Dans la seconde moitié du 20ème siècle, on commence à définir l'intelligence comme un processus d'adaptation dans lequel interagissent les structures mentales et l'environnement. Cette théorie modélisait notamment des stades de développement de l'intelligence, conditionnant les apprentissages possibles à chaque âge, et a eu de ce fait un impact majeur dans le champ de l'éducation. L'attention des psychologues et des pédagogues s'est alors portée sur les processus mentaux utilisés en situation d'apprentissage.
Les progrès dans le domaine des neurosciences se sont effectués parallèlement aux progrès techniques, notamment concernant l'imagerie médicale. Si l'électroencéphalographe existait dès 1950, la recherche neuroscientifique a surtout connu son essor à partir des années 80, suite au développement de l'IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) à la fin des années 70. En effet, les techniques d'imagerie cérébrale permettent de déterminer comment une fonction cognitive précise est réalisée dans le système nerveux en mesurant divers corrélats de l'activité neuronale lorsque le sujet réalise une tâche donnée (dans notre cas, lire un texte...). Les techniques de plus en plus sophistiquées ont ainsi permis dans les années 90 d'étudier en détail le processus de lecture, depuis la prise de connaissance du texte avec le comportement oculaire du lecteur, jusqu'à l'identification des mots et les aires cérébrales qu'elle sollicite. Notons que certains résultats avaient été mis en évidence bien avant l'« ère technologique ». Par exemple, un premier résultat montrant que les méthodes qui mettent l'accent sur l'enseignement du décodage sont plus efficaces date de 1967.
Toutes les recherches scientifiques concernant l'apprentissage de la lecture ne mettent pas en jeu des dispositifs techniques très poussés, mais s'appuient sur les méthodes effectivement pratiquées par des enseignants, ou sur des expériences « à long terme » menées sur différents groupes d'élèves, pour voir les impacts de telle ou telle méthode.
Plus de précisions sur l'historique...Si à leur début, dans les années 1950, les sciences cognitives se sont peu intéressées à l'apprentissage, la recherche en lecture est devenue par la suite un objet privilégié de la psycholinguistique cognitive et de la neuropsychologie. Les avancées techniques ont permis d'identifier le processus mis en ouvre par un lecteur, en mettant à disposition des méthodologies et technologies sophistiquées, soutenues par des modèles théoriques robustes (qui décrivent le fonctionnement du système cognitif humain). Par exemple, l'imagerie fonctionnelle par résonance magnétique (IRMf) permet de visualiser l'activité du cerveau au cours de nombreuses activités cognitives, dont la lecture. Ainsi, grâce aux acquis des neurosciences de ces trente dernières années, il est possible de mettre en évidence les principes directeurs d'une pédagogie optimisée de la lecture et de l'écriture.
On s'est notamment aperçu, d'après de récentes études sur le fonctionnement du cerveau avec des méthodes non invasives, que les choix pédagogiques ont une importance majeure sur sa structuration. C'est pourquoi les neurosciences cherchent à se faire entendre dans le domaine de l'éducation, et notamment de l'apprentissage de la lecture.
De plus, en permettant de comprendre le fonctionnement de l'esprit, les neurosciences (et affiliées) peuvent apporter un certain éclairage sur les problèmes auxquels les élèves, mais également les enseignants ou les parents sont parfois confrontés. Néanmoins, elles ne sauraient leur fournir la clé du détail des modalités d'intervention en éducation. Elles mettent en lumière les points essentiels dans l'apprentissage de la lecture, sans pour autant privilégier une méthode sur une autre.