Les mouvements pédagogiques visibles sur Internet se scindent clairement en deux camps opposés : d'un côté, les tenants des méthodes dites « globales », de l'autre, les pourfendeurs du désordre et de la « Fabrique du Crétin » (titre d'un ouvrage de M. Brighelli paru en 2005). Les analyses exposées sur ces sites sont souvent partisanes et la formulation outrancièrement polémique. Il est à noter que les figures de proue des différents mouvements se répondent sur les forums qui y sont ouverts, comme « vousnousils ».
Les partisans des méthodes des années 1970-1980, et du courant péjorativement désigné sous le nom de « pédagogiste », restent très visibles sur Internet et dans les média, même si leur approche a été abandonnée depuis par le ministère. Le site de Mme Charmeux est emblématique à cet égard, mais on peut aussi citer celui de M. Meirieu, à un moindre degré. Ces sites s'adressent à un large public, incluant les enseignants en poste : des rubriques intitulées « comment faire sa classe » peuvent être consultées. Ces sites dénoncent « l'obscurantisme » des partisans des méthodes purement synthétiques, et veulent susciter davantage de recherches dans la mise en oeuvre d'une « voie directe » dont l'enfant serait l'acteur.
A contrario, les collectifs « Sauver les Lettres », ou le Groupement de Réflexion Interdisciplinaire sur les Programmes se mobilisent pour tenter un retour aux méthodes synthétiques, devant ce qu'ils considèrent comme le naufrage des pédagogies « globales ». Le collectif « Lire-Ecrire » se rattache aussi à ce mouvement, et bien souvent, on retrouve parmi les membres fondateurs les mêmes personnes : Messieurs Brighelli, Le Bris ou Delord. Ce mouvement a reçu le soutien plus large de quelques inspecteurs généraux honoraires de l'Education Nationale et de nombreux scientifiques, parmi lesquels Laurent Lafforgue, Jean Michel Bismuth ou Jean Pierre Serre. De nombreux parents d'élèves ou enseignants témoignent sur ces sites de leur mécontentement et de ce qu'ont pu leur apporter les recommandations exposées.
Il serait abusif cependant de nier l'existence de quelques initiatives « non polarisées », qui s'inscrivent dans les courants Decroly ou Freinet. Ces mouvements sont malgré tout très peu visibles et sont le fait de communautés restreintes, organisées autour d'une école expérimentale ou un centre d'activité pour jeunes en difficultés.
Les différents mouvements s'opposent avec une certaine violence verbale, et il est difficile de relever des argument véritablement scientifiques tant ils sont déformés par les uns et les autres pour étayer leur thèse. Mme Charmeux ne fait pas appel aux études neuroscientifiques et estime avoir mené ses propres recherches sur le sujet, alors que de leur côté, les neuroscientifiques déplorent le manque d'études. C'est la raison pour laquelle ils dénoncent une utilisation de leurs travaux qu'ils estiment abusive lorsque ceux-ci sont cités par les partisans des méthodes synthétiques.
Il faut souligner la grande confusion qui règne dans l'effervescence des mouvements pédagogiques, qui confondent méthodes analytique, idéovisuelle, mixtes et appellent parfois syllabiques toutes les méthodes qui enseignent la correspondance graphème-phonème (alors que la méthode syllabique (ou méthodes synthétique) n'est qu'une méthode parmi d'autres à présenter cette caractéristique). La polémique médiatique domine, polarisée par les figures charismatiques de Mme Charmeux et Messieurs Meirieu, Brighelli et Le Bris.