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L'hormonothérapie tardive

Tôt ou tard, la maladie fait parler d'elle, d'abord au travers de troubles urinaires, érectiles, puis douleurs osseuses. Il faut alors réagir car ces symptômes indiquent que le cancer est en train de s'étendre hors de la prostate.

La solution classique consiste alors à prescrire au patient un traitement anti-hormonal, qui a pour effet de faire chuter le taux de PSA et de freiner fortement le développement de la maladie.

Voici quelques extraits d'un article du Pr Cukier en faveur de cette approche de la maladie :

"A quoi servirait un diagnostique précoce si les tentatives de traitement agressif ne faisaient pas mieux que la simple abstention initiale suivie d'un traitement hormonal palliatif quand les troubles fonctionnels l'imposent ? D'autant que cette manipulation hormonale retardée ne semble pas réduire la survie et assure le plus souvent un contrôle raisonnable de la progression de la maladie."

Critiquant le recours abusif aux traitements curatifs dès l'annonce de la maladie :

"On est peut-être entré plus tôt dans la vie de la maladie sans avoir sans pour autant avoir allongé la vie du patient."

Et voici ce qu'en dit le Dr Dupagne, près de vingt ans plus tard :

"Généralement, le cancer de la prostate est très sensible à un traitement qui n'est pas une chimiothérapie au sens poison, mais un traitement hormonal, qui va bloquer la prostate et les hormones mâles du patient et faire disparaître les lésions pendant 2 ans, 5 ans, 10 ans, pas 30 ans, mais...
- Oui, étant donné l'âge du patient...
- Voilà. [...] Il finira peut-être par mourir de son cancer, mais sa vie n'aura pas été plus brisée par ce traitement hormonal qu'elle ne l'aurait été par une prostatectomie radicale précoce."

Finalement, l'hormonothérapie tardive apparaît comme un choix thérapeutique à part entière : comme les autres traitements, elle ne peut être prescrite que si le cas du patient s'y prête. Elle est hors de question dans le cas de cancers agressifs, fréquents chez les jeunes patients. Mais pour ceux ayant déjà atteint un certain âge et présentant un cancer peu virulent, elle est une vraie alternative aux traitements classiques et présente l'avantage de laisser tranquille les patients sur les premières années de la maladie.

L'urologue Cukier le constatait déjà dans les années 90 :

"La supériorité de la chirurgie d'exérèse ou de la radiothérapie sur la simple abstention initiale reste à démontrer avant de s'aventurer dans une politique coûteuse, et peut-être plus nocive qu'utile, de dépistage du cancer de la prostate."

Plus récemment, on pouvait lire dans un rapport de l'ANAES :

"L'intérêt du traitement curatif par rapport à la surveillance et un traitement différé n'est pas démontré (même s'il est suggéré pour certaines tranches d'âge et certains types de tumeur)."

CE QUI POSE PROBLEME