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Les différents acteurs étudiés s’affrontent en distinguant trois objectifs différents – mais pas nécessairement incompatibles – de l’enseignement de l’économie.
Former des citoyens
Le préambule du programme du cycle terminal rédigé par le ministère stipule que les SES ont pour objectif de :
« contribuer à leur [les élèves] formation citoyenne grâce à la maîtrise de connaissances qui favorise la participation au débat public sur les grands enjeux économiques, sociaux et politiques. »
Et ce, en opérant une rupture avec le sens commun afin de prendre du recul sur le monde social et les idées ordinairement véhiculées.
Cette conception des SES comme préparation à la vie citoyenne est également partagée par Arthur Jatteau (un des membres fondateurs de PEPS-économie) et Pascal Combemale, que nous avons pu interroger. Ce dernier, lors de la la journée de mobilisation et de grève des enseignants de SES en 2008 affirmait que :
« Elles [les SES] existent pour des raisons politiques parce qu’une démocratie réelle a besoin de citoyens instruits participant activement à la construction de leur destin collectif. » issu de l’article d’Alternatives Economiques Les SES existent pour des raisons politiques et sont attaquées pour des raisons politiques.
De même, le rapport Guesnerie, commandé en 2008 par le gouvernement donne une place fondamentale pour l’élève, voire pour tout citoyen, en ajoutant le fait que :
« Les sciences sociales constituent ce que certains ont nommé une « troisième culture », à côté des sciences dites « dures » ou « exactes » d’une part, des lettres et sciences humaines d’autre part. À ce titre, tout comme ces deux autres cultures, elles sont un pilier fondamental de la formation du citoyen dans notre monde contemporain. Cette troisième culture repose sur un ensemble de connaissances et compétences rigoureuses dont doivent être dotés les élèves pour pouvoir décrypter le monde économique et social. »
Former des praticiens:
Le but des SES, selon le Medef, serait, d’initier les élèves à l’entreprise dès le plus jeune âge pour créer une « culture favorable à l’entreprenariat ».
Ainsi, il propose un enseignement de l’économie au lycée qui se détacherait de leur encastrement social et historique, c’est à dire supprimer la partie « science sociale » et se concentrer sur l’économie. Nous avons effectivement vu que l’enseignement de la microéconomie, ou de la comptabilité, plus proches de la culture entrepreneuriale , ne sont pas au programme de SES en première et terminale, mais n’apparaissent que dans le supérieur.
Le MEDEF est soutenu par le think tank Institut de l’entreprise (IDE) dont il fait partie, et qui affirme que :
« il serait peut-être bon d’effectuer un travail pédagogique de fond sur nos lycéens, comme cela a été fait par les entreprises depuis 20 ans auprès de leurs salariés, afin de les sensibiliser aux contraintes du libéralisme et à améliorer leur compétitivité, en adhérant au projet de leur entreprise. » Propos issus du site de l’APSES
Dans cette perspective, l’élève est un futur travailleur qu’il faut commencer à former dès le lycée en lui donnant goût à l’entreprise et en lui forgeant une culture entrepreneuriale.
Former des enseignants-chercheurs
Un des objectifs de l’enseignement de l’économie et des SES est de former des enseignants-chercheurs chargés de produire et diffuser l’information scientifique sur le monde contemporain, ses pratiques et leurs limites. Ils pourront, dans certaines mesures, influencer les décisions politiques. C’est l’exemple de Thomas Piketty, enseignant-chercheur à l’Ecole d’Economie et Paris et conseiller de Ségolène Royal lors de la campagne pour les présidentielles de 2007, et depuis 2015, de Jeremy Corbyn, chef de file du Labour Party britannique.
Néanmoins, plusieurs chemins mènent au métier d’enseignant-chercheur, comme en témoigne ce schéma.
Conclusion :
Si les SES et par extension l’enseignement de l’économie dans le supérieur portent à débat et posent la question de la pluralité des disciplines, c’est entre autre parce que les différents acteurs ne s’accordent pas sur le but de cet enseignement. Ainsi, le rapport Guesnerie de 2008 concluait :
« L’enseignement des sciences économiques et sociales a pour objectif à la fois de contribuer à la formation citoyenne des élèves et de les préparer à l’enseignement supérieur et éventuellement, mais ce n’est qu’une fonction médiate, à la vie professionnelle. »
Alors quel est le véritable rôle de l’enseignement de ces disciplines ? Former des citoyens éclairés, des enseignants-chercheurs dont la volonté est de trouver des solutions aux problèmes existants, ou des praticiens, des chefs d’entreprises comme de futurs travailleurs ou hommes politiques ? A vous de vous faire votre propre opinion.