Comme on peut le voir sur la frise, jusqu’au changement de nom du Franc CFA (1962), de Franc des “Colonies Françaises d’Afrique” à Franc de la “Communauté Financière d’Afrique”, la Zone Franc est relativement stable et relativement peu de voix se font entendre contre la monnaie et contre l’implication importante de la France dans la politique monétaire des anciennes colonies.
Dans son article “Cinquante ans d’Union monétaire ouest africaine : qu’avons nous appris ?”, Kako Nubukpo scinde en deux parties la période s’étalant de 1962 à nos jours. Jusqu’en 1994, la gestion monétaire de la Zone Franc s’effectuerait sans recherche de convergence économique tandis qu’après 1994 et la dévaluation du Franc CFA, la convergence économique serait le fondement de la gestion monétaire.
Il est intéressant de constater que cette partition chronologique des événements correspond à deux vagues de contestations du Franc CFA. Dans un premier temps, cette contestation est en effet menée par des intellectuels et des chercheurs économistes, à travers la publication d’ouvrages engagés (1967, “L’économie de l’Ouest Africain” ; 1980, “Monnaie, Servitude et Liberté”) qui dénoncent l’inefficacité de la monnaie commune et surtout la perte de souveraineté qu’elle engendre. Dans un second temps, et plus particulièrement pendant la décennie 2010, c’est le débat public qui s’approprie la question du Franc CFA, avec une multiplication des contestations, des manifestations, mais aussi des prises de position critiques de la part de dirigeants africains.