SYNTHESE

Pour le lecteur pressé ne pouvant parcourir tout le site comme pour celui qui voudrait saisir l’essence de la controverse à la suite d’une lecture plus assidue, voici une synthèse globale de notre travail.Bonne (re)lecture !


 

La métropolisation : un modèle de développement controversé

En 2014, la sphère scientifique a été l’arène d’un débat entre économistes sur la mesure de la performance économique des métropoles. Cette controverse a été déclenchée par la publication d’un article d’Olivier Bouba-Olga et de Michel Grossetti (« La métropolisation : horizon indépassable de la croissance économique ? ») en réponse à une note produite par Laurent Davezies et Thierry Pech pour le think-tank Terra Nova (« La nouvelle question territoriale »). Selon Olivier Bouba-Olga et Michel Grossetti, la plupart des scientifiques travaillant sur la métropolisation utilisent des indicateurs biaisés ; ces derniers surévalueraient en effet les performances économiques des métropoles par rapport au reste du territoire.

Comment mesurer les inégalités régionales ?

image inégalités

 

Comment mesurer la productivité des métropoles ?

image PIB

 

Comment utiliser la Nouvelle Economie Géographique ?

photo NEG

 

La métropolisation est-il un concept pertinent ?

Dans leur article intitulé « On voit des métropoles partout, sauf dans le statistiques », Olivier Bouba-Olga et Michel Grossetti remettent en cause la pertinence du concept de métropolisation. Il existe en effet un véritable enjeu autour de la définition de la métropole dans la mesure où ce terme ne renvoie pas toujours à la même échelle géographique ou au même objet juridique.  Les sens multiples de ce concept peuvent engendrer des analyses tout à faits divergentes selon la définition de départ. Ainsi le terme de « métropole » ou de « métropolisation » a pu nous apparaître également comme un mot-valise n’ayant pas nécessairement d’équivalent en dehors de la France, au point que certains acteurs de la controverse comme Olivier Bouba-Olga ou Michel Grossetti plaident pour un abandon pur et simple de ce concept.

 

Quel historique de la métropolisation ?

Le mot « métropole » n’est pas neuf, son origine grecque en atteste. La genèse du concept de « métropolisation » est néanmoins plus récente : on trouve son origine dans la littérature scientifique anglo-saxonne dès les années 1960 mais il est particulièrement repris en France dans les années 1990. La théorisation de ce phénomène a la particularité, en France, d’être associée à un contexte institutionnel bien précis. Le processus de métropolisation serait un processus encadré, ancré, dans la décentralisation, dont « l’Acte III » serait une consécration. En effet, avant qu’elle ne soit institutionnalisée par la loi Maptam, la perspective de la poursuite de la croissance économique au travers de la métropole est défendue dès le milieu des années 1990. Auparavant, les politiques en matière d’organisation du territoire auraient été durablement influencées par la thèse de Jean-François Gravier, cette dernière étant vivement remise en cause dans les années 1990 par des chercheurs dont Laurent Davezies fait partie. Cet état des lieux historique invite à se demander si arène politique et arène scientifique ne seraient pas deux sphères entremêlées de longue date ? C’est en tout cas la thèse défendue par Olivier Bouba-Olga : les nouvelles politiques publiques inspirées par la littérature scientifique de Laurent Davezies ou Philippe Martin s’appuieraient sur des visions erronées de la réalité et seraient tout aussi dogmatiques.

 

Quelle diffusion du débat auprès des décideurs publics ?

Le phénomène de métropolisation, dont le rôle économique a été observé par les chercheurs, a intéressé les dirigeants qui se sont décidés à l’institutionnaliser afin de mieux l’encourager. Ainsi, avec la loi MAPTAM, des métropoles comme le Grand Paris ou Aix-Marseille ont été créées afin de favoriser la croissance économique de leur territoire. Ce phénomène d’institutionnalisation des métropoles, cet encouragement, montre une adhésion à l’idée que ces métropoles seront un moteur de croissance pour leur région. Les discours de justification de la création de ces métropoles reprennent  ainsi les thèses développées par L. Davezies. Mais dans le débat public, les questions économiques sont plutôt secondaires, et surtout le rôle de moteur de croissance des métropoles n’est pas vraiment contesté. Ce sont surtout des questions politiques, notamment de gouvernance, qui monopolisent l’attention.