Conclusion
La lecture de la description de controverse faite dans ce site permet clairement de mieux comprendre quels partis se sont prononcés sur la question de la réintroduction des farines animales, les arguments utilisés dans chaque cas et les interactions régissant l’évolution des décisions politiques prises au cours de ces dernières années.
En outre, on peut constater que la décision prise par la Commission Européenne de réintroduire les PAT dans l’alimentation des poissons d’élevage était appuyée sur des travaux scientifiques stipulant qu’il était aujourd’hui possible de produire des PAT et les suivre jusqu’à nos assiettes sans aucun risque et ce à l’échelle industrielle.
Néanmoins, certains pays dont la France font preuve d’une plus grande prudence à cet égard du fait de l’existence de fraude dans notre système et des conséquences que ces dernières pourraient avoir dans le cas présent. En effet, si le modèle théorique présenté par l’Europe est applicable, sera-t-il appliqué pour autant ? Une réponse positive à cette dernière question ne peut être assurée que si les systèmes de contrôle en vigueur sont suffisamment efficaces et réactifs.
Par ailleurs, une telle description de controverse permet de mettre clairement en évidence le poids de l’inégalité d’informations entre les partis sur les décisions politiques. Dans le cas français, par exemple, la grande majorité des consommateurs n’est pas réellement au courant de ce que sont les nouvelles Protéines Animales Transformées et font encore souvent l’amalgame avec les farines animales utilisées à l’époque de la crise de la vache folle. Cela pousse les distributeurs et les pisciculteurs à réviser leur position sur la réintroduction des farines animales. L’instauration d’un label « Sans Farines Animales » aurait par exemple pour conséquence vraisemblable une diminution de la consommation des produits concernés. Cela rend l’analyse des intérêts de la mesure d’autant plus délicate.
Si les consommateurs étaient mis au niveau de connaissances des experts sur la question, leurs revendications pourraient en être d’autant plus pertinentes et il serait ainsi plus facile d’atteindre un consensus sur la question. Keith Burrow nous l’a d’ailleurs explicitement mentionné dans son entretien :
« Si chaque consommateur pouvait avoir une demi-heure avec un scientifique qui lui expliquerait les raisons du retour des farines animales, il changerait d’avis. »
Ceci explique pourquoi la controverse portant sur la réintroduction des farines animales suscite des avis si partagés et tranchés : il faut laisser le temps à chaque parti de s’affranchir de leurs préjugés fondés sur des amalgames pour établir un dialogue qui soit le plus constructif possible. Il ne s’agit pas de faire table rase du passé car c’est précisément cela qui permet d’avancer dans le questionnement à mener mais il faut au contraire faire preuve de la plus grande ouverture d’esprit pour bien peser l’importance de chaque assertion et l’impact de chaque fait.