Initiatives citoyennes

Une solution : le recyclage ?

Face au gaspillage engendré par nos pratiques de consommation (et par l’obsolescence programmée), qui apparait comme un véritable désastre pour la planète et dont nous n’avons pas toujours conscience (se rapporter à l’étude de cas sur l’île de Nauru), que pouvons-nous faire ?

Le recyclage des produits est une idée de plus en plus fréquemment évoquée. Elle est revendiquée depuis longtemps par de nombreux acteurs, comme l’association de consommateurs UFC-Que-Choisir qui la préconise. De plus, le blog La deuxième vie des objets répertorie les différentes techniques de recyclage, des plus basiques aux plus originales, en adoptant un point de vue sociologique et anthropologique : en temps de crise, l’inventivité des citoyens n’a plus de limites pour récupérer et transformer les objets !

Pour preuve, il existe de nombreuses initiatives prises par des groupes de personnes conscientes des dangers de la surconsommation et de la maitrise d’une certaine forme d’obsolescence programmée par les industriels. Voulant passer à une nouvelle ère, ils mettent en place des projets, comme cette Recyclerie, dans le nord de Paris, près de la porte de Clignancourt.

Le projet est en cours de financement sur le site de crowdfunding KissKissBankBank, n’hésitez pas à les soutenir ici, il ne reste plus beaucoup de temps (jusqu’au 6 mai 2014) !

Mais le problème se situe dans le fait qu’à l’échelle nationale et mondiale, comme le constate Les Amis de la Terre, nous n’allons pas le vers le recyclage : nous préférons sécuriser nos approvisionnements de matières premières plutôt que de recycler celles que nous avons déjà sur le territoire, sous forme de déchets manufacturés. C’est une solution économique à court terme, mais qui malheureusement est intenable sur le long terme.

Le recyclage reste en France une pratique encore marginale et très insuffisante, bien que nous soyons (sensiblement) plus responsables que les consommateurs américains ou anglais, où la controverse autour de l’obsolescence programmée a beaucoup moins touché la sphère médiatique et où les préoccupations environnementales restent très secondaires.

Cela renvoie surtout à notre incapacité à recycler. Des économistes comme Serge Latouche mais aussi Joseph Guiltinan mettent en cause les industriels. Ils peuvent choisir le degré de « réparabilité » et de recyclage de leurs produits, mais la plupart préfèrent stratégiquement maintenir une faible possibilité de réparation et de recyclage. C’est ce que nous a fait remarquer Serge Latouche au cours d’un entretien en prenant l’exemple du cas de la gestion du verre par les industriels : ceux-ci refusent de récupérer les bouteilles avec un système de consignes comme cela pouvait se faire par endroit dans les années 60, ou comme cela se fait encore aujourd’hui en Allemagne. Ils préfèrent réduire le verre en calcin, en petits morceaux, afin de le refaire fondre et de fabriquer de nouvelles bouteilles. C’est certes une forme de recyclage, puisqu’on n’utilise pas de nouveaux minerais pour fabriquer du verre, mais elle est extrêmement couteuse en énergie.

En clair, comme le relève le rapport du Centre Européen de la Consommation, « les structures de recyclage actuelles tout comme l’impossibilité générale de recycler cette masse de déchets et l’incapacité même de savoir comment recycler ce type de bien, entraînent un traitement particulier de ces équipements électriques et électroniques. Au lieu d’être recyclés, ces biens pour 70% d’entre eux sont incinérés, enfouis ou traités dans des filières informelles ». Le tri sélectif est encore inopérant pour beaucoup de produit. Il faut aussi noter que l’incinération ou l’enfouissement de certain de ces déchets contenant des produits toxiques a des effets très néfastes sur l’environnement.

Aujourd’hui, les questions environnementales semblent peu à peu être prises en considération au niveau politique. Entre autres, la Loi Hamon sur la consommation qui a été adoptée en février dernier à l’Assemblée Nationale a fait quelques pas en faveur de la lutte contre cette pratique. Cependant, selon Camille Lecomte des Amis de la Terre, cette loi n’est pas allée assez loin, et notamment à propos du soutien au secteur de la réparation, qui est en véritable déclin.

De plus, une autre alternative, complémentaire, celle de l’économie circulaire, vise à terme à développer une société qui ne produirait pas de déchets. S’inscrivant dans le cadre du développement durable, ce nouveau modèle économique cherche à l’aide du recyclage, de la revalorisation des déchets, de la prévision de leur réutilisation dès leur conception, et grâce à une modification en profondeur des habitudes à limiter notre impact environnemental.