Avec le Brexit, les travailleurs expatriés vont se voir attribuer un nouveau statut, qui dépendra de l’issue des négociations entre la Task Force 50 et Theresa May. Cependant, ils ne sont pas les seuls : le statut des étudiants et des migrants clandestins fait également question. Cette page présente les différents points sensibles quant au statut de ces catégories de personnes.
Comment va évoluer le statut des différentes catégories d’immigrants ?
- Les migrants clandestins
Cette caricature de Fridaymash illustre le fait que les pro-leave aient utilisé la question des migrants lors de leur campagne : les migrants annoncent ici au policier anglais qu’ils arrivent « au nom de la campagne du Leave ». Comme le montre le cartoon ci-dessus, la question de l’immigration clandestine reste au centre des causes ayant favorisé le rassemblement d’une grande majorité des britanniques autour du Brexit.[1] On peut dégager, autour de cette problématique, trois acteurs principaux : les réfugiés, le gouvernement français et le gouvernement Britannique. La sortie de l’UE aura une influence sur la façon dont la France va gérer les flux de migrants clandestins, notamment avec la potentielle remise en cause du Traité du Touquet, signé en 2003 par les ministres de l’Intérieur français et britannique et qui visait à renforcer la coopération franco-britannique anti-immigration clandestine. « E. Macron avait prévenu, dans un entretien accordé au Financial Times, qu’en cas de Brexit, la France ne retiendrait plus les migrants à Calais » [2] Ainsi, le Financial Times écrit : «France would relocate its migrant camp from Calais to Britain and roll out « a red carpet » for bankers fleeing London if the UK leaves the EU, according to Emmanuel Macron, the French economy minister. […]Mr Macron said the bilateral relationship could change abruptly in the event of a Brexit, including the creation of new obstacles to trade between the two countries. » (Anne-Sylvaine Chassany et George Parker,« French economy minister sends double Brexit warning to UK », Financial Times, 03/03/2016) Une telle décision avait également été évoquée par François Hollande lors du 34e sommet franco-britannique qui s’était tenu en mars 2016 : «Le chef de l’Etat avait alors spécifié qu’une sortie de la zone euro “ne remettrait pas en cause les relations historiques et amicales” des deux pays, mais aurait “des conséquences sur la manière française de gérer les migrations”»[2]. David Cameron a appuyé ces propos, pour soutenir la campagne du « Remain ». Theresa May, quant à elle, souhaite que le traité du Touquet soit maintenu. Cecigian, l’auteur de cette caricature joue ici sur le mot « Leave » (quitter) et le mot « Live » (vivre) pour dénoncer la politique anti-migratoire choisie par les britanniques le jour du vote. [1] Vincent Collen, « L’immigration record au Royaume-Uni attise le débat sur l’Europe », Les Echos, 27/08/2015 [2] Service Metronews,« Ce que le Brexit pourrait changer sur l’immigration », LCI, 24/06/2016 Développer Masquer
- Les travailleurs expatriés
L’immigration dans la quantification des coûts du Brexit concerne les travailleurs (ressortissants ou non de l’UE) travaillant en Grande-Bretagne, mais aussi les britanniques travaillant dans d’autres états membres de l’Union Européenne. Selon les pro-Brexit et la Bank of England, l’immigration a causé la diminution des salaires en Grande Bretagne.[1] Par ailleurs, dans une étude du think-tank britannique indépendant Resolution Foundation, publiée le 16 Août 2016, Stephen Clarken, chercheur au sein de l’institution, estime qu’en cas de réduction du nombre d’immigrants de 330 000 à 99 000 par an, les salaires augmenteraient de 0.2% à 0.6% d’ici à 2018 dans les secteurs où les étrangers sont les plus présents. [2] Cependant, selon la Bank of England, cette hausse des salaires resterait négligeable devant les baisses générées par les incertitudes autour du processus de sortie ainsi que la dépréciation de la Livre Sterling. [3] Certains estiment même que l’immigration rapporte plus à l’Angleterre que ce que cela ne lui coûte : « d’après le maire travailliste de Londres Sadiq Khan, l’immigration aurait représenté un gain pour la ville de plus de 25 milliards d’euros entre 2001 et 2011 ». Par ailleurs, une étude réalisée par l’University College estime que « “les immigrés récents, c’est-à-dire ceux qui sont arrivés depuis 2000, sont moins enclins à recevoir des aides sociales et à vivre dans des logements sociaux que les ressortissants nationaux. A l’inverse, les Britanniques auraient coûté plus de 700 milliards d’euros à l’Etat. Bien plus que ce qu’ils n’auraient rapporté en impôts.” ». [4] « L’immigration aurait représenté un gain pour la ville [de Londres] de