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Acteurs concernés :
AFU, associations de patients, généraliste, patient
Acteurs concernés :
généraliste, patient
Acteurs concernés :
urologue, radiologue, patient
Acteurs concernés :
patient
Acteurs concernés :
association de patients, généraliste, urologue, patient
Acteurs concernés :
patient
Acteurs concernés :
urologue, patient
Acteurs concernés :
urologue, patient
Acteurs concernés :
urologue, cancérologue, patient
Acteurs concernés :
urologue, radiologue, patient
Acteurs concernés :
sécurité sociale, patient
Acteurs concernés :
patient
Organisation mondiale de la santé.
L'OMS ne préconise pas un dépistage de masse. En effet, selon l'organisation, les études n'ont pas prouvé que la mise en place d'un tel processus apporterait un bénéfice pour la population : Studies in different populations do not provide good evidence that mass screening for prostate cancer does more good than harm.
Commission de santé publique dépendant de la HAS, elle a une double fonction :
Elle a donc un rôle important à jouer dans le débat autour de l'organisation d'un dépistage généralisé du cancer de la prostate en France.
Dans son rapport le plus récent sur le sujet, datant de 2004, l'ANAES prend position contre l'usage du test PSA dans le cadre d'un dépistage de masse. Pour ce qui est du dépistage individuel, elle ne se prononce quand à l'usage du PSA et se contente d'énoncer les éléments d'information qui doivent être connu d'un homme qui souhaite se faire dépister, parmi lesquels on trouve :
Concernant les choix thérapeutiques, voici ce qu'on peut lire dans un rapport daté de 1999 :
"De nombreuses interrogations persistent concernant l'efficacité des traitements du cancer de la prostate localisé : le meilleur traitement n'est pas défini ; la morbidité des traitements et leur impact sur la qualité de vie participent grandement à cette conclusion. L'intérêt du traitement curatif par rapport à la surveillance et un traitement différé n'est pas démontré (même s'il est suggéré pour certaines tranches d'âge et certains types de tumeur)."
L'Académie Nationale de la Médecine, fondée dès 1731, est une société savante médicale située à Paris, rue Bonaparte. Les missions de l'académie consistent à répondre à toutes les questions posées par le gouvernement français dans le domaine de la santé publique. En plus de son rôle de conseiller, elle peut également émettre des avis ou communiqués éventuellement destinés à être largement diffusés.
Elle s'est en particulier penchée sur le débat concernant le dépistage du cancer de la prostate auquel elle tente d'apporter un éclairage scientifique.
En 2002, l'Académie Nationale de la Médecine a publié un rapport (lien internet) au nom de la commission Biologie - Immunologie - Génétique, dans lequel elle se prononçait en faveur du dépistage massif du cancer de la prostate à travers un examen complexe des arguments pour et contre.
"L'Académie Nationale de Médecine recommande qu'un dosage du PSA total soit proposé et un toucher rectal effectué par le médecin traitant tous les ans dès 50 ans et jusqu'à 75 ans dans la population masculine, et dès 45 ans s'il existe un risque héréditaire apprécié par la connaissance de cancers de la prostate dans la famille."
Cependant, même si l'Académie se prononçait en faveur d'un dépistage de masse en 2002, elle reconnaissait que le dosage de PSA apparaît comme un outil utile, mais imparfait.
Les questions qui se posent selon elle étaient :
1- Faut-il l'associer à d'autres examens pour renforcer sa puissance prédictive ?
2- Que faut-il faire en réponse à la découverte d'un taux de PSA élevé ?
3- Doit-on préférer le libre accès
, c'est-à-dire des prescriptions de routine non étayées par des indications précises ou le dépistage organisé ?
Ainsi, en 2003 l'Académie concluait son rapport par une réflexion sur le taux de PSA seuil
, c'est-à-dire au-delà duquel on considère qu'il y a un risque réel de cancer chez l'homme dépisté. Remettant en question l'application d'un taux seuil commun à tous les hommes établi à 4 ng/mL ne prenant pas en compte l'âge du patient avec lequel le taux de PSA plasmatique augmente de façon naturelle, l'Académie Nationale de la Médecine proposait alors d'établir de nouveaux critères d'analyse du test PSA. Les nouvelles valeurs seuils (encore imparfaites) fixées en fonction de l'âge du patient étaient donc :
Cependant, dans son communiqué Faut-il détecter le cancer de la prostate
publié le 27 mai 2008, l'Agence Nationale de la Médecine ne se prononçait pas clairement en faveur du dépistage en masse du cancer de la prostate.
