Les polémiques centrées autour des péages urbains relèvent à la fois de la sphère politique, économique, sociale et environnementale. Cette diversité explique l’importance de la controverse dans les discussions sociétales. En effet la politique des espaces urbains à adopter est aux prises de nombreux débats dans l’opinion publique comme en témoignent les nombreux articles de presse publiés sur ce sujet qui présentent des divergences des points de vue sur la question. Cependant, de nombreux experts scientifiques se sont également penchés sur cette problématique, tentant à leur tour, par diverses modélisations et études, de quantifier et d’analyser l’ampleur des conséquences de la mise en place d’un péage urbain.

Parmi les nombreux articles scientifiques analysés, on distingue les experts du MEEDDAT (Ministere du developpement durable), comme Yves Geffrin, Claude Gressier, ou Francois Janin, qui insistent sur les risques sanitaires que représente la pollution atmosphérique. Pour eux, ces résultats devraient encourager la mise en œuvre de politiques publiques d'amélioration de la qualité de l'air au niveau local, national et européen.

L’Etude ADEME est également un des piliers du débat scientifique autour de la question des péages urbains: publiée en juin 2014, elle recense de nombreux critères d’évaluation économique, géographique, et sociale des impacts des péages urbains. Ce rapport soulève notamment de nombreuses questions comme celles de l’objectif concret d’un péage, du fonctionnement pratique de celui-ci et des différents impacts que ce soit au niveau de la réduction du trafic, des impacts environnementaux ou de la distribution du paysage urbain. Il prodigue par ailleurs des éléments techniques de compréhension, essentiels pour saisir la totalité de la problématique , en s’appuyant notamment sur l’analyse des précédents péages urbains.

Les experts du Laboratoire d’Economie des transports (LET), parmi lesquels Charles RAUX et Stephane SOUCHE se sont également penchés sur la problématique des péages urbains. En collaboration avec les chercheurs du Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques (Certu), les experts ont mis en évidence l’impact positif des péages urbains sur la qualité de vie, la pollution et la congestion des villes en situation « d’infractus ». Cependant leurs avis restent partagés. Si les péages urbains présentent des avantages certains concernant l’amélioration de la circulation et de la qualité de vie, une optimisation de l’économie et un moyen de financement des transports en commun grâce aux recettes récoltées, ceux-ci reposent malgré tout sur un paradoxe essentiel. En effet, ces objectifs ne sont pas compatibles entre eux selon M. Meyere, en particulier concernant les règles tarifaires. Selon lui, « il faut commencer par décider sur quoi on veut agir »: le péage urbain ne peut pas répondre à tout les objectifs en meme temps.

Enfin, de nombreux experts en Economie comme ceux de INFRAS ou du Centre d’Economie Industrielle (CERNA) ont également étudié les impacts économiques de l’installation d’un péages urbains, en les mettant en perspective avec les aspects sociaux. Mathieu Glachant, dont vous trouverez l’interview ici, s’est particulièrement engagé dans la recherche concernant le péage urbain. De manière générale, il ressort que c’est bien l'affectation des fonds perçus qui détermine le caractère équitable du péage, non le péage en lui-même. Dans tous les cas, des études socioéconomiques, environnementales et financières sont indispensables avant toute implantation de péage urbain.