En France et en Allemagne, une instance (la DNCG en France) est chargée de contrôler les comptes des clubs, et peut, en cas de déficit, les placer sous contrôle voire les rétrograder [1]. Les exemples de Strasbourg, Sedan ou du Mans peuvent l’illustrer. Néanmoins, le rôle de la DNCG est avant tout de prévenir ce genre d’effondrement. Dans le cas du Mans, l’instance avait proposé la rétrogradation du club en National lors de la saison 2012/2013, laissant alors le FC Metz en Ligue 2. Finalement, Le Mans a porté l’affaire devant le CNOSF qui a rendu une proposition acceptée par la FFF. En cours d’année, Le Mans ne pouvait plus payer certains de ses joueurs, et déposait le bilan à la fin de la saison.
Les clubs qui captent la valeur créée par d’autres et n’ont pas besoin de former ou de fidéliser leurs joueurs ne peuvent fonctionner ainsi seulement grâce aux moyens financiers de riches investisseurs qui leur permettent, au moins pour un temps, de dépenser plus qu’ils ne gagnent. C’est ce à quoi l’UEFA veut s’attaquer par la mise en place du fair-play financier, qui empêcherait l’endettement des clubs et permettrait, en théorie, de lutter contre les inégalités (même si le public n’est pas très sensible à ce fair-play financier comme le montre le graphique ci-dessous). Certains clubs comme le PSG tentent cependant d’échapper à cette motion approuvée par l’ensemble des clubs européens. Ainsi, l’UEFA tente actuellement de vérifier si le contrat de sponsoring à hauteur de 200 millions d’euros signé entre le PSG et le Qatar Tourism Authority correspond au prix du marché, et ne représente pas un conflit d’intérêt entre le propriétaire du club (Qatar Sport Investment) et la compagnie de tourisme.
Le champ d’action de l’UEFA est bien réel, puisqu’il lui est possible, en cas d’infraction à la règle du fair-play financier, d’interdire aux clubs de participer à ses compétitions, pourtant essentielles au rayonnement international des clubs européens [2]. Un organisme, l’ICFC, est chargé du contrôle des finances des clubs européens, et a déjà privé plusieurs clubs de participation à des compétitions européennes pour défauts de paiement consécutifs à un endettement trop important. Le Malaga CF par exemple s’est vu, en 2012, exclu de la prochaine édition des compétitions de l’UEFA pour laquelle il se qualifierait au cours des quatre saisons 2013/14, 2014/15, 2015/16 et 2016/17[3].
Une autre solution, jugée plus interventionniste par certains mais également plus percutante, serait la mise en place par l’UEFA d’un « salary cap », comme cela existe déjà dans les ligues sportives américaines [4]. La masse salariale des clubs européens serait alors plafonnée, de manière plus ou moins stricte, ce qui pourrait être bénéfique à l’équilibre compétitif, mais devrait affronter l’opposition des joueurs professionnels, pour qui une conséquence directe du salary cap serait une limitation de leurs propres salaires. Cette solution a d’ailleurs déjà été mise en place en Angleterre, puis a été finalement abandonnée [5].
L’efficacité supposée du fair-play financier est remise en question par certains spécialistes du sujet ; en effet si l’UEFA espère que cela amènera les clubs à limiter leurs dépenses en termes de transferts et de salaires, cette mesure ne les oblige qu’à limiter leurs déficits, ce qui n’empêche pas forcément l’explosion des salaires et des montants des transferts [5].
[1]Interview de Frédéric Besnier
[2]Marks, John. « UEFA, the EU and Financial Fair Play ». Politique Européenne, 2012, n°36, 52-75.
[3]BMFTV, « Fair-play financier : Malaga exclu de toutes les compétitions européennes »
[4]Terra Nova, « Changer ou disparaître : Quel avenir pour le football ? ».