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Des coûts difficilement estimables

Quand bien même on parviendrait à estimer le coût de la fermeture de la centrale de Fessenheim, cela ne suffirait pas à rendre compte de l’ensemble des conséquences qui en découlent. A-t-on réellement pensé à tous en nous concentrant sur la question des coûts ? Certaines conséquences paraissent ainsi difficilement quantifiables mais absolument capitales dans le processus de chiffrage du démantèlement. Trois exemples pris à différentes niveaux l’illustrent bien.

Comment estimer le déséquilibre créé au niveau du village de Fessenheim par la fermeture de la centrale ? Quel serait le coût social d’un reclassement dans une autre centrale française des employés majoritairement alsaciens ? Toutes ces inquiétudes, exprimées par les salariées et relayées par les syndicats et les élus locaux ne peuvent bien évidemment pas être laissées de côté sous prétexte qu’elles ne peuvent pas faire l’objet d’un calcul économique.

Au niveau régional, la fermeture de la centrale pourrait laisser un goût amer aux alsaciens. En effet, comme nous l’a expliqué Jean-Marie Bockel, Sénateur du Haut-Rhin, les alsaciens le sentiment d’être les dindons de la farce de la politique énergétique française. La fermeture de la centrale de Fessenheim, après la perte de l’appel d’offre pour l’installation du réacteur EPR, pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase et avoir des conséquences politiques non négligeables pour l’Alsace, région singulière du fait de son histoire.

Mais prenons à présent du recul et regardons de loin l’hexagone : la fermeture de Fessenheim pourrait impliquer concrètement pour l’Etat l’initiation de la fermeture progressive du parc nucléaire français et porter atteinte à la crédibilité de la France, leader sur le marché du nucléaire mondial. Comment réussir à s’imposer sur ce marché, hautement compétitif, au sein duquel la France revendique une position d’excellence, alors que le pays signe avec le démantèlement prématuré de la centrale de Fessenheim une sortie du « tout-nucléaire », fer de lance de sa politique énergétique ? Il s’agirait là d’un impact certain, bien que difficilement quantifiable, de la fermeture de la centrale.