Introduction

La métropolisation est un modèle de développement controversé.

En 2014, la sphère scientifique a été l’arène d’un débat entre économistes sur la mesure de la performance économique des métropoles.

Cette controverse a été déclenchée par la publication d’un article d’Olivier Bouba-Olga, économiste à la faculté de Poitiers, et de Michel Grossetti, sociologue au CNRS  (« La métropolisation : horizon indépassable de la croissance économique ? ») en réponse à une note produite par Laurent Davezies, économiste spécialiste des questions de  développement territorial,  et Thierry Pech, directeur du think-tank Terra Nova (« La nouvelle question territoriale »). Selon Olivier Bouba-Olga et Michel Grossetti, la plupart des scientifiques travaillant sur la métropolisation utilisent des indicateurs biaisés ; ces derniers surévalueraient en effet les performances économiques des métropoles par rapport au reste du territoire.

Cette pomme de discorde présente d’autant plus d’enjeux qu’elle surgit alors que les pouvoirs publics légifèrent sur la constitution juridique de métropoles (loi MAPTAM) et sur la décentralisation (loi NOTRe). Il est possible dès lors de dégager plusieurs nœuds sur lesquelles les acteurs s’affrontent :

  • La métropolisation accroit-elle les inégalités ? Comment la courbe de Williamson, une courbe qui représente les inégalités interrégionales en fonction du temps,  rend-elle compte de ce processus ?
  • Le PIB par habitant est-il un bon estimateur de l’efficacité productive d’un territoire ?
  • Comment les auteurs mobilisent-ils les thèses de la Nouvelle Economie Géographique pour analyser un tel phénomène ?

Par ailleurs, le terme de métropolisation est problématique sous différents aspects. Oliviers Bouba-Olga et Michel Grossetti remettent en cause la pertinence de ce concept qui ne fait pas l’objet d’une définition précise ou partagée par l’ensemble des acteurs scientifiques, politiques ou médiatiques.

Si cette discussion renvoie à des préoccupations économiques, politiques et sociales tout à fait contemporaines, sa compréhension nécessite une perspective historique plus large. En effet, en 1947 déjà, Jean-François Gravier créait la polémique en mettant dos à dos des territoires aux performances divergentes (Paris et le désert français). Un historique des politiques publiques menées jusqu’à ce jour – métropoles d’équilibre, lois Deferre, pôles de compétitivité – révèle l’installation d’un consensus autour de cette dichotomie entre métropole(s) dynamique(s) et périphérie(s) subordonnée(s) que questionne notre controverse.

Tandis que s’élabore des projets d’institutionnalisation de la métropole (Grand Paris, Métropole d’Aix-Marseille-Provence…), il a été nécessaire enfin de s’intéresser à la diffusion de ce débat auprès des décideurs publics pour s’apercevoir que les discussions sur la métropolisation ne portaient pas tant sur les questions d’efficacité économique que sur des problématiques de gouvernance locale.


Une chronologie de la controverse entre les acteurs : publications et promulgations des dernières lois de réforme territoriale


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