Définir un protocole expérimental pour déterminer si une substance est capable d’altérer le fonctionnement du système endocrinien est une tâche relativement complexe. Bien que les chercheurs en toxicologie disposent aujourd’hui de ressources technologiques plus sophistiquées qu’il y a plusieurs années – on peut à titre d’exemple citer l’avènement des technologies « à grande échelle » et l’enrichissement des données associées aux perturbateurs endocriniens – la mise en évidence de l’effet néfaste sur la santé d’une substance n’en demeure pas moins difficile, comme nous l’a affirmé L., chercheur à l’INSERM.
Plusieurs types d’expériences peuvent être menées par les scientifiques, comme le montre le rapport du Sénat sur les perturbateurs endocriniens daté de 2016:
- Des expériences in vivo menées sur des animaux vivants, qui permettent d’appréhender l’effet toxique général de la substance sur le métabolisme étudié
- Des expériences in vitro réalisées sur des cellules ou des organes d’animaux ou d’êtres humains qui permettent de déterminer la toxicité de la molécule
- Des études in silico menées à partir de simulations informatiques
- Des études épidémiologiques menées à l’échelle d’une population qui permettent de mesurer a posteriori l’impact d’une substance. Il est également rappelé dans ce même rapport qu’il est impossible de mener des expériences directement sur les êtres humains.
Les méthodes et protocoles expérimentaux utilisés par les chercheurs pour caractériser les effets d’une substance sur l’organisme sont scrupuleusement analysés et discutés en dehors du monde scientifique. En effet, pour qu’une méthode scientifique soit citée et/ou prise comme référence dans un texte juridique, elle doit au préalable être reconnue par l’Organisme de Coopération et de Développement Economique (l’OCDE). Un cadre conceptuel pour l’identification et l’étude des perturbateurs endocriniens a d’ailleurs été développé puis mis à jour par ce même organisme en 2012. Il recense les divers tests et méthodes validés par l’organisme et définit des orientations pour l’étude de ces substances. Cinq niveaux de tests y sont notamment détaillés :
Enfin, malgré le besoin d’effectuer un maximum d’études, les toxicologues cherchent à anticiper le comportement de certaines substances. Ce potentiel gain de temps s’avère d’autant plus profitable que, dans le cas des cultures agricoles, de telles études ne sont réalisables qu’une fois par an, comme le mentionne la FNSEA.
Source :
- OCDE (2012) Guidance Document on Standardised Test Guidelines for Evaluating Chemicals For Endocrine Disruption. Repéré à http://www.oecd.org/officialdocuments/publicdisplaydocumentpdf/?cote=env/jm/mono(2012)22&doclanguage=en [Consulté le 14 Juin 2017]
- Schillinger, P., Vasselle, A. (2017) Rapport d’information fait au nom de la commission des affaires européennes sur les perturbateurs endocriniens dans les produits phytopharmaceutiques et les biocides. Repéré à https://www.senat.fr/rap/r16-293/r16-2931.pdf