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Des estimations fortement dépendantes du scénario de fermeture adopté
Comparons à présent les différences de coûts dans la balance financière globale de la production d’électricité. EDF a pour cela ordonné des études précises qui envisagent des scénarii et calculent le coût d’opportunité, comme il est défini dans la page précédente.
Présentation des scenarii : étude locale
Dans ce paragraphe, seul l’arrêt de la centrale est pris en compte et à compenser par les différentes alternatives. Cinq scenarii ont été proposés par l’expertise IED :
- 1 : La poursuite de l’exploitation de la centrale
- 2 : Son arrêt en 2016, comme prévu par le gouvernement et son remplacement par des énergies fossiles (gaz)
- 3 : Son arrêt en 2016 et son remplacement par des énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque) pour 2/3 et au gaz pour 1/3
- 4 : Son arrêt en 2020 et son remplacement par des énergies fossiles (gaz)
- 5 : Son arrêt en 2020 et son remplacement par des énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque) pour 2/3 et au gaz pour 1/3
Le scénario 1 est le contrefactuel de référence, c'est-à-dire, celui à partir duquel les prix seront comparés.
A partir de ces options, on détermine d’une part les coûts de production de l’électricité, les gains dus à l’exportation et les coûts dus à l’adaptation spécifique des structures existantes. Le démantèlement n’est pas prise en compte dans le coût d’opportunité car il devra être réalisé quelque soit le scénario (même si l’exploitation de la centrale est prolongée, la centrale sera amenée à être démantelée un jour ou l’autre).
Écarts des coûts de production annuels
- 800 M€ pour la solution renouvelable (3 et 5)
- 400 M€ pour la solution non renouvelable (2 et 4)
Aggravation du déficit de la balance commerciale (énergie exportée – combustible fossile importé)
- Scénario 1 : 200 Millions d’€ par an
- Scénario 3 et 5 : 600 Millions d’€ par an
- Scénario 2 et 4 : 2,3 Mds d’€
Résultats
Les résultats obtenus sont les suivants s’il on prend en compte le manque à gagner et le surcout dû aux nouveaux modes de production actualisé à l’année 2012 :
- Scénario 1 : 0 – Scénario de référence, les autres valeurs seront des surcoûts.
Arrêt en 2016 :
- Scénario 2 : Gaz CCG : 3,3 Mds d’€
- Scénario 3 : Eolien + Gaz : 6 Mds d’€
Arrêt en 2020 :
- Scénario 4 : Gaz CCG : 2,3 Mds d’€
- Scénario 5 : Eolien + Gaz : 4,1 Mds d’€
La fermeture de la centrale, dans son contexte
Toutefois, comme le précise le sénateur du Haut-Rhin M Jean Marie Bockel, les conséquences de toute décision politique ou économique doivent être évaluées par rapport aux objectifs fixés et au calendrier établi. Evaluer le prix de la fermeture de la centrale prend d’autant plus de sens lorsqu’elle est inscrite dans un contexte politique énergétique global. La centrale n’est en effet qu’un élément de production, à repositionner dans son environnement économique.
Pour cela, après avoir vu les effets à court terme de la fermeture de Fessenheim, comparons les prix de la production électrique en 2030 suivant les 5 scenarii suivants, choisis aussi représentatifs que possibles :
- 1 : Prolongation de l’exploitation du parc nucléaire
- 2 : Utilisation des nouvelles technologies nucléaires (EPR) : accélération du passage à la troisième génération
- 3 : Sortie partielle du nucléaire
- 4 : Sortie du nucléaire en donnant la priorité aux ENR
- 5 : Sortie du nucléaire en donnant la priorité aux énergies fossiles
Le choix de ces scenarii s’appuie sur les objectifs fixés par les différents acteurs, de nature très différente :
- Global Chance et NégaWatt visent le 0 nucléaire en le remplaçant assez largement par des ENR et privilégient donc le scénario 3
- Négatep voudrait privilégier les solutions à faibles émissions de CO2, quitte à produire grâce au nucléaire et se référeront donc aux scenarii 1 ou 2.
- Les industriels, investisseurs et chercheurs souhaiteraient développer de nouvelles technologies pour maintenir un leadership français fort dans le domaine nucléaire et exporter leur savoir faire, tout en améliorant la capacité de production des centrales et privilégient donc le scénario 2.
- Le cinquième scénario représente ce vers quoi s’orienterait la transition énergétique si les centrales venaient à fermer trop vite dans le sens ou les ENR ne pourraient pas les remplacer : l’urgence et la rentabilité de l’opération nécessiterait le recours aux énergies fossiles
A partir de ces objectifs, les études ont montrées que les proportions optimales des différents moyens de production engendreraient les couts au Mégawatheure répertoriés dans le graphique ci-dessous :
Ces coûts ne sont que les couts de production et ne prennent pas en compte les travaux d’adaptation du réseau (croissant avec l’indice du scénario) ni les couts sociaux ou environnementaux. Le bilan plus global des critères plus difficilement chiffrables de ces modes d’exploitation est donc transcrit à part, dans le tableau suivant :
La conclusion de cette évaluation est, d’après les rapports existants, la rentabilité économique de la prolongation de l’exploitation du parc nucléaire français par rapport à d’autres alternatives. Devant l’impact économique conséquent d’une éventuelle sortie du nucléaire, même partielle, les présidents et rapporteurs de la DGEC et de la CAS ont déterminé 8 recommandations qui montrent le danger de compromettre la filière nucléaire en fixant des objectifs sur sa part pour des horizons futurs sans étude socio-économique préalable. Ils conseillent donc de poursuivre les investissements et la R&D dans le domaine, tant que l’ASN le permet (ce qui est le cas pour la centrale de Fessenheim).
Si les avis divergent encore sur la question de la fermeture de FSH, c’est que les arguments proposés considèrent que la part du risque est beaucoup trop importante pour poursuivre l’exploitation des centrales, malgré les indications des autorités de sureté. Ne se fondant pas sur les mêmes critères, pour les associations comme NégaWatt ou GlobalChance, le risque passe devant toute autre considération. L’ensemble de ces critères, non monétaires et non chiffrables est décrit dans la partie suivante.
Aussi, pour assurer un climat de confiance et de sécurité pour l’exploitation nucléaire, ils préconisent d’harmoniser les règles de sureté à l’échelle internationale