La controverse nait dans les années 1990 au sein du monde scientifique. Elle porte alors sur les techniques utilisées et leur efficacité sur le long terme.
Au début des années 2000, alors que les techniques de remplacement mitochondrial font l’objet de nombreuses recherches et tests, les gouvernements prennent part à la controverse en s’interrogeant sur les conséquences éthiques du remplacement mitochondrial et le cadre légal à adopter.
Depuis 2016, avec la naissance des deux premiers enfants par remplacement mitochondrial, les médias et la sphère publique s’emparent du sujet et s’interrogent à leur tour.
Retour sur les événements
“Maladies Mitochondriales”
En 1988, la communauté médicale internationale reconnait un nouveau type de maladies : les maladies mitochondriales. Dues à un dysfonctionnement des mitochondries, elles peuvent se manifester dès la naissance ou quelques années après les naissance. Les symptômes sont très variés allant des problèmes respiratoires à la cécité.
Remplacement cytoplasmique
Dans les années 90, au New Jersey, l’équipe du docteur Jacques Cohen donne naissance à plusieurs enfants en utilisant une technique de boostage cytoplasmique. En injectant du cytoplasme d’une donneuse dans l’ovule de la mère, un certain nombre de mitochondries de la donneuse sont transmises à l’enfant qui nait alors avec l’ADN de 3 parents. Ce travail de recherche est finalement interrompu par la Food and Drug Administration.
Développement PNT et MST
C’est dans les années 90 qu’on entendu parlé pour la première fois de remplacement mitochondrial dans le monde scientifique : deux méthodes se distinguent : le remplacement avant fertilisation (PNT) ou après fertilisation(MST). Les premiers tests de ces méthodes ont été effectués sur des souris, dans le cas du PNT ces tests été déjà évoqués dans des articles scientifiques à fin années 80, et pour le MST, en début des années 2000. Un premier débat s’installe : quelle est la technique la plus efficace des deux ? Mais aussi, la diagnostic pré-implantatoire ne serait-il pas aussi performant ?
Interdiction aux Etats Unis
En 2002, suite au travaux du docteur Jacques Cohen, la FDA, décide d’interdire les manipulation génétique impliquant le transfert de mitochondries pour des raisons éthiques. Ce genre de manipulation étant considéré comme pouvant modifier l’ADN de l’individu et de sa descendance.
Premiers tests sur embryons réussis par PNT
En 2008, à l’université de Newcastle, des essais de transfert pronucléaire ont été réussis. La croissance des embryons a été interrompue après cinq jours.
Test de la MST sur des macaques
En 2009, des chercheurs de Oregon Science and Health University ont réussi un remplacement mitochondrial par MST sur des macaques rhésus.
Premiers tests sur embryons par MST
En 2013, des tests de remplacement mitochondrial par MST sont réalisés sur des embryons humains au Royaume Uni ou la législation le permet alors.
Sondages au sein de la population britannique
Le gouvernement britannique et le Human Fertilisation and Embryology Authority réunissent un comité d’experts pour étudier la question du transfert mitochondrial. La conclusion de ce comité se trouve être en faveur d’une telle méthode. Après publication du rapport du comité d’experts réuni par le HFEA, le gouvernement britannique recueille pendant trois mois l’avis de la population sur la question. La controverse touche désormais un nouvel acteur : la sphère médiatique.
Thèses sur la dérive génétique
En 2014 apparaissent des inquiétudes dans le monde scientifique au sujet des méthodes de remplacement génétique. En effet, à cause de la dérive génétique (le fait que les gènes mutent), de telles méthodes pourrait finalement se révéler inutiles.
Législation UK
En 2015, le gouvernement britannique décide finalement d’autoriser le remplacement mitochondrial à condition qu’il soit effectué uniquement pour mettre au monde des garçons. Les mitochondries étant transmises uniquement par la mère, une telle mesure permet de ne pas transmettre les modifications génétiques impliquées par le remplacement mitochondrial.
Première naissance par MST (Mexique)
Le premier essai chez l’homme est réalisé au Mexique par l’équipe médicale Américaine du Dr John Zhang du New Hope Fertility Center, New York, durant l’été 2015. Une telle intervention n’étant pas autorisée aux Etats Unis pas la Food and Drug Administration, l’essai a eu lieu au mexique où il n’existe pas de réglementation a ce sujet. Les parents étaient un couple Jordanien dont la mère était porteuse de la mutation conduisant au syndrome de Leigh.
Deuxième naissance par MST (Ukraine)
En 2017, naît cette fois-ci une petite fille suite à la méthode MST, en Ukraine. Cette fois la méthode est utilisée pour lutter contre les problèmes de fertilité des parents, apparemment liée aux mitochondries de la mère, ce qui soulève un nouveau problème éthique.
Projet de loi UE
Le 25 avril 2017, un projet de recommandation de loi sur le remplacement mitochondrial a été adopté par la commission des questions sociales de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE). La décision de cette assemblée devrait être révélée courant 2018.