"L'intérêt du dépistage systématique du cancer de la prostate fait l'objet d'un débat majeur. Il n'existe pas de preuve que le dépistage organisé apporte un bénéfice à la population à laquelle il est proposé."
"Le problème du dépistage se pose en termes d'articulation, entre un test ayant des performances médiocres eu égard à l'objectif qu'on lui fixe, à savoir dépister des tumeurs prostatiques agressives, et une prise en charge qui doit être nuancée en fonction de l'agressivité de la tumeur pour ne pas induire dans la population des effets négatifs insupportables."
Le débat est donc loin d'être clos aux yeux de l'Académie Nationale de la Médecine qui peine elle-même à se positionner clairement dans la controverse liée au dépistage de masse du cancer de la prostate.
Haute Autorité de Santé. Organisme public indépendant, chargé d'évaluer l'ensemble de la filière médicale. Elle rend des avis sur les projets de loi concernant les soins médicaux.
Tout comme l'Organisation mondiale de la santé, la HAS ne recommande pas actuellement la mise en place d'un dépistage de masse du cancer de la prostate :
"En conclusion, les connaissances actuelles ne permettent pas de recommander un dépistage de masse du cancer de la prostate. Il semble indispensable de conduire une réflexion complémentaire sur l'information au patient et sur l'opportunité d'un dépistage individuel par la bonne prescription du dosage du PSA."
Association Française d'Urologie. Association qui rassemble l'ensemble des pratiquants du secteur de l'urologie en France.
Elle préconise un dépistage annuel et individuel du cancer de la prostate, fondé sur une formation éclairée du patient et un examen biologique et clinique dès l'âge de cinquante ans
. Elle ne recommande pas, en l'absence de données épidémiologiques suffisantes et validées, de dépistage systématique de masse.
Le dépistage et le traitement du cancer de la prostate, 2008.
Association NAtionale des MAlades du CAncer de la Prostate dont le siège administratif est situé au :
17 bis, avenue Poincaré
57400 SARREBOURG
Le lieu de réunion se trouve à l'Hôpital TENON à Paris, dans le XXe arrondissement.
L'ANAMACAP est née le 17 juin 2002, lorsque des malades du cancer de la prostate ont décidé de faire de leur combat un exemple au service des autres. Elle a pour mission d'éclairer ses membres sur les traitements disponibles ainsi que sur l'état de la recherche. Elle bénéficie, pour cela, du concours de docteurs, praticiens et professeurs spécialistes de la maladie. Elle apporte son aide à la défense générale des Malades du Cancer de la Prostate en participant au débat national sur l'évolution de la santé publique et en comparant leur situation sur le plan international.
Elle est composée :
Auteur du livre Imagerie de la prostate paru en 2005 aux éditions Sauramps dans lequel il dresse un aperçu exhaustif des dernières techniques de dépistage du cancer de la prostate, François Cornud est spécialiste de Radio-diagnostic et d'Imagerie médicale. Il exerce ses consultations dans un cabinet privé situé 19 avenue de Tourville dans le 7ème arrondissement ainsi qu'à l'hôpital Necker à Paris.
Convaincu de la nécessité d'examens complémentaires au test PSA dont la faible spécificité conduit à des diagnostics de cancer de la prostate seulement partiels, le radiologue François Cornud prêche activement en faveur des biopsies guidées par imagerie médicale
.
"Depuis 25 ans que l'on a découvert le test PSA, quelle est la raison fondamentale qui fait que ce dépistage est aussi controversé, alors que le PSA est un marqueur strictement de cet organe ? On n'a pas trouvé de test permettant de faire la différence entre le bon et le mauvais PSA. Je suis évidemment pour le dépistage, comme pour celui de toutes les maladies qui durent et qui sont responsables de décès, mais le problème est que la spécificité du marqueur PSA n'a pas augmenté ces 20 dernières années. On ne peut pas nier l'intérêt du dépistage d'une maladie. La question est : que faudrait-il faire pour détecter les cancers qui sont préoccupants et ne pas diagnostiquer ceux qui ne le sont pas ?"
