Pour Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, le nom est mal choisi. Et ils ne sont pas les seuls à penser que le concept gagnerait à avoir une dénomination plus juste. Les auteurs proposent alors les termes « anglocène », « thanatocène » ou « capitalocène », en remarquant que les grands marqueurs de l’Anthropocène sont plutôt liés à des projets de domination mondiale. (Fressoz, 2017)


Le Thanatocène

Thánatos dans la Mythologie grecque est la personnification, le dieu de la mort.

Par extension, le “Thanatocène” désignerait une ère de destruction et d’écocides, avec pour origine la guerre. C’est la thèse soutenue par Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz dans leur livre : “l’Evénement Anthropocène”

« La Seconde Guerre mondiale a ainsi préparé le cadre technique et juridique de la société de consommation de masse, qui a lancé la « Grande Accélération » à partir de 1945. »

Dans cette théorie, il s’agit de cibler la guerre comme premier outils de destruction planétaire. Les bombes atomiques larguées successivement sur Hiroshima et Nagasaki sont un bon exemple de la folie destructrice qui peut s’emparer des hommes pendant une guerre et qui a des conséquences gravissimes sur la planète.

A propos des militaires « avec leurs choix technologiques insoutenables qui s’imposent ensuite au monde civil, et portent ainsi une lourde responsabilité dans le dérèglement des environnements locaux et de l’ensemble du système Terre. »


L’Anglocène

Il faut savoir qu’un Américain moyen consomme près de 30 fois plus d’énergie qu’un Kenyan. Avec la domination Britannique puis celle Américaine qui lui succède, au XXème siècle, le Royaume Uni et les Etats Unis ont, jusqu’à très récemment, représenté à eux seuls plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Puis leur modèle de vie formé d’un subtile alliage de Capitalisme et d’énergie fossile s’est répandu dans la plupart des pays du monde. Il ne s’agit en aucun cas de parler de responsabilité, mais seulement d’un état de fait. Cela permet à Jean-Baptiste Fressoz de proposer le nom « Anglocène » à la place d’Anthropocène. (Lacroix, 2015)


Le Capitalocène

L’Homme, ou plutôt “l’Anthropos” n’est pas mauvais par essence, c’est pourquoi, il ne faut pas faire porter la responsabilité à toutes les personnes vivantes. Il faut cibler un petit nombre qui ont voulu imposer leur mode de vie de destructeur au plus grand nombre. À ce titre, Andreas Malm, alors doctorant en écologie humaine a proposé la dénomination de “Capitalocène” à la place d’Anthropocène. En effet, l’Homme a toujours eu besoin de modifier de manière légère la nature, à travers son alimentation (pêche, chasse, agriculture…), le simple fait de se vêtir ou de se loger, et l’on ne peut pas attribuer de culpabilité à une personne cherchant simplement à satisfaire des besoins les plus primaires. Toutefois, ces modifications sont devenus massives à partir du moment où la consommation est devenu un but en soi, c’est-à-dire, à l’avènement du Capitalisme. (Legault, 2016)


Mais bien d’autres dénominations moins célèbres ont été proposées à ce jour : Misanthropocène, Chthulucène, Sociocène… Cela montre à quel point le sujet divise et combien l’on se doit d’être précis dans les termes utilisés pour désigner un phénomène qui nous dépasse. (Deleuze, 2017)


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