Les modes de preuve en économie

Non seulement les économistes tirent rarement les mêmes conclusions lorsqu’ils se fondent sur les mêmes données, mais de plus, ils ne fondent pas leurs conclusions sur les mêmes fondements.

Thomas Piketty

Thomas Piketty fonde avant tout ses raisonnements sur l’étude de séries statistiques. Ainsi sa méthode d’étude de la fiscalité est semblable à celle d’une science expérimentale : partant d’axiomes fondamentaux et de résultats, il utilise un raisonnement déductif afin de parvenir à des conclusions et des réformes jugées nécessaires.

Christian Saint-Etienne

M. Saint-Etienne fonde ses raisonnements dans l’étude de l’histoire et de la société françaises, en comparaison avec celles de ses voisins européens. Il affirme ainsi « on ne disserte pas de la fiscalité fors contexte » et « c’est ainsi qu’un impôt proportionnel sur tous les revenus, qui financerait notamment les besoins des plus démunis, serait, de par l’usage de la ressource fiscale, très progressif » . Ainsi, il n’étudie pas seulement les données fiscales mais aussi les données concernant l’utilisation des impôts concernés.

Jean Arthuis

M. Arthuis est, au niveau de ses modes de preuves, assez proche de M. Saint-Etienne, dans le sens où il compare la France avec les autres pays européens, l’Allemagne et le Danemark notamment. Il ne compare cependant pas leurs histoires, mais les différentes fiscalités et redistributions et les résultats qu’elles produisent, au niveau de l’emploi, de la productivité et donc du déficit. Lorsque la situation lui paraît meilleure qu’en France, il cherche à savoir comment adapter ces solutions pour en faire des réformes efficaces.

Bernard Castagnède

M. Castagnède critique avant tout les modes de démonstration précédents car ceux-ci ne prennent pas en compte « le comportement des catégories sociales » et affirme ainsi que les résultats prévus par les économistes risquent d’être très éloignés de la réalité. Il ne propose non pas des réformes précises mais des axes de travail à suivre afin de rendre le système fiscal plus équitable : « Vous êtes salariés, vous êtes imposés sur 90% de votre salaire. C'est-à-dire 100% moins 10% de frais professionnels. Vous êtes actionnaires, vous êtes imposés sur 60% de vos dividendes. Autrefois il y avait des avantages fiscaux versés sur les dividendes des sociétés françaises qui se comprenaient parce qu’on voulait favoriser le financement en capital des sociétés françaises. Il y avait un objectif économique. Mais […] il n’y a plus aucune justification économique. Là effectivement, il y a une inégalité qui mérite d’être rattrapée. ». Il appuie également souvent ses propositions sur des comparaisons avec les systèmes fiscaux des autres pays européens, et notamment ceux qui ont un système de protection sociale comparable au notre.

Jérôme Chartier

Jérôme Chartier s’appuie sur l’expérience chez les voisins européens, en particulier le Danemark et l’Allemagne, ainsi que sur des chiffres (données Eurostat, Banque de France, Direction des douanes, INSEE entre autres) pour appuyer ses propositions et défendre ses positions.