La controverse autour des antidépresseurs et de leur prescription présente une allure cyclique. Bien souvent, un événement important survient (effets secondaires graves liés à un médicament, étude polémique sur l’efficacité des antidépresseurs, rapport important…), et se retrouve largement relayé dans la presse, notamment généraliste. Plusieurs études et analyses scientifiques font suite à cet événement. Les résultats sont ensuite débattus, et d’autres études suivent, parfois financées par les laboratoires industriels qui cherchent à défendre leurs produits. La controverse se fait alors de moins en moins présente dans le débat public, jusqu’au prochain événement marquant, qui la fait à nouveau basculer dans le domaine public.
Néanmoins, malgré cette cyclicité du débat, plusieurs points marquants ressortent :
- 1957 : Découverte des premiers antidépresseurs : inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO).
- 1984 : Commercialisation des antidépresseurs de type ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine), notamment la fluoxétine (Prozac).
Entre 1980 et 2000, les ventes d’antidépresseurs ont été multipliées par 6.7 (Antidépresseurs: enquête sur un inquiétant succès, Le Monde 12 nov 2004).
- Années 1990 : premières controverses reliant suicides et consommation d’ISRS.
- 1998 : le gouvernement français se fixe pour objectif de réduire de 10 % la consommation d’antidépresseurs.
- 2004 : parution du livre polémique de Guy Hugnet, Antidépresseurs : la grande intoxication, qui suscite de nombreuses réactions dans la presse.
- 2004 : analyse de la Food and Drugs Administration (FDA) sur l’augmentation du passage à l’acte suicidaire chez les enfants et les adolescents quel que soit l’antidépresseur, qui suscite des débats dans les médias.
- 2008 : Une méta-analyse de 35 essais cliniques fournis à la FDA en 2005 avant mise sur le marché pour quatre nouveaux antidépresseurs (dont la fluoxétine), menée par I.Kirsch et son équipe, largement relayée dans la presse scientifique, montre que, pour les dépressions modérées et moyennes, l’écart d’efficacité entre ces molécules et le placebo est non significatif. L’étude est contestée de façon virulente par les laboratoires et relayée dans la presse généraliste.
- 2010 : D’autres études confirment les résultats de Kirsch.