"Voici ma réponse à la question : on ne peut pas être contre le dépistage d'une maladie associée à une mortalité, à condition de détecter seulement le cancer qui conduit à cette mortalité et non pas celui qui ne nécessite pas de traitement. Alors comment faire ? J'ai une partie de la réponse. D'un point de vue général le dépistage de masse n'est sûrement pas un bon moyen de faire la différence entre les cancers qui tuent et les cancers qui ne tuent pas, surtout que le dépistage du PSA est suivi d'un test qui n'est pas du tout anodin. On est obligés de faire suivre le test par une biopsie, et c'est ça qui biaise le test car la biopsie est très invasive. Comme le PSA n'a jamais été un marqueur de cancer, il ne permet pas à lui seul de détecter un cancer de la prostate. On est obligés de le dépister par un test qui est autrement plus invasif, et c'est pour ça que moi qui ne suis pas urologue, je suis très partisan de proposer l'imagerie médicale à toutes les personnes présentant un PSA élevé pour faire la différence entre ceux qui ont la maladie et ceux qui ne l'ont pas. Le test PSA ne coûte pas cher, c'est la biopsie qui coûte cher ! Et ce qui coûte encore plus cher, ce sont les conséquences terribles, l'énorme fardeau que doit supporter un système de santé qui détecte des tumeurs qui sont innocentes."
"Clairement l'imagerie médicale a fait suffisamment de progrès pour déceler avec une fiabilité et une précision très raisonnables ceux qui ont besoin d'une biopsie tout de suite et ceux qui n'en ont pas besoin."
"Bien sûr, il ne faut pas se prendre pour des microscopes ! Nous ne pouvons qu'essayer d'évaluer une présomption pour décider si cela vaut le coup de faire une biopsie ou pas. Mais nous n'avons jamais de certitude, à part dans les cas extrême. Cependant dans le cas d'un dépistage, on ne s'intéresse pas aux énormes tumeurs mais bien aux tumeurs naissantes et l'imagerie par résonance magnétique trouve un grand nombre de petites boules, parfois bénignes."
"Voilà ma proposition mais elle n'est pas démocratisée parce que l'IRM avant biopsie est encore considérée comme quelque chose de coûteux. On n'a jamais fait d'étude de son efficacité future. Aujourd'hui, personne n'est capable de dire ce qu'une IRM négative a de plus coûteux qu'une biopsie négative."
Chef du service biostatistique et d'épidémiologie de l'institut Gustave Roussy, C. Hill étudie depuis plusieurs années l'évolution de la mort par cancer en France. Auteur d'un livre présentant les méthodes d'analyse statistique, elle publie aussi régulièrement des articles sur l'évolution de ces méthodes à l'intention des cliniciens. Elle a en particulier réalisé des études concernant les conséquences du dépistage de la prostate en France via une approche statistique pointue en collaboration avec Gérard Dubois.
Catherine Hill n'hésite pas à rappeler que si les inconvénients d'un dépistage systématique du cancer de la prostate sont certains, les bénéfices sont hypothétiques
.
"Je réfléchis depuis longtemps aux problèmes du dépistage. Mon approche est différente de celle d'un clinicien. Chacun aborde le problème avec ses outils. Mon travail est de comprendre la fréquence du cancer de la prostate. Les cliniciens eux, n'arrivent pas à prendre du recul par rapport aux personnes atteintes du cancer."
"Ils ont une idée des bénéfices du dépistage du cancer de la prostate démesurée : il faut d'abord connaître le risque ! La controverse liée au cancer de la prostate est avant tout un problème d'estimation du risque lié au dépistage."
"A travers le dépistage en masse du cancer de la prostate, on prend le risque de déceler des cancers souvent bénins qui inquiètent le patient. Ainsi on transforme des gens bien portants en malades. Je ne suis pas sûre que le jeu en vaille vraiment la chandelle."
