Pourquoi démanteler ?
Lors de leur construction, les centrales nucléaires françaises ont été conçues pour avoir une durée de vie d’environ 60 ans. Les deux réacteurs français les plus anciens et encore en fonctionnement sont ceux de la centrale nucléaire de Fessenheim en Alsace. Mis en service à partir de 1978, ils assurent aujourd’hui plus de 60% de l’approvisionnement énergétique de la région alsacienne.
Mais … 1978 + 60 fait 2038 et non 2013 … où est donc le problème ?
Par sécurité, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) réalise tous les dix ans des visites d’inspection afin de juger de la qualité des bâtiments et de la possibilité d’une exploitation des réacteurs dans de bonnes conditions. C’est au terme de ces visites qu’est délivrée à chaque fois une autorisation de prolongement de la durée de fonctionnement de la centrale, initialement fixée par défaut à 10 années à la date de sa mise en service 1978 dans le cas de Fessenheim).
En 2009, lors de la troisième visite décennale de l’ASN sur le site alsacien, l’autorisation d’une exploitation jusqu’à 2019 est accordée au site moyennement des travaux de renforcement du radier et la dalle de béton sur laquelle est construit le réacteur numéro 1.
L’affaire ne s’arrête cependant pas là
Si l’exécutif incarné à l’époque par le président de la république N. Sarkozy est favorable au prolongement de la durée d’exploitation de la centrale, l’élection d’avril 2012 vient brusquer les choses. François Hollande – alors candidat PS à l’élection présidentielle – fait de la fermeture de la centrale de Fessenheim pour 2016 une de ses 60 « promesses de campagne » après signature d’un accord avec Europe-Ecologie –Les Verts. Elu président de la République, F. Hollande annonce dès la rentrée 2012 que la fermeture pour la fin de l’année 2016 sera appliquée et nomme, en décembre de la même année, M. Rol-Tanguy comme « délégué interministériel à la fermeture de la centrale nucléaire et à la reconversion du site de Fessenheim ».
La fermeture de la centrale, qui divise l’opinion publique, se veut porteuse d’un message fort, comme l’affirme le président de la République dans son discours d’ouverture de la conférence environnementale en septembre 2012. Ancrée dans une nouvelle politique énergétique visant à faire passer de 75 à 50% la part du nucléaire dans le mix énergétique français, la réhabilitation du site de la centrale de Fessenheim se veut avant tout exemplaire et innovante dans un secteur encore naissant : celui du démantèlement nucléaire français.
La question du démantèlement de la centrale de Fessenheim est complexe. Teintée d’incertitude de par l’hostilité d’une partie de la population et du secteur industriel à ce projet, elle est également marquée par une évaluation économique difficile à établir. C’est ce dernier point que notre étude cherche à éclaircir.