La quantification est une étape très importante de l’étude d’une controverse. Elle permet de mesurer l’ampleur de la controverse, ainsi que de fixer le cadre et les acteurs du sujet. Grâce aux outils de communication, la quantification est facilitée. En effet, elle peut étudier la récurrence d’une recherche sur le web ainsi que le nombre de citations d’un article.
Dans un premier temps, il nous a fallu nous familiariser avec les termes de notre sujet de controverse. Nous avons donc cherché la récurrence de ces termes sur Google Trends et sur Google Books Ngram Viewer.
Voici les résultats que nous avons obtenus :
En recherchant le mot “antidepressants” sur Google Books Ngram Viewer, on obtient le graphique suivant :
Ce graphique est intéressant puisqu’il montre un intérêt croissant pour les antidépresseurs. Cette augmentation doit cependant être considérée avec attention, puisqu’il faut tenir compte de l’augmentation générale du volume de recherches.
Nous avons ensuite effectué une recherche sur Google Trends pour avoir plus d’informations.
L’inconvénient de notre sujet est que le mot « antidépresseurs » n’est valable qu’en français. Il est donc impossible de comparer les résultats anglophones et francophones. Nous avons tout d’abord cherché le terme « antidepressants » :
Voici la répartition géographique par villes de la récurrence de ce mot :
On voit ainsi que parmi les pays anglophones, l’Australie est celui qui se préoccupe le plus des antidépresseurs.
Si on regarde maintenant pour le terme « antidépresseurs » (en français), on voit que les grandes villes françaises font beaucoup plus de recherches sur le sujet que les autres villes où on parle français :
En ce qui concerne maintenant l’évolution de l’intérêt pour cette recherche, on voit que les Français s’intéressent globalement de moins en moins à ce sujet :
Nous avons ensuite regardé les termes associés de manière privilégiée à notre sujet de controverse. Nous avons commencé par nous y intéresser via Google Trends :
Nous avons pu remarquer que les recherches les plus effectuées concernaient les effets secondaires des antidépresseurs (« antidepressants side effects », « effects of antidepressants »), ainsi que des classes majoritaires d’antidépresseurs, comme les antidépresseurs tricycliques et les SSRI (Selective serotonin reuptake inhibitor, c’est-à-dire inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine).
Nous avons également été appelés à utiliser un autre outil pour estimer les termes récurrents de notre sujet : le site Gargantext. Nous avons pour cela constitué un corpus de plus de 200 textes à l’aide de deux bases de données, Web of Science et Pubmed. Puis, nous l’avons chargé sur le site Gargantext. Ce dernier nous a permis d’établir des liens entre les différentes occurrences des principaux termes revenant dans les articles de nos corpus. Voici la cartographie que nous avons obtenue.
(Graphe des mots-clés du corpus Pubmed issu de Gargantext)
(Graphe des mots-clés du corpus Web of Science issu de Gargantext)
Il est intéressant de constater que les mots-clefs ne sont pas les mêmes que ceux qui sont apparus sur Google Trends. Ici, on remarque que les préoccupations sont surtout autour des troubles des patients (« major depressive disorder », « major depression », « bipolar disorder », « suicidal behavior » pour le corpus PubMed et « major depressive disorder », « bipolar disorder » pour le corpus Web of Science). La prescription de ces médicaments, ainsi que les patients les plus touchés sont également un sujet récurrent. On peut remarquer des termes tels que « older adults » pour le corpus PubMed et « general practice », « antidepressant prescribing », « primary care », « general practitioners », « older people » pour le corpus Web of Science.
Finalement, nous avons décidé de nous intéresser en priorité aux causes de la dépression, au diagnostic et à l’efficacité des antidépresseurs.
Nous avons ensuite cherché à établir une chronologie plus précise dans les publications, à l’aide, à nouveau, de Gargantext. Voilà les graphiques obtenus en cherchant un corpus avec les mots-clefs « antidepressant medication » sur PubMed.
La tendance observée est donc une augmentation forte du nombre de parutions en hiver avec une baisse en été. Cela est également observable sur notre corpus Web of Science, même si les contrastes sont moins prononcés :
On voit donc bien que la chronologie des parutions de publications sur les antidépresseurs est très cyclique, avec une baisse globale du nombre d’articles parus en été, ce qui semble normal.
Enfin, il nous a été très intéressant d’observer la différence de dates de parutions d’articles entre Web of Science, PubMed et la presse. Voici un graphique avec le volume d’articles dans ces trois catégories en fonction du temps, avec en vert les articles de presse, en bleu ceux de PubMed et en rouge ceux de Web of Science. On voit nettement que les articles scientifiques sont globalement parus bien avant ceux de la presse généraliste. Cela semble cohérent, puisque ce sont eux qui annoncent les nouvelles découvertes, issues de leurs expériences. On voit également qu’à chaque pic de publication scientifique, les articles de presse réalisent également un pic, peu après. Ce qui est plus étonnant est que le volume d’articles scientifique augmente de façon très prononcée, alors que cela est peu le cas pour les articles de presse. On peut penser, pour justifier cela, à une lassitude du côté du grand public pour ce sujet qui est récurrent depuis de nombreuses années.