"Les tests PSA positifs conduisent la plupart du temps à un sur-traitement de la part des urologues dont les conséquences sont terribles : beaucoup d'hommes souffrent alors d'incontinence urinaire irréversible et d'impuissance. En particulier, la prostatectomie radicale rend aujourd'hui 30% des hommes opérés incontinents ou impuissants..."
"Il y a des dépistages de masse dont l'impact positif sur la santé publique a été prouvé. Pour l'instant, ce n'est pas le cas du cancer de la prostate."
Bernard Debré est un urologue et homme politique français réélu député UMP le 10 juin 2007, dans la quinzième circonscription de Paris, partie nord du 16e arrondissement. Professeur des universités, praticien hospitalier (1980), chef du service d'urologie à l'hôpital Cochin (1990), membre de la Société française de chirurgie, des sociétés française, européenne et internationale d'urologie, Bernard Debré est aussi l'auteur du livre "Tout savoir sur la prostate", paru en 2001 aux éditions Favre.
"Il y a un mythe : le cancer de la prostate est très fréquent, atteint les vieux, agit lentement. C'est malheureusement faux. Il est important de limiter l'impact du cancer de la prostate car il tue aussi les jeunes."
" Le PSA est une révolution ! Avant on détectait le cancer à un stade T3 et l'intervention était très difficile parce qu'on traitait des cancers trop larges. Aujourd'hui on fait le dépistage de « mini cancers » et on les guérit."
"Le PSA est un élément très fiable. On suit son taux brut. S'il est gigantesque, il n'y a pas de doute : il y a bel et bien cancer. Mais ce qui est intéressant, c'est de faire un dépistage très tôt chez les jeunes de 45 ans et d'examiner leurs antécédents, ainsi que la dynamique de leur taux de PSA. Si l'augmentation du PSA plasmatique excède 0.75 % pas an, et si on observe en parallèle une diminution du ratio PSA libre/PSA total, alors on lance l'examen à travers une IRM qui fournit une image très précise de la prostate."
"Mais on ne peut pas dire de façon générale « je traite comme ça ». Le contact avec le patient est très important. On adapte le traitement à chaque homme en fonction de 10 paramètres différents comme son échelle de Gleason et la localisation du cancer..."
"C'est un homme, un cancer, dans un contexte."
Professeur honorifique en urologie.
Visionnaire, il réalise assez rapidement les dangers que peut représenter un recours excessif aux traitements radicaux dans le cas du cancer de la prostate et publie en janvier 1997 dans Le Concours Médical un article intitulé : « Cancer localisé de la prostate : un plaidoyer pour la pondération. » Dans cet article, le Pr Cukier plaide pour un dépistage ciblé et non généralisé et présente l'hormonothérapie tardive comme une vraie alternative aux traitements curatifs dans le cas de cancers peu agressifs. La citation suivante résume bien son propos :
"Mais à quoi servirait un diagnostique précoce si les tentatives de traitement agressif ne faisaient pas mieux que la simple abstention initiale suivie d'un traitement hormonal palliatif quand les troubles fonctionnels l'imposent. D'autant que cette manipulation hormonale retardée ne semble pas réduire la survie. "
Radiothérapeute exerçant dans le 7e arrondissement parisien et au service radiologie de l'hôpital Saint Louis. Elle est amenée à traiter essentiellement des patients ayant entre 50 et 75 ans et atteints d'un cancer manifestant un score de Gleason relativement élevé.
Elle considère la radiothérapie comme étant un traitement efficace dans le cas de cancers encore localisés, limitant les séquelles et peu coûteux :
"Si vous gérez correctement un traitement local, notamment la radiothérapie, moi j'arrive à la faire pratiquement sans complication, je ne vois pas pourquoi je ne vais pas proposer un traitement qui n'est pas cher."
Son avis sur le dépistage de masse... :
"Je suis favorable au dépistage systématique. Je ne suis pas une forcenée du traitement systématique, mais je pense qu'il faut dépister de manière systématique et après adapter."
