Des effets indésirables ? Oui, mais de quelle ampleur ?
Après l’introduction de la nouvelle formule fin mars 2017, plus d’une dizaine de milliers de patients signalent des effets indésirables liés à la nouvelle formule. Il s’agit essentiellement de fatigue, maux de tête, insomnie, vertige, douleurs musculaires et articulaires, et chute de cheveux. Selon l’ANSM, ce sont des effets secondaires que l’on observait déjà sur les autres formules, donc l’agence conclut que ces symptômes ne sont pas spécifiques à la nouvelle formule. De plus, depuis l’introduction de la nouvelle formule et le 9 janvier, 19 cas de décès ont été enregistrés, bien que l’ANSM réfute l’existence de liens entre la nouvelle formule et ces décès .
Ces déclarations sont largement contestées par les associations de malade. Les membres de Vivre Sans Thyroïde (VST) se sont vite rendus compte que les symptômes des patients n’étaient pas les effets secondaires habituels du médicament : Beate Bartès, la présidente, évoque des témoignages de maux de tête très violents « des gens qui voulaient se jeter sous un camion tellement ils avaient mal à la tête ! ». Une patiente, lors d’un entretien, nous a confié l’expérience d’un vertige qui lui a causé une chute assez grave.
Pour l’ANSM, ces symptômes ne sont pas nouveaux, mais peut être que les effets de la nouvelle formule sont décuplés par rapport aux effets habituellement observés.
Les patients manifestaient leurs effets secondaires dès la fin du mois de mars 2017, avec un pic en septembre 2017. Des actions collectives ont été mises en place en ligne et ont rassemblé des centaines de patients. À l’issue de cette action, 3.500 personnes se sont réunies pour obtenir l’indemnisation des malades . Le mardi 30 janvier, Le Parisien a révélé un document de 2012 de l’ANSM indiquant 23 cas de déséquilibre thyroïdien entre 2009 et 2011, ce qui a fait bondir les patients, ne comprenant pas quelle fut la raison d’un changement de formule, puisque l’ancienne était tout à fait fonctionnelle, comparé aux 19 cas de décès présumés reliés au changement de formule.
Pour se faire entendre, les patients se rallient au sein d’associations de malades, qui sont principalement Vivre Sans Thyroïde (VST) et l’Agence Française des Malades de la Thyroïde (AFMT). Ce sont les interlocuteurs de Merck et l’ANSM, qui représentent les malades et leurs intérêts. Lors des réunions avec l’ANSM, rien n’est retranscrit de façon officielle. VST a donc décidé d’établir des comptes rendus elle-même. Ils élaborent aussi des sondages eux-mêmes auprès des patients. En juin, VST mobilise les patients pour obtenir une pétition de 300.000 signatures.
L’association cherche à obtenir de la part de Merck et l’ANSM plus de transparence, des explications claires sur la raison du changement de formule. Elle cherche aussi à obtenir une diversification du marché de la lévothyroxine.
Les chiffres de l’affaire lévothyrox sont une source de discordances entre les différents acteurs. Ainsi, le nombre de personnes ayant arrêté de prendre le Lévothyrox nouvelle formule (NF) est controversé : selon VST, près d’un million de patients aurait arrêté de prendre le Lévothyrox NF. Pour l’ANSM, ce serait la moitié, c’est-à-dire 500.000 patients, basé sur l’estimation statistique du volume de médicaments remboursés. De son côté, Merck estime que 30.000 patients se sont détournés de la formule, se basant sur le volume de leurs ventes. Avec une telle disparité de chiffres, il est difficile d’avoir une approche quantitative de l’affaire. C’est entre autres pour cela que VST réclame de la transparence .
Sources