En 2011, les chercheurs ne se posaient pas la question : leurs recherches étaient évidemment utiles et justifiées. Mais alors comment a-t-on pu arriver à un arrêt des financements sous décision de la Maison Blanche ?
Annonce publique à Malte par le chercheur Ron Fouchier des expériences de type Gain-of-Function (GOF) réalisées sur le virus de la grippe H5N1 : lui et son équipe du Centre Médical Erasmus de Rotterdam ont rendu ce virus transmissible entre êtres humains par une série de mutations.
Le chercheur japonais Yoshihiro Kawaoka de l’Université du Wisconsin annonce que lui aussi a pu rendre le virus de la grippe H5N1 transmissible entre des furets.
Saisi par le NIH, le NSABB étudie les manuscrits des rapports de recherche, en vue d’une publication dans les revues américaines Science pour Fouchier et Nature pour Kawaoka.
Les autorités américaines, par le biais du NSABB, s’opposent à une publication ad integrum des travaux des deux équipes.
Article de Ron Fouchier, « The Fight over flu », publié dans la revue Nature. Il y défend ses recherches en invoquant les gains possibles dans la lutte contre les virus grippaux.
Les chercheurs Fouchier et Kawaoka annoncent un moratoire volontaire prévu pour durer 60 jours. Celui-ci durera en réalité un an.
Le NIH annonce la mise en place d’une nouvelle procédure d’évaluation de la dangerosité des études sur le H5N1, dont un examen plus approfondi des risques et des bénéfices de ces recherches, ce avant tout financement.
Consultation technique organisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, en anglais WHO). Le rapport émis montre un point de vue consensuel, appelant à un effort de sensibilisation en parallèle d’une poursuite très encadrée des recherches sur le virus de la grippe H5N1.
Le NSABB autorise la publication des articles après qu’ils aient subis des modifications. Ce sont essentiellement des parties techniques qui sont modifiées dans le but de les rendre inutilisable telles quelles.
21 et 22 juin 2012 : Les bilans des recherches de Kawaoka et Fouchier sont publiés dans Nature et Science.
Article de Fouchier et Kawaoka, « The pause on Avian H5N1 Influenza Virus Transmission Research Should be Ended » sur le site internet mBio. Le débat est relancé après une pause de quelques mois.
Les deux chercheurs virologues décident de lever le moratoire sur la recherche de type GOF portant sur le virus de la grippe H5N1 et de reprendre les recherches.
Article du chercheur à l’Institut Pasteur Simon Wain-Hobson « H5N1 viral-engineering dangers will not go away », publié dans Nature. En réaction à la levée du moratoire, l’article appelle à l’interdiction des recherches de type GOF.
La Foundation for Vaccine Research et 50 autres scientifiques adressent une lettre au Président de la Commission Européenne José Manuel Durão Barroso. Voir la lettre en ligne
Article de Yves Sciama, « Virus mutant, Les furets de la discorde », publié dans Le Monde : premier article de presse grand public en langue française sur le sujet.
L’Institut Pasteur révèle dans un communiqué de presse avoir perdu 2 349 tubes à essai contenant le virus du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère).
Report d’une contamination au virus Ebola dans les services hospitaliers du Texas.
La Maison Blanche annonce l’arrêt des financements de nouveaux travaux sur le GOF des virus.
10-12 Décembre 2014 : Sommet à Hanovre (Allemagne) où est débattu la question des virus mutants. Si la conférence ne débouche pas sur un règlement ou une décision formelle, il y a consensus sur la nécessité nouvelle des chercheurs de communiquer avec le public et de donner une plus grande place aux réflexions éthiques.