... et sur la position sujette à polémique des urologues :
"Il y a forcément conflit d'intérêt. Mais d'un autre côté, ce sont des médecins, la plupart du temps quand même honnêtes. [...] Dans la partie générale, ils vont faire correctement leur travail. D'un autre côté, il est clair que vous allez proposer au mieux ce que vous maitrisez le mieux. Ce, d'autant que si vous travaillez avec des bras cassés qui, à chaque fois que vous leur confiez un malade, vous le rendent brûlé, et que vous, vous maitrisez parfaitement votre outil, vous n'allez pas avoir envie de les confier à cette personne."
Médecin généraliste parisien, le Dr Dupagne enseigne également à l'université Paris VI et est consultant dans l'édition médicale. Il est connu notamment pour sa grande présence sur le web. Ancien président de l'association des Médecins Maîtres-Toile, il a créé en 2000 le site Atoute.org, dont il est le webmaster. Il est en outre membre du Formindep.
La devise du Dr Dupagne pourrait être la suivante : « primum non nocere », c'est-à-dire « avant tout, ne pas nuire ». Il prône beaucoup de prudence vis-à-vis du dépistage de masse et des traitements radicaux qui conduisent souvent, selon lui, à une détérioration importante de la qualité de vie du patient : il pense notamment à l'impact psychologique que peut avoir l'annonce d'un cancer sur un patient et aux nombreux inconvénients des traitements curatifs (incontinence, impuissance). Il soulève la question suivante : est-ce que ces inconvénients ne viennent pas annuler les bénéfices du traitement, dans le cas de cancers peu agressifs ? Quoi qu'il en soit, il traite chaque patient comme un cas particulier, prend le temps de la discussion, expose les choix possibles et surtout leurs implications et décide, en accord avec le patient, de la marche à suivre.
Le Dr Dupagne se veut très prudent vis-à-vis du dépistage de masse :
"Le dépistage du cancer de la prostate par dosage sanguin des PSA est un sujet controversé. Je fais partie de ceux qui se sont opposés à la promotion de ce dépistage du fait des incertitudes qui l'entourent."
Voici notamment l'analyse critique qu'il fait des résultats de l'étude européenne menée sur les effets du dépistage :
"En résumé, pour 1000 hommes âgés de 55 à 69 ans participant à un dépistage du cancer de la prostate sur une période moyenne de 9 ans : - 150 auront des PSA anormalement élevées ; - sur les 125 qui accepteront des biopsies, 30 découvriront qu'ils sont atteints d'un cancer de la prostate ; - sur les 30 cancéreux traités, 20 seront définitivement impuissants, 15 souffriront de troubles urinaires et 2 seront totalement incontinents (nécessité de porter une poche à urine en permanence) ; - sur les 30 cancéreux traités, 1 homme ne mourra pas de son cancer de la prostate alors qu'il serait mort en l'absence de dépistage. [...] Nous ne pouvons avoir la certitude que dans notre groupe de 1000 hommes, l'ensemble des inconvénients liés au dépistage n'a pas été indirectement responsable de la mort d'au moins un autre homme, ce qui annulerait le bénéfice global du dépistage."
Le Dr Dupagne place au cour du problème l'impact des traitements sur la vie des patients :
"Quand on trouve quelqu'un avec un cancer de la prostate, même avancé, vous lui donnez un traitement hormonal et ça fait disparaître sa tumeur pendant de nombreuses années. Donc, ce n'est pas comme si, une fois que le cancer sort, on est démuni. Généralement, le cancer de la prostate est très sensible à un traitement qui n'est pas une chimiothérapie au sens poison, mais un traitement hormonal, qui va bloquer la prostate et les hormones mâles du patient et faire disparaître les lésions pendant 2 ans, 5 ans, 10 ans, pas 30 ans, mais... - Oui, étant donné l'âge du patient... ; - Voilà. [...] Il finira peut-être par mourir de son cancer, mais sa vie n'aura pas été plus brisée par ce traitement hormonal qu'elle ne l'aurait été par une prostatectomie radicale précoce"
Le Dr Dupagne est très critique vis-à-vis du rôle de l'AFU, qui relève du conflit d'intérêt :
"Les urologues vivent du cancer de la prostate. C'est la moitié de leur chiffre d'affaire. L'urologue va faire le diagnostic, le suivi et le traitement. [...] Les urologues sont à la fois des gens qui vont traiter et opérer la prostate, mais ce sont les mêmes qui vont dire qu'il faut opérer et les mêmes qui font la surveillance. Donc là vous entrez dans un conflit d'intérêt majeur : l'idée qu'on va arrêter le dépistage du cancer de la prostate, c'est 30% de chiffre d'affaires en moins pour la majorité des urologues. [...] Et ces gens-là ne sont pas des crapules ; ce ne sont pas des gens qui se disent : « Je vais me faire du fric avec la prostate. ». Ce sont des gens qui, quand on leur explique que ce qu'ils font tous les jour est peut-être délétère, refusent de le voir, ce n'est pas possible pour eux. En plus, le problème, c'est qu'ils s'appuient sur un réflexe simple : le cancer, c'est mauvais, quand on le voit, faut l'enlever. [...] Le donneur d'ordre ne devrait jamais être son propre exécutant."
