Cette chronologie retrace les événements majeurs de la controverse, depuis la création du mot “Anthropocène” jusqu’au débat concernant son entrée dans l’échelle des temps géologiques. Loin d’être exhaustive ou de contenir les points de vues de tous les acteurs, elle a pour vocation de situer les grandes dates et enjeux du débat. Entre autres, elle permet aussi de mettre en évidence la récence de la controverse et sa déviation rapide de la sphère scientifique vers la sphère politico-médiatique.

Chronologie

1980

Début des années 1980

Création du mot “Anthropocène” par Eugene F. Stoermer, ancien professeur de biologie, pour exprimer l’impact des activités humaines sur la planète.

1992

1992

Lors de la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable (CNUDD) à Rio de Janeiro, aussi appelée Sommet de la Terre de Rio, un plan d’action est défini pour mettre en place un développement durable (agenda 21). Ce sommet constitue la première grande réunion de chefs d’états dans une perspective de développement durable.  Le journaliste Andrew Revkin utilise alors le mot « Anthrocène » (Revkin, 1992).

2000

2000

Paul Crutzen (prix Nobel de chimie 1995 pour ses travaux sur la chimie de l’atmosphère et ses recherches sur l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique) et Eugene Stoermer écrivent, dans une publication de l’International Geosphere-Biosphere Programme, que nous avons quitté l’Holocène pour entrer dans une nouvelle époque géologique, l’Anthropocène (Crutzen et Sotermer, 2000)

2002

2002

Paul Crutzen détaille sa notion de l’Anthropocène dans la revue Nature ce qui popularise le terme au sein de la communauté scientifique. (Crutzen, 2002)

2003

2003

Début des controverses autour de l’Anthropocène, suivant la publication de Paul Crutzen, notamment avec la création de l’hypothèse Ruddiman, qui affirme que le réchauffement climatique d’origine humaine a commencé il y a 8 000 ans avec les débuts de l’agriculture, donc bien avant l’ère industrielle (Ruddiman, 2003)

2009

2009

Création de l’Anthropocene Working Group à la demande de la sous-commission de la stratigraphie du quaternaire. Ce groupe est composé de 38 membres aux compétences diverses et a pour but d’examiner la pertinence du concept d’Anthropocène et de fixer une date pour cette nouvelle époque (Carrington, 2016).

2012

2012

Le débat devient un sujet de société et la médiatisation à tel point que sa popularité soulève le questionnement de plusieurs géologues, dont Whitney J. Autin et John M. Holbrook qui écrivent alors « Is the Anthropocene an issue of stratigraphy or pop culture ? » (Whitney J. Autin et John M. Holbrook, 2012). Ce constat est partagé par le géologue Patrick De Wever, qui critique cet engouement des médias, expliquant que la plupart discutent de l’entrée de l’Anthropocène dans l’échelle des temps géologiques sans bien comprendre tout ce que cette dénomination recouvre (De Wever, 2017).

2013

2013

Le sujet constitue un enjeu en matière de médiatisation et de sensibilisation : des livres sur l’Anthropocène écrits par historiens et philosophes commencent à être publiés comme celui de M. Fressoz et M. Bonneuil, L’événement anthropocène. Stan Finney, paléontologue convié aux débats à Long Beach en Californie dans le cadre de la Commission Internationale de la Stratigraphie affirme alors« It’s become a political statement. That’s what so many people want. » (Finney, 2013)

2016

Août 2016

Débat de l’Anthropocene Working Group (AWG) qui affirme alors que la Terre est entrée dans une nouvelle ère géologique. L’issue du débat fut annoncée par certains journaux bien avant que les conférences aient commencé (De Wever, 2017).

La proposition du groupe de travail doit encore être soumise à la sous-commission sur la stratigraphie du Quaternaire, et le dossier doit contenir une coupe géologique, ce qui n’a pas encore été fourni. Elle-même la présentera à la commission internationale de stratigraphie avant qu’elle ne soit soumise au comité exécutif de l’union internationale des sciences géologiques (IUGS). Il faudra au minimum deux ans pour que la communauté scientifique internationale livre son verdict (Carrington, 2016).