Quelles particules sont filtrées ?

     Selon une étude de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) analysée par l’économiste Emmanuel Massé, les filtres à particules (FAP) permettent une réduction de 90 % des émissions de particules fines. Pour l’industriel PSA, cette réduction s’élève à 99,9% de la masse des particules émises.

         PSA, constructeur principal de ces filtres, considère que les FAP qu’ils produisent sont suffisants. En effet, ils respectent les normes de rejet pour une voiture diesel. Le niveau d’émission est de moins de 1 mg/km alors que la norme est fixée à 4,5 mg/km. Sur banc d’essai, le niveau d’émission est à 0,2 mg/km, avec une erreur de ±0,5 mg/km, donc pratiquement nul. Pierre Macaudière de PSA insiste sur le fait que les tests ont été reproduits par d’autres laboratoires que ceux de PSA, avec le même résultat.

fap argus

Filtre à particule de chez PSA, source L’Argus

PSA vante les mérite de son FAP par de nombreuses vidéos qui comparent visuellement les émissions avec ou sans filtre (voir la vidéo du mouchoir).  Selon Nils Matthess, un pot d’échappement d’une voiture équipée d’un filtre à particules PSA reste blanc. Ainsi les FAP sont une excellente amélioration pour rendre un moteur diesel moins émetteur de particules fines et protéger ainsi l’homme. Selon Pierre Macaudière de PSA, grâce au FAP, le problème des particules fines est réglé :

« on filtre tout. Donc pour nous, par rapport aux particules, interdire le diesel, c’est une bêtise. Le deuxième problème ce sont les oxydes d’azotes, et notamment le dioxyde d’azote. Alors là effectivement, on est en train de faire le boulot. »

         Il ne faut pas oublier le fait que si ces FAP retiennent une grande proportion de la masse des particules fines (99,9% dans le meilleur des cas), ils filtrent principalement les particules les plus grosses et donc les plus massiques. Les particules les plus fines passent à travers le filtre.

        La cancérologue Isabella Annesi-Maesano le souligne, il est très difficile d’évaluer la quantité de particules fines à un endroit. Spécialiste de ces expériences, elle ajoute qu’il faut faire des statistiques sur ce qui est effectivement présent dans l’air en termes de particules fines issues du diesel, mais que la quantification – et donc la régulation – des émissions en terme de masse est compliquée.

       Pour elle, la mesure actuelle des réductions des émissions par un pourcentage massique est une façon de cacher que les particules très fines et très légères passent quand même en très grand nombre, et que ce sont celles qui vont le plus loin dans les bronches et causent le plus de dégâts pour l’organisme humain. Le FAP est donc une mesure rassurante pour l’homme mais laissent les particules les plus cancérogènes ronger les bronches.

         A cela s’ajoute la différence entre la performance des véhicules sur banc d’essai et dans la réalité. Il se peut ainsi que les moteurs diesel ne respectent les normes que sur banc d’essai.

       De plus, l’investissement dans la technologie des filtres à particules est pour certains acteurs comme Yann Wehrling un chemin hasardeux, et qui ne fait que déplacer le problème du moteur diesel. Comme les Amis de la Terre, il préfère une solution qui limite ou interdit l’utilisation du diesel.

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