"Si vous voulez, je suis un petit peu le porte-parole de gens qui n'ont pas le temps, l'énergie, les moyens de l'ouvrir, mais qui sont tous contents que quelqu'un le fasse. « Touche pas à ma prostate » [manifeste sur Internet contre le dépistage systématique, dont le Dr Dupagne est l'un des auteur], ça a été signé par 200 médecins. Vous me direz, c'est très peu sur 50 000 ; mais on est très peu de médecins à communiquer sur Internet. Sur 50 000 généralistes, on doit être 300 ou 400. Moi j'ai la chance d'avoir ce haut-parleur qu'est le site atoute.org, qui existe depuis longtemps, qui est bien référencé, qui a de l'impact, et je l'utilise le plus possible pour faire passer les choses."
Ancien Interne des Hôpitaux de Paris, ancien Chef de Clinique du service d'Urologie de l'hôpital Cochin, le Dr Eric Mandel est chirurgien Urologue et Andrologue, spécialisé en chirurgie robotique Da Vinci. Il exerce ses consultations au centre d'Urologie, 3 rue Anatole de la Forge dans le 17è arrondissement. Il pratique ses interventions à la clinique Ambroise Paré à Neuilly, et également à la clinique de la Défense à Nanterre.
Depuis l'acquisition du robot en janvier 2008, le docteur Eric Mandel a réalisé plus de 300 prostatectomies radicales assistées par la technologie Da Vinci.
A la question quelle est votre position vis-à-vis du dépistage de masse du cancer de la prostate ?
, le docteur Mandel émet des réserves et souligne le caractère individuel des décisions. Il cherche à mettre en évidence et à expliquer les dilemmes de la médecine et de la population
:
"Je vous propose d'aborder cette problématique à travers une autre méthode car il faut comprendre les dilemmes de la médecine et de la population. Considérons deux exemples. Un homme de 90 ans, fatigué, de comorbidité présentant un taux de PSA élevé et pas de troubles urinaires : il est évident qu'il ne faut rien faire. Deuxième cas : un homme de 50 ans dont le taux de PSA monte, présentant un toucher rectal anormal, et pour qui, la présence d'un cancer de la prostate est évidente. Cet homme va mourir, à terme, de ce cancer donc il faut faire quelque chose. La vraie question est : quand passe-t-on du cas d'un homme de 50 ans à celui d'un homme de 90 ans ? Tous les débatteurs auront raison ou tort en fonction d'une zone d'âge charnière à déterminer. La loi, la législation peuvent donner les âges limites, des taux seuils, mais la nature, elle, ne l'a pas fait. On connaît des études statistiques, mais on se retrouve au cas pas cas."
Le grand débat, en ce qui concerne le rôle joué par les urologues dans cette controverse, met en avant ce que leurs opposants appellent un conflit d'intérêt
. Voici ce que répond le docteur Eric Mandel à la question suivante :
"Monsieur Muntz dénonce les pratiques de certains urologues qui sur-traitent le cancer de la prostate, ce qui conduit à une réduction du niveau de vie (impuissance, incontinence.) que l'on aurait pu éviter. Ce propos est-il justifié ?"
"Si un patient présente 42 degrés de fièvre, il faut traiter directement. Cependant, il y a des maladies à court ou moyen terme et l'évolution du cancer de la prostate est très lente.