plus de 25 milliards d’euros entre 2001 et 2011 » Sadiq Khan [4] Ces dires sont corroborés par une étude de l’OCDE, qui affirme: « Immigrants from the EU make a positive contribution to the public finances, despite relying on the UK welfare system, which is also the case of UK migrants elsewhere in the EU. » (p. 27, « The economic consequences of Brexit: a taxing decision », OECD economic policy paper, avril 2016, URL). Enfin, un sondage réalisé par IPSOS MORI publié dans The Guardian montre que les britanniques surestiment le nombre d’immigrants et les conséquences de leur présence sur le fonctionnement de leur pays. [5] Les partisans du « Leave » ont certainement utilisé cette fausse impression pour renforcer leurs arguments anti-immigration: un rapport du Global Counsel avance ceci : « perceptions have become disconnected with reality, partly due to hostile media coverage. » (p. 18, « Brexit: The impact on the UK and the EU », Global Counsel, juin 2015, URL) « sur 1,6 million de travailleurs de l’UE travaillent au Royaume-Uni, 88% n’obtiendraient pas de visa dans les circonstances actuelles » La présence des travailleurs de l’UE en Grande Bretagne est pourtant bien une réalité et, avec le Brexit, un durcissement des conditions d’attribution d’un visa, et donc de régularisation du statut de la situation des travailleurs, est à craindre. D’après un communiqué de presse publié par la Social Market Foundation, en partenariat avec Adecco Group UK & Ireland, les chiffres parlent d’eux-mêmes : « sur 1,6 million de travailleurs de l’UE travaillent au Royaume-Uni, représentant 6% de la totalité des employés, 88% n’obtiendraient pas de visa dans les circonstances actuelles ». Crédits image : Techcitynews.com [1] Peter Dominiczak, «Mass migration driving down wages offered to British jobseekers», The Telegraph, 21/12/2015 [2] «What might lower migration mean for workers, employers and government policy? », Etude de Resolution Foundation, 16/08/2016, URL [3] Stephen Nickell et Jumana Saleheen, «Bank of England Staff Working Paper No. 574: The impact of immigration on occupational wages: evidence from Britain », 12/2015, URL [4] Service Metronews, « Ce que le Brexit pourrait changer sur l’immigration », LCI, 24/06/2016 [5] Alberto Nardelli et George Arnett, « Today’s key fact : you are probably wrong about almost everything », The Guardian, 29/10/2014 [6] Martin Lavielle, « Brexit: l’immigration au cœur de la campagne », L’Obs, 11/06/2016Développer Masquer
- Les étudiants
Les universités vont souffrir de la perte des financements européens (Pour en savoir plus : faire un lien hypertexte vers la partie de Marie) mais le Brexit va également entraver la libre circulation des étudiants universitaires dans le cadre du projet Erasmus. Qu’il s’agisse d’étudiants européens en Grande Bretagne, ou d’étudiants Britanniques en Europe, l’impact mérite d’être quantifié. Le parlementaire Paul Blomfield, membre du Labour Party, affirme: “Les étudiants étrangers apportent 8 milliards de livres par an à l’économie britannique. Ils créent des dizaines et des centaines d’emplois dans tous les secteurs de l’économie, et l’éducation est l’un de nos produits d’exportation les plus cotés.”. [1] Nicola Dandridge, directrice de l’organisation “Universities UK”, ajoute que « les étudiants internationaux arrivent au Royaume-Uni, étudient un temps, puis rentrent chez eux dans la grande majorité des cas » pour rassurer les britanniques « anti-immigrations ». [2] Le Brexit conduirait à de nouvelles modalités d’obtention de visa pour les étudiants étrangers. Celles-ci dépendraient principalement de la qualité de l’université: « Meilleure est votre école, meilleur sera votre visa. », selon Amber Rudd, secrétaire d’Etat à l’intérieur du Royaume-Uni. [2] « Meilleure est votre école, meilleur sera votre visa. » (Amber Rudd) Ainsi, les universités du Royaume-Uni craignent de ne plus avoir accès aux meilleurs cerveaux européens. La London School of Economics fait part de ses craintes aux médias: “The uncertainty that the post-referendum Brexit debate has created is of significant concern to LSE. In particular, the lack of clarity over the future immigration status of non-UK EU nationals affects approximately one-third of our current academic and administrative staff.” [3] [1] « Les étudiants étrangers sous la menace d’un Brexit “dur”? », Courrier International, 07/10/2016, URL [2] Louis Heidsieck, « Brexit: vers une immigration ultra-élitiste pour les étudiants étrangers», Le Figaro Etudiant, 11/10/2016 [3] Rachael Pells, «Brexit could push UK universities “off a cliff edge” warns major report», The Independent, 09/12/2016Développer Masquer
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