Une technique controversée

Technique de fécondation in vitro, elle consiste à se débarrasser des mitochondries anormales de la mère et de les remplacer par les mitochondries saines d’une donneuse.

Deux méthodes pour le remplacement mitochondrial

Il existe deux manières différentes de procéder à un tel transfert :

– le Maternal Spindle Transfer : on procède au transfert des mitochondries avant la fécondation.


– le Pronuclear Transfer : on procède au transfert des mitochondries après la fécondation, ce qui implique que l’ovule de la donneuse soit également fécondé.

Ces deux méthodes ont été testées, à ce jour, sur des cobayes de laboratoire.

 


Une méthode infaillible ?

La fiabilité de ces méthodes n’est pas garantie. En effet les cellules sont constituées d’un gel avec un squelette sur lequel sont accrochées les mitochondries. Aussi, quand on arrache le noyau de l’ovule – fécondé ou non, les techniques actuelles ne permettent pas de ne pas prélever aussi le squelette, et donc, avec lui, des mitochondries malades. Les deux techniques de fécondation in vitro requièrent donc la sélection de l’embryon avec un taux de mitochondries anormales inférieur à 10%.

Cependant, lors de la division cellulaire de l’embryon, la distribution des mitochondries entre les deux cellules filles n’est pas symétrique, mais est totalement aléatoire : les mitochondries  anormales peuvent éventuellement être toutes regroupées, et on obtient alors une forte concentration de mitochondries malades dans un tissu.

Il a été prouvé que la proportion de mitochondries malades peut atteindre 90% dans certains tissus.

Par ailleurs le scientifique Hervé Chneiweiss nous a parlé d’expériences qui ont été faites sur des souris, et qui ont mis en évidence un deuxième problème lié à la technique [Lire l’entretien complet…]. Les techniques de remplacement ont été utilisée sur une souris blanche saine (la donneuse) et une souris noire malade (la mère). Il y a bien eu des souriceaux qui sont nés, mais ces derniers deviennent malades très rapidement, et meurent. Deux explications apparaissent : soit la proportion de mitochondries malades était trop importante dans certains tissus, soit il y a une sorte de rejet entre le noyau et les cellules qui n’acceptent pas un noyau étranger. Il y une sorte d’incompatibilité noyau-cellule qui n’a cependant pas été prouvée et qui reste un défi du futur. Pour pallier ce problème, la communauté scientifique souhaite élargir l’éventail de résultats d’incompatibilité noyau/cellule, afin de choisir au mieux les mitochondries des donneuses en fonction des parents souhaitant avoir recours au remplacement mitochondrial pour leur enfant, comme nous le faisons pour les greffes d’organes.

Ainsi la communauté scientifique se divise entre deux parties. Les premiers croient en l’avenir de cette méthode malgré ces difficultés techniques, qui pourraient causer un développement anormal de l’embryon ou de l’enfant. Les seconds sont plus sceptiques en matière de prévention de la transmission de maladies mitochondriales, et pensent qu’une telle méthode ne sera utilisée dans le futur que pour pour le dopage de fertilité. Ce dopage consiste à remplacer les mitochondries des gamètes d’une femme qui est proche de la ménopause, avec celles de ses autres cellules. Ainsi cette technique ne présentera aucun problème au niveau d’une incompatibilité noyau/mitochondries.