Mais quand on fait la rétrospective de la responsabilité d'une personne qui meurt à 60 ans alors que son cancer est apparu depuis 45 ans. Si la maladie est métastatique et que le patient entame un procès en demandant pourquoi il ne s'est pas fait opérer à 50 ans tant que son cancer était bénin. En effet, on aurait dû guérir le petit cancer à ce moment-là !
De plus, il faut bien comprendre que tous les gens qui sont des « grandes gueules » du « oui » ou du « non » ont pris des cas réels dans cette gamme, cette zone intermédiaire. On en fait des articles qui étendent le doute chez tout le monde. Dans la presse, on écrit des titres accrocheurs : « mutilation », « trop de dépistage », « coût économique », « coût humain » et on écrit deux exemples de patients souffrant d'incontinence et d'impuissance. L'accroche de ces titres est un vrai débat."
Enfin, à la question : les hommes en France sont-ils bien informés des risques élevés de présenter un cancer de la prostate ? La France est-elle en retard dans ce domaine par rapport à d'autres pays comme les USA ?
, le docteur Eric Mandel répond :
"Il y a beaucoup de forums sur internet. Il est difficile de faire le tri des informations et de trouver la bonne parmi toutes les mauvaises. L'idéal est d'avoir l'avis de l'urologue. Les gens ne sont plus tous seuls. La France n'est pas en retard, mais elle souffre peut-être de culpabilité."
Médecin généraliste.
Il a collaboré au contenu de Doctissimo, notamment en contribuant à l'écriture du dossier sur le cancer de la prostate. Il est l'auteur d'articles dans des blogs et sur de nombreux sites de vulgarisation scientifique comme uropage.com afin d'informer les patients mais ne se prétend pas expert sur la question.
Président-fondateur de l'association de patients ANAMACAP (Association Nationale des Malades atteints d'un Cancer de la Prostate)
Président Directeur Général de la compagnie Assurances Muntz, agent d'assurance depuis 1898, spécialisé dans tous les domaines, jusqu'à ses cinquante ans environ. Il a alors été atteint du cancer de la prostate. Après s'être soigné, il a dû parti à la retraite et a créé l'association, dont il est actuellement le président, pendant ce temps.
Roland Muntz, en tant qu'ancien malade, n'est pas opposé au dépistage du cancer de la prostate en tant que tel mais à ses conséquences invalidantes liées au choix de la chirurgie comme traitement :
"Le dépistage en tant que tel ne tue pas car il s'agit d'une prise de sang. L'amalgame toujours fait est le suivant : les conséquences de ce dépistage et le traitement qui le suit ne tuent pas, mais ils rendent invalidant si l'on prend des traitements, en particulier la chirurgie."
Il associe, par ailleurs, la controverse liée au dépistage du cancer de la prostate et à son traitement à un véritable conflit d'intérêts entre les différents intervenants :
"Dans ce dépistage, la santé est un gâteau. Les intervenants veulent en manger le plus possible. Un spécialiste médecin est mu par sa réputation et ses revenus. Un chirurgien libéral vit avec la chirurgie : "plus j'en fais plus je gagne." Pour les biologistes, si le dépistage devient quasi obligatoire : "bravo, je fais des seringues, des analyses, le chiffre d'affaires explose." Et ce, non pas pour des raisons objectives mais pour des raisons matérielles. Dans l'autre camp, l'image du gâteau est toujours là : avec un dépistage, les fabricants de chimiothérapie et d'hormonothérapie et les cancérologues voient leur part du gâteau diminuer. Quand ils voient que les malades sont traités, ils constatent que l'herbe leur est coupée sous le pied : la maladie n'a pas le temps d'évoluer jusqu'à un stade métastatique.C'est pourquoi les cancérologues, ceux qui fabriquent les molécules, sont opposés au dépistage organisé. Quand on visualise ces deux camps, on comprend les motivations des uns et des autres. Parmi les opposants - syndicats des pompes funèbres par exemple - il y aura des morts plus rapidement. C'est exagéré, mais cela permet de différencier les deux camps."
