particules. Il suffit donc de remplacer les moteurs des précédentes générations et la contribution des moteurs diesel en terme de particules va arriver à 0. Il y a aussi des problèmes de particules liées aux freins, l’abrasion des pneus etc. mais là on ne pourra pas y faire grand-chose. »
Pierre Macaudière ajoute que
« En enlevant 20% du parc, vous enlevez 50% des particules. »
Cependant, il faut reconnaitre qu’il y a un conflit d’intérêt. En effet, ce seraient 27% du parc automobile français, soit 19 millions de véhicules, qui pourraient être concernés par une telle prime, selon un article de la Tribune. Cette prime pourrait donc amener beaucoup de nouveaux clients aux constructeurs automobiles, et donc augmenter leur activité. De plus, les filtres à particules de PSA sont réputés plus efficaces que ceux de leurs concurrents, et le constructeur automobile pourrait récupérer une grande partie de ce marché.
Par ailleurs, Carlos Ghosn, PDG de Renault, est favorable à cette mesure d’après le Monde du 5 mars 2013. Pour lui ce sont surtout les vieilles voitures Diesel qui posent problème, cette prime à la reconversion permettrait donc de s’en débarrasser, et de rajeunir le parc automobile français.
Pour Yann Wehrling, cette mesure ne va pas assez loin. Il faudrait remplacer le diesel par des véhicules électriques ou hybrides :
« Il y a des mesures de plus long terme qui consistent à favoriser le fait que les gens qui ont des véhicules diesels aujourd’hui, dans une perspective de renouvellement de leur véhicule, choisissent un véhicule qui n’est pas diesel : soit un véhicule électrique, soit un véhicule essence, soit un véhicule hybride essence, toutes les formules sont possibles, mais qu’ils se défassent de leur véhicule. »
Une mesure de prime à la reconversion ne donne pas le bon message aux constructeurs, mais les encourage à continuer de fabriquer des moteurs diesels. Pour Yann Wehrling, l’investissement dans le diesel est une impasse.
« des vraies mesures qui diraient au constructeur : ce que vous construisez aujourd’hui, on a envie que vous ne le construisiez plus, il n’y a rien qui ait été fait ces dernières années en ce sens. » Yann Wehrling
Pour l’association les Amis de la Terre, une telle mesure ne va pas dans la bonne direction. Depuis l’invention du filtre à particules par PSA en 2000, et compte tenu le renouvellement du parc automobile, il y aurait dû avoir une amélioration de la qualité de l’air. Or ce n’est pas le cas, ce qui jette le doute sur l’efficacité des filtres à particules :
« L’évolution de la performance des véhicules c’est quand même un mythe. On se rend compte que lorsqu’on regarde les mesures, malgré ce que nous disent les constructeurs, malgré les améliorations de la qualité des moteurs, malgré le renouvellement du parc automobile, on observe toujours des niveaux de pollution relativement élevés et stables. Donc les progrès des véhicules restent un mythe. » Louis Cofflard
Anne Hidalgo propose, en tant que candidate aux élections municipales de 2014, d’encourager le remplacement des véhicules diesel par des véhicules non diesel, mais pas par une prime à la reconversion :
« J’encouragerais également l’achat de véhicules électriques et hybrides par les particuliers – en offrant la gratuité du stationnement de surface et de recharge nocturne. »
Cette mesure s’en prend directement au cœur du problème, mais est une mesure de long terme, ce qui lui est souvent reproché ; d’autres acteurs comme les Amis de la Terre préfèrent une solution plus rapide, qui limite directement la circulation.