En route vers l’eugénisme ?

Extrait du film Bienvenue à Gattaca, réalisé par Andrew Niccol

Manipulations génétiques

La méthode du remplacement mitochondrial est la première méthode a avoir été légalisée utilisant une modification du génome d’un embryon. Ainsi, malgré les défis techniques que rencontrent cette méthode, le débat majeur est d’ordre éthique :

Légaliser une telle méthode ne serait-elle pas le premier pas vers un certain eugénisme avec une sélection des gènes de nos enfants ?

C’est ce que pensent certains acteurs de la controverse, comme par exemple la fondation Jérôme Lejeune. En effet la technique entraîne une modification de toutes les cellules de l’embryon, donc du patrimoine génétique de l’embryon, ainsi que de celui de ses descendants. Les défenseurs de ce point de vue s’appuient alors sur le fait que la technique est à l’encontre de l’article 13 de la Convention d’Oviedo, qui stipule qu’il est interdit d’opérer à une modification génétique pouvant se transmettre aux génération futures.

Le point de vue adverse s’appuie sur le fait que les gènes mitochondriaux ne représente que 0.1% du génome d’une personne, ce qui est infime ; et que, de toute manière, les gènes mitochondriaux ne font pas partie des gènes codant l’identité, physique et mentale. Ainsi le Dr Robert Winston compare-t-il la technique à une transfusion sanguine.

Bienvenue à Gattaca 

Le but du remplacement mitochondrial est donc de permettre à des parents d’avoir un enfant pour lequel on empêche la possibilité de développement de maladies mitochondriales par manipulation génétique à partir de trois génomes différents. Cela n’est pas sans faire écho à une phrase présente dans le film Bienvenue à Gattaca :

 Votre enfant n’a pas besoin d’un fardeau supplémentaire. Et gardez à l’esprit que cet enfant est toujours vous. Simplement le meilleur de vous.


En route vers une société d’hommes ?

Afin de ne pas aller à l’encontre de l’article 13 de la convention d’Oviedo, mais surtout pour éviter la propagation d’une manipulation génétique qui ne fonctionne pas ou pourrait engendrer des conséquences désastreuses, le Royaume-Uni a légalisé la méthode seulement pour des embryons masculins. En effet, comme dit précédemment, les mitochondries se passent de génération en génération par la mère.

Ainsi, si une femme a recours à la technique de remplacement mitochondrial, l’embryon retenu devra vérifier ces deux conditions :

un taux de mitochondries malades faible

un chromosome Y

Il y a donc non seulement modification du génome de l’embryon, mais également un choix fait sur son sexe. Nous voilà donc face à une forme d‘eugénisme.