En ce qui concerne sur avis personnel sur la question du dépistage, Roland Muntz défend un dépistage précoce par précaution :
"Dans les journaux, les journalistes utilisent des citations, des déclarations qui racontent que le dépistage est plus nocif que bénéfique [...]
le cancer de la prostate ! Voilà une maladie qu'il vaut mieux détecter tard que tôt.Alors que des métastases dans les os, c'est le plus douloureux : on ne peut en maîtriser la souffrance. Il semble qu'il faille mieux être dépisté tôt."
"Il faut procéder à un dépistage intéressant. Chaque homme entre 45 ans et 70 ans, pas les vieillards, pas une fois tous les mois, mais tous les ans, voire tous les 3 ans, doit faire ce test, et être remboursé."
"Je suis pour un dépistage intelligent et de masse à partir de 45 ans. J'aimerais qu'on le conseille comme on conseille de ne pas fumer. Celui qui veut fumer peut le faire, c'est pareil pour le dépistage. Il faut au minimum informer, fortement conseiller que l'ensemble des hommes ont un problème dans leur corps au niveau de leur partie génitale, qui s'appelle la prostate. Ils doivent savoir qu'il y a 10 000 morts par an, juste à cause de ce cancer.C'est criminel de ne pas tenter de sauver ces 10 000 morts qu'il y a par an. J'ose espérer que les traitements sauvent quelques vies."
Roland Muntz dénonce le manque de distinction entre les malades qui nécessitent un traitement agressif et ceux qui sont victimes d'un sur-traitement de la part des urologues, qui, d'après lui, ne font que profiter du dépistage :
"Il existe une forte confusion entre dépistage et traitement du cancer de la prostate : un seul traitement par prostatectomie rend dans 50% des cas l'homme invalide c'est-à-dire impuissant ou incontinent. Tout ça part d'une mauvaise analyse : lorsqu'on dépiste, il y a des gens qui sont dépistés et qui ont intérêt à l'être. C'est le cas des cancers agressifs qu'il faut traiter d'une manière tout aussi agressive. D'autres sont indolents, c'est-à-dire gentils : ils ne mettent pas la vie de la personne en danger mais sont malheureusement traités par les urologues par des manières agressives.
L'erreur est faite par ceux qui profitent du dépistage et qui ne font pas de staging (analyse du stade du cancer), pour classer le cancer qui est soit indolore soit agressif. On arrive en pratique à distinguer correctement 97% des cas."
"Il faut absolument contrôler les urologues : ils sont 1200 spécialistes à bac + 17, ce sont des "costauds". Ils noyautent un peu tout le monde. Ils ont à leur tête Bernard Debré, qui est à l'Assemblée Nationale. Seules les associations de patients ne sont pas contrôlées. Ces associations en ont marre de prêcher dans le désert. [.] On veut faire des actions judiciaires contre les gens qui racontent des "conneries" sur des études falsifiées, pourries .On veut agir contre des grands "mandarins", faire du buzz derrière et le pointer du doigt en disant que les urologues sur-traitent.
[...] Ils opèrent des gens qui n'ont pas besoin d'être opérés.
Le problème est là : [...] les chirurgiens opèrent trop. [...] Le patient ne mourra pas, mais il subira les conséquences. [...] Si les urologues utilisaient tous les marqueurs... Il faut faire des études complémentaires, avoir plus d'indicateurs. Ils ne veulent pas le faire, ils se contentent de trouver une cellule cancéreuse et d'opérer. C'est plus rapide, il n'y a pas de service après-vente pour l'incontinence et l'impuissance. Parfois, ils ne mentionnent pas les effets secondaires."
"Ce n'est pas le dépistage qu'il faut surveiller, mais les spécialistes."
"Pour Roland Muntz, les professionnels n'agissent que dans leur propre intérêt et non dans celui du malade, et ils profitent que, apeuré par la maladie, le patient
voit son spécialiste comme un deuxième Dieu:"
"Dans notre pays, la médecine est compartimentée. Le spécialiste radiothérapeute qui a investi des millions d'euros dans son matériel, croyez-vous qu'il va envoyer son patient chez son concurrent cancérologue ? Non. On a eu l'expérience d'un patient qui est allé voir cinq spécialistes différents. Il s'est vu proposer cinq traitements différents : c'est compartimenté. "