Les associations d’étudiants
Les associations étudiante, étant au cœur du processus d’enseignement, constituent un acteur principal de la controverse, notamment celui qui permet de porter le débat à l’international.
Voici ici un aperçu des différentes associations étudiante prenant position dans la controverse – ce n’est pas une liste qui se veut exhaustive, seules les associations les plus importantes sont mentionnées.
PEPS-économie (pour un enseignement pluraliste dans le supérieur en économie) a été crée en 2011 par un groupe d’étudiants de l’Ecole d’Économie de Paris – dont Arthur Jatteau l’un des membres fondateurs de l’association – , qui déplorait le manque de pluralisme dans le supérieur. Ils prônent une plus grande ouverture de l’enseignement de l’économie sur les sciences sociales, afin de permettre aux étudiants de mieux appréhender et comprendre le monde contemporain. Ils proposent ainsi une licence calquée sur le modèle des SES enseignées au lycée, puisque selon eux, l’économie à pour but de créer de futurs citoyens. Tel qu’il est fait aujourd’hui, l’enseignement est trop porté sur les outils quantitatifs : les élèves apprennent à les utiliser sans comprendre à quoi ils correspondent concrètement, d’où une certaine déconnexion du monde réel.
En outre, nous avons pu interroger Arthur Jatteau lors d’un entretien qu’il nous a accordé et a accepté de revenir sur la création de PEPS. Cet étudiant en 5ème année de thèse est passé par une prépa ENS en D2. Il nous confie une anecdote pour nous montrer comment il en est venu à s’intéresser au pluralisme :
« en 2006, lors d’une manifestation contre le contrat de première embauche, des amies en khâgne me demandaient, “Arthur, toi qui est à Normale en éco, dis nous ce qu’on peut faire“ , mais je ne pouvais pas l’expliquer avec mes connaissances de prépa, j’avais seulement de vieux restes des SES du lycée. Ça a été un déclic pour moi ».
Il s’est ensuite rapproché du mouvement Autisme qui était alors sur le déclin à l’époque, faute de renouvellement de ses membres, avant de créer le mouvement PEPS-économie à son arrivée à l’Ecole d’Economie de Paris, avec d’autres étudiants eux aussi déçus de l’enseignement des SES.
PEPS est par ailleurs soutenu par des économistes renommés comme Thomas Piketty, Steve Keen, et Jean-Paul Fitoussi.
l’ISIPE (International Student Initiative for Pluralism in Economics ) dont la création a été initiée en 2013 par PEPS et ses partenaires britanniques et allemands, a publié un manifeste traduit dans différentes langues et regroupe aujourd’hui 82 associations étudiantes réparties sur 31 pays. Affirmant que l’enseignement de l’économie dans le monde est en crise, ses revendications se rapprochent beaucoup de celles de PEPS : un pluralisme théorique, disciplinaire et méthodologique qui est indispensable puisqu’il conditionne la pensée des dirigeants politiques. Un manque de pluralisme limite donc nos capacités à comprendre et prévenir les enjeux futurs, comme cela a été le cas lors de la crise des subprimes.
Bien que la plupart des associations soient localisés en Europe, l’ISIPE organise des journées pour renforcer le sentiment d’appartenance à une même association autour de la défense de mêmes intérêts. Ainsi deux ans après la naissance de l’ISIPE, le 4 mai 2016, a été organisée une journée mondiale pour le pluralisme en économie au cours de laquelle différents évènements ont pris place aux quatre coins du monde. (pour plus de détails, consulter le site de l’association qui répertorie tous les événements du 4 mai : http://www.isipe.net/global-action-day-2/)
Photos prises lors de la Global action day 2 de ISIPE