Le concept d’Anthropocène repose sur la reconnaissance de la capacité des humains à altérer leur environnement sur de grandes échelles de temps et d’espace. Le symbole le plus courant de cette altération est le changement climatique. Or, l’idée même de changement climatique, ou la façon dont on doit s’en préoccuper, ne sont pas partagées par tous. Des groupes se revendiquant « sceptiques » remettent en cause les méthodes utilisées pour étudier le climat et aboutir au consensus actuel sur le réchauffement.
Défenseurs
AFCO : l’Association Française des Climato-Optimistes. Leurs objectifs est de « lutter contre le pessimisme climatique », qu’ils voient néfaste pour l’économie. Ils ont produit de nombreux documents sur les modifications climatiques et l’avenir énergétique.
Patrick Michaels : Climatologue américain, il est un des scientifiques sceptiques les plus respectés. Sans contester le réchauffement climatique, il prétend que chaque particule de CO2 supplémentaire a un effet moindre que la précédente, et qu’ainsi l’effet de serre est surestimé.
Bjorn Lomborg : Auteur d’un livre intitulé The Skeptical Environmentalist, et fondateur du think-tank Consensus de Copenhag, il est un des défenseurs de la thèse « anthropocentriste », qui consiste à privilégier les problèmes humains face aux problèmes climatiques.
La première caractéristique des sceptiques et leur volonté de mettre en évidence les incertitudes liées aux modèles de prévision utilisés, invalidant les conclusions des dits modèles. En présentant des risques de réchauffement à très long terme comme quasi-certains, l’AFCO prétend que l’on aboutit à des politiques alarmistes qui ne font que promouvoir l’urgence et le gâchis de moyens.
Contrairement au point de vue stéréotypé, qui a tendance à penser que tous les sceptiques rejettent en bloc le concept de changement climatique, les opinions sont en réalité plus nuancées. Bjorn Lomborg, scientifique danois, critique moins la réalité du changement climatique que la façon dont le problème est traité par le monde politique. Au lieu de chercher à réduire les émissions à court terme, il faudrait selon lui chercher à s’adapter à la hausse des températures (qu’il estime toutefois surévaluée) et chercher des solutions a des problèmes plus critiques comme la lutte contre le SIDA ou la malnutrition.
Cette position est partagée par l’AFCO, qui croit que les Hommes sauront de nouveau capables de surmonter les défis qui s’offrent à eux. Ils ne remettent pas en cause les limites des énergies fossiles, mais incitent davantage à chercher de nouvelles sources d’énergies plutôt qu’à forcer des économies qui réduiraient le niveau de vie.
Par définition du scepticisme climatique, un membre de ce courant ne peut pas reconnaître le concept d’Anthropocène comme « l’humain modifiant la nature ». La plupart des sceptiques préfèrent se concentrer sur les problèmes purement anthropiques : maladies, misère… On peut ici les placer à l’opposé de Bruno Latour : là où celui-ci réunit nature et culture dans une même entité, les sceptiques laissent la nature se développer seule, et se concentrent sur l’optimisation de la culture.
On aurait tendance à croire que les sceptiques voudraient placer l’humain supérieur à la nature. En réalité, il serait plus juste de dire qu’ils placent l’humain au dessus de la nature, dans leurs préoccupations. Ils reconnaissent bien l’importance de la nature (c’est dans elle que nous trouvons nos ressources), à tel point qu’ils contestent notre capacité à l’altérer.
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