Une faible mobilisation de l’opinion publique

 

Un aspect caractérstique de cette controverse est la faible mobilisation de l’opinion publique. Malgré les efforts de certains chercheurs, particulièrement ceux opposés aux recherche de type GOF, pour élargir le champ disciplinaire des acteurs concernés la controverse n’a presque qu’exclusivement mobilisé le corps scientifique virologique.

Une analyse scientométrique de corpus collectés sur la base de donnée Web Of Science permet d’analyser les origines disciplinaires des articles composant le corpus.

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Aux États-Unis

 

La controverse a débuté aux États-Unis avec l’annonce publique par les chercheurs Ron Fouchier et Yoshihiro Kawaoka d’expériences de type GOF menée sur le virus H5N1. Les autorités américaines via le NSABB ont été directement impliquées en intervenant pour interdire la publication tant que les risques de bioterrorisme n’avaient pas été écartés. Suite à l’autorisation accordée par le NSABB, les articles ont pu être publiés dans les revues Science et Nature. Les responsables éditoriaux ont également été impliqués dans la controverse en ayant à justifier leur décision de publication des résultats de recherche des expériences de type GOF.

« Dr. Simon Wain-Hobson has written an opinion piece questionning the decision of the American Society for Microbiology to publish in the Journal of Virology a paper that reports mutation in H7N1 influenza virus associated with airborne transmission in ferrets. We, the group of editors constituting an ASM committee that evaluates papers containing potential dual-use research of concern (DURC), (…) explain the rationale underlaying the decision to publish this paper. »

Terence S; dermody, Arturo CASADEVALL, Michael J. IMPERIALE, Rozanne M. SANDRI-GOLDINI, Thomas SHENK, “The Decision to Publish an Avian H7N1 Influenza Virus Gain-of-Function Experiment”, mBio, Editorial, 14/10/2014

 
Les intervenants sont de trois types : chercheur, institution et presse spécialisée. Ces trois acteurs restent exclusivement limités au secteur scientifique. Aux États-Unis, où la Controverse a pris le plus d’ampleur, la mobilisation publique est pourtant restée faible. Les journalistes impliqués dans la controverse sont spécialisés dans le domaine scientifique.

 

En France

 

En France, la mobilisation de l’opinion publique est particulièrement faible. Les articles de presse français traitant de la Controverse ont été presque exclusivement publiés par le journaliste Yves Sciama. Suite à l’entretien que nous avons pu réalisé avec lui, il s’est avéré qu’Yves Sciama avait découvert cette controverse presque par hasard et s’y était intéressé dans un premier temps parce qu’il avait été attiré par l’aspect sensationnel de ces « frankenvirus ».

« L’année dernière, j’ai suivi une formation aux États-Unis, une fellowship, à Boston, avecd’autres journalistes scientifiques. Parmi les conférenciers, il y avait Marc Lipsitch (…). Sa conférence était intitulée « Scary viruses, horrible diseases ». J’ai pensé que c’était une histoire importante. J’ai creusé, et j’ai trouvé cela fou et passionnant : c’est une histoire sur la biologie, qui dépasse l’anecdote elle-même. Journalistiquement, c’est une très bonne histoire. »

A partir d’un corpus constitué de 111 articles de presse obtenus à partir de base de donnée Europresse avec la clé de recherche « virus mutant H5N1 », nous avons pu procéder à une analyse scientométrique à l’aide du logiciel Gargantext. On constate deux clusters polarisés autour du nœud « Institut Pasteur ». tab2

Un premier cluster relie des termes très diversifiés, alarmistes et sans rapport direct avec la controverse pour certains, citons par exemple : « astéroïde menaçant » et « planète inhabitable ».tab3

Le second cluster concerne plus directement la controverse. Des termes spécialisés apparaissent, citons le nom des deux chercheurs Fouchier et Kawaoka.