Mesures préventives et correctives

        Dans l’effort de réduction des niveaux de particules fines et de gaz polluants, on peut distinguer les mesures préventives des mesures correctives. Le développement des transports en commun, le réaménagement des villes, comme le filtre à particules sont des mesures préventives. Lors d’un pic de pollution, quelles sont les mesures d’urgence prises par les villes ?

       Après le pic de pollution du 14 mars, la région Ile-de-France a décidé d’instaurer la circulation en alternance pendant la journée du lundi 17 mars. 4 000 procès verbaux ont été distribués ce jour-là. Nils Matthess de PSA estime que cela prouve que la mesure a été bien suivie, et qu’elle a eu un effet. Toutefois, il estime qu’elle vient trop tard : le samedi déjà, le pic de pollution était passé, et l’alternance du lundi ne l’a pas atténué.

        L’alternance peut également être une mesure préventive. Par exemple, à Shanghai, chaque véhicule automobile ne peut circuler que certains jours de la semaine. En Italie, une voiture ne circule qu’un jour sur deux, en fonction de la parité du numéro de la plaque d’immatriculation. D’après Pierre Macaudière, l’alternance n’est pas une bonne solution durable, car en Italie, la plupart des gens possèdent deux voitures, afin de pouvoir rouler tous les jours. De plus, l’un des deux véhicules est en général, pour des raisons de prix, une voiture d’occasion, souvent ancienne, et qui ainsi pollue beaucoup. L’alternance peut donc avoir l’effet inverse de celui escompté, avec une circulation quasiment identique et une pollution accrue.

          Yann Wehrling n’exclut pas que l’alternance puisse être une solution d’appoint, lorsque par exemple Airparif prévoit un pic de pollution :

« les mesures des préfets, les PPA [plans de protection de l’atmosphère], les mesures ponctuelles en cas de pics de pollution grave, elles devraient être une bonne fois pour toute décidées de manière à dire on fait des choses très radicales, on met des pastilles sur les voitures diesel, et après on leur interdit de circuler quand il y a des grands pics de pollution. Si vous le faites du jour au lendemain, c’est la révolution dans la rue. Mais si vous l’annoncez en disant, maintenant d’ici 2 ans c’est comme ça, ça va être comme ça, et progressivement voilà ce qu’on va faire chaque fois qu’il y a un pic de pollution. La prochaine fois on fait ça, la fois d’après on ira encore un peu plus loin et vous communiquez largement auprès des gens, les gens s’y préparent. »

          La totalité des acteurs s’accordent à dire que les solutions d’appoint ne suffisent pas. Selon Yann Wehrling, ces mesures peuvent toutefois compléter les mesures sur le long terme, et permettre une transition vers des taux de pollution moins élevés :

« Élève : Ce seraient des mesures à prendre aussi bien au niveau national avec une fiscalité qui change et au niveau municipal ?

Yann Wehrling : Voilà, moi je suis pour agir sur tous les plans parce que c’est ça qui est efficace, c’est quand vous faites un panel de mesures, pas quand vous n’en prenez qu’une. Mesure de court terme, les PPA [plan de protection de l’atmosphère], les mesures un peu strictes en cas de pics de pollution, et les mesures progressives et de long terme qui font que progressivement dans les villes les véhicules les plus émetteurs circulent de moins en moins, voire ne circulent plus du tout. »

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