Réaménager la ville
Favoriser la circulation douce
Pour réduire les émissions, une solution est de limiter voire supprimer le trafic automobile. Pour cela, beaucoup d’acteurs souhaitent promouvoir l’utilisation des transports en commun. Toutefois, pour Yves Maroselli, il faudrait également supprimer le trafic automobile :
« Sur le plan sanitaire, la seule mesure véritablement sensée consisterait à fixer une date à partir de laquelle ne seraient plus autorisés à circuler que les véhicules essence, ou les diesel respectant la norme Euro 6 dans les zones urbaines dépassant régulièrement les limites de qualité de l’air fixées par l’OMS. »
De même, pour les Amis de la Terre, il faut des mesures limitant directement le trafic automobile, et donc favorisant les autres types de déplacement.
Certaines villes font le choix d’instaurer des zones piétonnes. Cela peut-être fait sur une certaine période de l’année, ou de la semaine. Par exemple, à Toulouse, le centre ville est inaccessible en voiture tous les dimanches. Ce genre de mesure est souvent décrié par les commerces locaux comme anti-commercial car limitant la fréquentation. Cependant, les zones piétonnes peuvent avoir des effets surprenants :
« Je vous donne l’exemple de Strasbourg, parce que moi je suis de Strasbourg, donc je connais ce qu’il s’est passé là-bas. Ça n’a pas été fait pour réduire la pollution de l’air, ç’a été fait pour piétonnier un peu le centre-ville. Vous avez une rue, une longue rue comme ça, assez étroite en centre-ville, où vous avez eu à peu près à la moitié de la rue, la moitié a été piétonnée, l’autre moitié ne l’a pas été. Quand ça été annoncé, tous les commerces qui étaient dans la rue qui allait être piétonnée mais qui ne l’était pas encore ont fait un ramdam pas possible sur le thème « on va perdre des clients, ils peuvent plus se garer devant chez nous, devant notre commerce. Ça va être la catastrophe absolue. » La mairie a tenu bon, ils ont fait la piétonisation de la moitié de la rue. Et l’autre moitié de la rue a été laissée en circulation normale, les voitures pouvaient rentrer et se garer. En cinq ans, le chiffre d’affaire a été multiplié par deux dans la zone piétonne. » Yann Wehrling
D’après les économistes Laure Cabantous, Olivier Chanel et Jean-Christophe Vergnaud, une analyse économique montre qu’il est plus intéressant, d’un point de vue économique, de limiter l’utilisation des véhicules individuels, par opposition aux transports publics, que d’installer des filtres à particules sur tous les véhicules :
« Nous trouvons que des mesures structurelles qui permettent de limiter le recours aux transports privés sont économiquement plus avantageuses que des dispositifs techniques qui réduisent les émissions de substances polluantes. »
Les pays européens commencent à instaurer des zones d’actions prioritaires pour l’air (ZAPA), ou en anglais low emission zones (LEZ). Ces zones sont répertoriées par la Commission européenne. Etant relativement récentes, la plupart datant de 2011, les résultats atteints par ces mesures ne sont pas encore clairs. La mise en place de ZAPA à Paris faisait partie des propositions de Yann Wehrling pour les élections municipales de 2014.
L’instauration de zones piétonnes n’est qu’un exemple parmi d’autres pour limiter la circulation automobile. Pour les Amis de la Terre, le trafic automobile doit être remplacé par plusieurs moyens de déplacement :
« il y a un sujet qui est vraiment d’actualité et qui est d’avenir : c’est l’intermodalité. Le fait qu’effectivement l’on puisse changer, alterner les modes de transport en commun. Vous prenez votre vélo pour aller au bus, qui vous emmène lui-même à un métro, et vous finissez en roller ; enfin j’exagère, il faut que tout ça évidemment soit tenable. C’est sur ces manières-là de se déplacer qu’il faut réfléchir. » Louis Cofflard
C’est donc en modifiant l’aménagement de la ville que l’on peut réduire voire supprimer le trafic automobile, et donc les émissions de particules fines. Cette mesure a le mérite d’être efficace puisqu’elle ne fait pas de compromis en tentant de se débarrasser de la source des émissions, mais elle ne cible pas le cœur du problème :
« Elève 1 : Vous dites qu’il n’y a pas de polémique sur le fait que ce soit nocif au niveau des particules fines. On a vu qu’il y avait le PPA, le plan de protection pour l’atmosphère, que les préfets doivent normalement appliquer, et on a vu que les taux de pollution restent élevés et ne satisfont pas les taux préconisés par ce PPA.
Yann Wehrling : Oui, parce que les mesures ne vont pas assez loin, d’abord parce qu’elles ne vont pas assez loin. Par exemple, il y a des mesures qui peuvent être prises de réduction de la circulation, de baisse de la vitesse, ce genre de choses. Vous ne ciblez pas le diesel, vous ciblez la circulation, c’est ça le problème. »
En ciblant sans discrimination les véhicules diesels comme les véhicules essence et électriques, les mesures de réduction du trafic ne semblent pas faire de différence selon l’impact des carburants sur l’atmosphère. C’est l’un des points forts des mesures fiscales.