Le moment de la reprise du travail pour la mère est une question importante dans la pratique du maternage proximal. En effet, la reprise du travail peut rendre l’allaitement plus compliqué : il faut tirer son lait pendant la journée. La séparation entre l’enfant et la mère peut également être mal vécue par l’enfant. L’allaitement est souvent au cœur des problématiques de reprise du travail. En effet, la reprise du travail et l’éloignement souvent inévitable entre la mère et l’enfant peut mettre en péril l’allaitement exclusif, ou tout du moins lui être défavorable. Claude Didierjean Jouveau écrit à ce propos pour La Leche League en 2007 : De nombreuses femmes reprennent tout de même le travail tout en souhaitant continuer d’allaiter. Trois choix s’offrent alors à elles : tirer leur lait, allaiter directement sur le lieu de travail ou complémenter avec du lait industriel pendant la journée. Si la deuxième solution semble être la meilleure pour l’enfant et la poursuite de l’allaitement, elle est en pratique, pour des raisons évidentes, très difficile à mettre en place. Selon Claude Didierjean Jouveau, la meilleure solution pour la pérennité de l’allaitement est donc la première. Elle écrit à ce propos en 2007 : Pour ce faire, des lois existent, pour la première année de l’enfant. En effet, l’employeur est tenu d’octroyer une réduction du temps de travail d’une heure par jour, répartie en deux fois trente minutes. Si l’employeur met une salle dédiée à disposition de l’employé, ce temps peut être réduit à 20 minutes. De plus, toute entreprise de plus de 100 employés est tenue de mettre un tel local à disposition en cas de demande. [5] Malgré cela, poursuivre l’allaitement tout en travaillant reste difficile. De nombreuses conditions favorisent la réussite de la poursuite de l’allaitement, telles que l’âge de l’enfant (plus il est âgé, plus c’est simple), la proximité du lieu de travail, mais aussi le nombre d’heures de travail. Plus les horaires de la mère sont flexibles ou réduits, plus le temps d’allaitement est long. [4] A l’échelle internationale, des syndicats se saisissent de cette question. Le Congrès des Syndicats Irlandais a par exemple rédigé un rapport intitulé « Breastfeeding and the Workplace ». Ils proposent différentes mesures pour faciliter la poursuite de l’allaitement pour les femmes qui recommencent à travailler, telles que des pauses rémunérées pour pouvoir tirer leur lait, des horaires de travail flexibles, ainsi que la mise à disposition d’une salle équipée (réfrigérateur, fauteuil, équipement stérilisé) pour tirer son lait. [6] A l’inverse, les détracteurs du maternage proximal critiquent le fait que les femmes ne souhaitent pas retourner au travail, ou à temps partiel. Selon elles, arrêter de travailler est dangereux pour une femme : un couple sur trois finit par divorcer, et il est difficile de retrouver un travail après une longue période d’inactivité. Elisabeth Badinter souligne notamment la précarité dans laquelle certaines femmes finissent par se retrouver. Selon elle, l’indépendance financière des femmes, durement acquise au siècle dernier, fait partie du cœur du débat. [1] [2] Dans une interview donnée à l’hebdomadaire Elle, Elisabeth Badinter s’exprime à ce sujet : [1] Marlène Schiappa « Elisabeth Badinter, je vous aime ! (2/2) ». Maman travaille (blog), 22 février 2010. Disponible sur http://yahoo.mamantravaille.fr/maman_travaille/2010/02/elisabeth-badinter-je-vous-aime-22.html. [Consulté le 30 mars 2018] [2] Badinter, Elisabeth. Le Conflit : la Femme et la mère. Flammarion, 2010. [3] Marie-Françoise Colombani « Elisabeth Badinter: “on nous refait le coup de la mère parfaite ! ‘’ » Elle. Disponible sur http://www.elle.fr/Societe/Les-enquetes/Elisabeth-Badinter-on-nous-refait-le-coup-de-la-mere-parfaite-1146666 [Consulté le 30 mai 2018] [4] Claude Didierjean Jouveau « AA 72 : Reprise du travail, poursuite de l’allaitement » https://www.lllfrance.org/1160-72-reprise-travail [Consulté le 18 juin 2018] [5] »Une salarié peut-elle allaiter pendant les heures de travail ? » Service-public.fr. 7 février 2018. Disponible sur https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1769 [Consulté le 18 juin 2018] [6] “Breastfeeding and the Workplace” Irish Congress of Trade Union. Disponible sur https://www.ictu.ie/download/pdf/breastfeeding.pdf. [Consulté le 17 juin 2018]. En France, aux 3 mois de l’enfant, le taux d’allaitement tombe à 30%, alors qu’il est toujours recommandé par les institutions de santé publique. [1] Selon une étude de l’INSERM datant de 1999, que 50% des femmes qui décident de sevrer leur enfant le font à cause de leur reprise du travail. A la question : « Quand vaut-il mieux sevrer son bébé, à la reprise du travail, après 6 mois, plus tard encore ? », la Dr Marie-José Simon Ghediri répond : « Tout va dépendre de vous, de vos contraintes, de vos convictions aussi. » [2] Ainsi, de nombreux professionnels de santé sont d’accord sur le fait que chaque femme doit choisir le mode d’allaitement qui lui convient le mieux à la reprise du travail : elle peut choisir entre plusieurs options : l’allaitement au sein (l’enfant lui est amené sur le lieu de travail, ou la mère peut se déplacer sur le lieu de garde de l’enfant) continuer d’allaiter, mais tirer son lait et le donner à l’enfant lorsqu’il est gardé l’allaiter et lui donner du lait artificiel lorsqu’il est gardé le sevrer totalement La blogueuse Linappy va jusqu’à écrire que « Dans la pratique, il y a des variantes. Cependant, commencer l’allaitement mixte signifie selon Dr Marie-José Simon Ghediri, réduire la durée pendant laquelle la femme allaitera. Sur Mpedia, elle écrit : [1] « Etudes & Résultats | Deux nouveau-nés sur trois sont allaités à la naissance. » Drees. Disponible sur http://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er958.pdf [Consulté le 8 juin 2018] [2] Dr Marie-José Simon Ghediri. « Sevrer votre bébé » Mpedia. 31 mai 2016. Disponible sur http://www.mpedia.fr/51-sevrer-bebe.html. [Consulté le 18 juin 2018] [3] « Allaitement et Travail : 10 questions que vous vous posez » Lilinappy (blog). Disponible sur https://www.lilinappy.fr/blog/travail-et-allaitement/. [Consulté le 17 juin 2018].
Nombreuses… En fait presque autant qu’il y a de duos « maman-bébé ». » : chaque mère peut « créer » un allaitement à son image. Elle précise que certaines règles sont à respecter si la mère veut continuer d’allaiter et conserver une lactation suffisante : « Un point technique à retenir toutefois : afin de conserver une bonne lactation, il est préférable de conserver au moins 2 tétées par 24h, idéalement 3 et notamment la nuit si possible car les hormones de la lactation sont au plus haut en période nocturne. » [3]
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