Dans une description de controverses telle que celle du retour des farines animales, il est intéressant d’analyser les publications, la presse, la cartographie des sites internet et leurs liens, les médias. Ceux-ci sont en effet révélateurs de la dynamique temporelle et spatiale de la controverse, et des acteurs du problème. Cette partie est ainsi dédiée à l’analyse quantitative des sources d’information et à l’interprétation des résultats:

 Projet Navicrawler 3

Le graphique ci-dessus est une cartographie du web. Nous avons pris tous les sites internet des articles et médias que nous avons utilisés pour rédiger ce site.  Chaque nœud est un site internet, et un lien entre deux nœuds indique qu’une référence a été faite d’un site à l’autre. On peut ainsi observer des groupes d’influence, et les sites qui jouent un rôle essentiel dans la controverse par leur activité. On remarque une forte présence de la presse (le Monde, l’Express, die Zeit, le Figaro), et des réseaux sociaux qui sont au cœur du sujet sur le web (twitter, facebook). Les sites de littérature grise (www.senat.fr et le site de l’ANSES), qui sortent des rapports impliquant le gouvernement ou des institutions, sont plus en marge de la controverse. Quant aux sites internet ayant un point de vue scientifique sur le sujet (biomedcentral, agrobiosciences, asmedigitalcollection), ils ne sont pas non plus au centre de la controverse. La conclusion qu’on peut tirer de cette carte est que le sujet est traité indépendamment par différents pôles : le côté scientifique, institutionnel et du consommateur. Il y a peu de liens directs existant entre ces pôles, les réseaux sociaux jouant le rôle d’intermédiaires. À l’intérieur même de ces pôles, toutefois, de nombreuses références sont faites et le sujet est partagé.

La base de données « Web of Science » contient de nombreux articles scientifiques internationaux sur les farines animales. Nous avons exploité cette base, en n’utilisant que les articles scientifiques européens, pour en tirer des tendances.

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                                                   Nombre de publications par an avec le mot-clé : « farines animales »

Malheureusement, cette base de données contient essentiellement des publications rédigées en anglais, c’est pourquoi on ne peut tirer aucune conclusion du nombre de publications contenant le mot-clé : « farines animales ».

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Nombre de publications (gauche) et d’article (droite) par an avec le mot-clé : « meat and bone meal »

On peut voir sur le graphe que le nombre de publications scientifiques européennes  au sujet des farines animales a augmenté en moyenne en presque vingt ans, tout comme le nombre d’articles cités traitant du sujet. L’intérêt porté sur le sujet a atteint son record en 2013. On en déduit que la sphère scientifique porte de plus en plus d’attention au problème des farines animales, et donc que l’aspect sanitaire du problème est de plus en plus discuté.

Les consommateurs et leur influence sur la scène de la controverse sont en général représentés par la presse et les médias. Nous avons donc exploré le site de l’INA (http://www.inatheque.fr) et cherché le nombre d’émissions de radio et télévisées traitant des farines animales par année, et en avons tiré ces graphes :

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La radio et la télévision ont sensiblement la même influence dans le débat. On voit que le sujet des farines animales a alimenté les médias pendant la crise de la vache folle (2000-2001-2002) et lors de la question de la réintroduction des farines animales (2011 et 2013). Hormis ces deux périodes, il n’y a eu que très peu d’émissions sur le sujet. On peut en déduire que le sujet des farines animales n’est pas un sujet très présent sur la place publique et ne fait entendre parler de lui que lors des crises et scandales (vache folle et retour des farines animales dans l’alimentation des poissons).

Les données tirées de Google Trends confirment cette tendance. Google Trends mesure le nombre de fois (normalisé) où un mot-clé a été tapé sur Google par année.
« Farines animales » (en bleu) vs. « Meat and bone meal » (en rouge)  

Contrairement au terme « meat and bone meal » qui intéresse de manière quasi-constante les internautes depuis 2011 (début du débat sur le retour des farines animales), l’intérêt pour le terme « farines animales » est très fluctuant. Il atteint deux pics en 2011, et un pic en 2013, dates qui correspondent respectivement au début du débat, et à la réintroduction effective des farines animales dans l’alimentation des poissons. On voit ainsi que le sujet des farines animales chez les français a un intérêt seulement dans les moments clés du débat, alors qu’internationalement (mot-clé en anglais), l’intérêt est plus constant.  

« Farines animales » (en bleu) vs. « Protéines animales » (en rouge)

 

Ce graphe fait ressortir la date à partir de laquelle on a commencé à parler de protéines animales (le nom donné aux farines animales « saines ») : vers 2011, le nom de « protéines animales transformées » (PAT) a en effet fait son apparition pour désigner les farines animales qui pourraient être réintroduites, et ne pas les identifier à celles qui ont causé la crise de la vache folle. Toutefois, on voit que la quantité de recherches avec le mot-clé « farines animales » dépasse largement celle du mot-clé « protéines animales », le changement de terme n’a donc pas été bien intégré chez les consommateurs, qui continuent à penser aux farines animales, et leur lien avec la crise de 2001.