L’Union Européenne doit mener des négociations de façon à satisfaire 27 pays qui ont des intérêts différents. Ils sont face au Royaume-Uni qui a choisi la « Hard Brexit » et qui semble décidé à tirer le plus possible des négociations.
Comment l’Union Européenne met-elle en place sa défense? Comment adopter une position qui satisfasse le mieux possible les vingt-sept pays?
Les pays de l’Union Européenne vont devoir se mettre d’accords sur la ligne à suivre, même si chacun n’a pas les mêmes intérêts ni les mêmes opinion. L’Institut Jacques-Delors prévient:
« Nous nous attendons à un marchandage difficile étant donné que le Brexit renforcerait probablement les divisions existantes entre les contributeurs nets et les bénéficiaires nets du budget de l’UE » [1]
On remarque que la France et l’Allemagne, les deux principaux contributeurs économiques de l’UE s’opposent particulièrement à ce que le Royaume-Uni paie un faible prix de sortie et à ce qu’ils choisissent parmi les droits européens ceux qui les intéressent.
Selon Pascale Joannin, Directrice générale de la Fondation Robert Schuman :
«Le Royaume-Uni a peut-être imaginé que son idée folle de partir serait suivie par d’autres Etats membres dont le sentiment européen est un peu moindre que d’autres. Pour l’heure, on est presque un an après, il n’y en a pas. On peut prendre l’exemple des Polonais. Ce sont les alliés au Parlement européen des conservateurs britanniques. On aurait pu penser qu’ils prendraient des mesures de leur côté. Eh bien non, les Polonais sont engagés dans les négociations puisque c’est une des communautés les plus représentées en expatriés au Royaume-Uni. En 2004, il y a eu un grand élargissement à 10 pays et le Royaume-Uni a accueilli à bras ouverts les immigrés. Treize ans après on leur demande de partir. […] Il y a eu plusieurs réunions qui ont eu lieu, où les 27 ont affirmé être sur la même longueur d’onde.»
La Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil européen ont tous trois nommé des représentants pour mener ces négociations. Ces trois institutions européennes ont des rôles différents dans les décisions européennes et plus particulièrement dans celles concernant le Brexit. La Commission européenne est au centre des institutions de l’UE. Elle veille à la bonne application des traités, établit le budget annuel et élabore des propositions de loi. Le Parlement vote les lois. Le Conseil européen, constitué des 28 chefs d’Etat et des gouvernements des Etats membres, fixe les grandes orientations de l’UE.
La Commission Européenne a mis en place une Task Force de 25 personnes. Celle-ci est dirigée par Michel Barnier, un homme politique français, membre des Républicains. Michel Barnier avait déjà travaillé pour l’UE en tant que député européen de 2009 à 2010 puis en tant que commissaire européen au marché intérieur et aux services de 2010 a 2014. Néanmoins, en choisissant Michel Barnier, surnommé «La bête noire de la City», la Commission Européenne lance un message fort. Un journaliste du Sun, un tabloïd britannique, décrivait, le lendemain de sa nomination «une déclaration de guerre!». Le Monde ajoutait:
« l’UE n’a pas l’intention de se faire marcher sur les pieds par les Anglais» [1]
Crédits image: toscanaoggi.it
C’est Guy Verhofstadt, ancien premier ministre belge, qui a été nommé coordinateur du Parlement européen pour le Brexit. Encore une fois, ce choix n’est pas neutre, comme le souligne La Tribune: «Fédéraliste convaincu, Verhofstadt n’a jamais aimé les multiples opt outs britanniques, peut être pas au point de se réjouir du Brexit, mais assez pour ne pas le pleurer ». [2]
Côté Conseil européen, Didier Seeuws, diplomate belge, est nommé à la tête de la « Brexit Task Force ». Cette Task Force doit représenter les Etats membres lors des négociations.
⇐Le Royaume-Uni définit ses objectifs
Royaume-Uni post-EU: un statut économique à repenser?⇒
[1] « Brexit et budget de l’UE: menace ou opportunité? », Institut Jacques-Delors, 16/01/2017
[2] « Michel Barnier, mission Brexit », Le Monde, 16/09/2016
[3] « Guy Verhofstadt, le troisième homme du Brexit », La Tribune, 04/11/2016