Toute soumission de manuscrit à des revues scientifiques comme Food & Chemical Toxicology doit être accompagnée d’une déclaration de conflits d’intérêt. Les auteurs doivent déclarer toute relation pouvant être considérée comme ayant un potentiel de conflit d’intérêt uniquement en lien avec le texte publié. Par exemple, s’il n’y a pas de conflit d’intérêt déclaré par les auteurs la mention « The authors declare that there are no conflicts of interest. » est portée en bas de l’article, avant les références bibliographiques. Les experts déclarent leurs relations extra professionnelles.
Les détracteurs de Séralini au cœur de la tourmente
Il est vrai que le Pr Séralini exagère lorsqu’il prétend que tous ses détracteurs sont achetés par l’industrie. La question des conflits d’intérêt est certes pertinente mais elle ne suffit pas : on peut très bien défendre les OGM en toute bonne foi. Il n’en demeure pas moins que la riposte médiatique contre l’étude Séralini a été orchestrée dans le monde anglo-saxon par le Science Media Center, organisme financé à 70% par l’industrie des biotechnologies (Monsanto, Bayer, Croplife, Novartis par exemple).
Au premier plan, une ligne d’experts connus pour leur position pro OGM. Certains sont membres de l’ILSI (International Life Sciences Institute) décrit par le 26/09/2012 par le Canard Enchaîné comme « le plus puissant groupe de lobbying alimentaire avec 400 adhérents dont Monsanto, Unilever, Syngenta, Bayer ou Nestlé). L’ILSI a été au cœur de nombreux scandales impliquant des conflits d’intérêts. Le dernier en date remonte à mai 2012 : la présidente de l’EFSA (European Food Safety Agency), organisme indépendant chargé de l’évaluation des OGM, Diane Banati a dû démissionner à cause de ses liens avec l’ILSI. Elle en est maintenant Directrice exécutive de l’Europe.
En France, nombreux sont les détracteurs de Gilles-Eric Séralini qui sont membres de l’AFBV (Association Française de Biotechnologie Végétale) notoirement connue pour sa ligne pro OGM. On compte parmi eux deux anciens présidents de la CGB (Commission du Génie Biomoléculaire) en charge de l’évaluation des dossiers OGM et un ancien président du Comité d’experts spécialisés en Biotechnologies de l’Afssa (Agence Française de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation), elle aussi en charge de tels dossiers.
Les associations civiles réclament donc plus de transparence au sein des instances d’évaluation des dossiers sur les OGM.
Qu’en est-il des conflits d’intérêts du Professeur Séralini ?
Gilles-Eric Séralini est directeur scientifique et cofondateur du CRIIGEN (Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie GENétique) de Corinne Lepage connu pour ses positions radicalement anti OGM. Le CRIIGEN a été au cœur d’une importante polémique en finançant lui-même une étude sur le maïs GM MON863 qui concluait à la probable nocivité de ce maïs.
Selon le Figaro, le Pr Séralini intervient de plus régulièrement pour le compte d’une PME spécialisée dans la fabrication de produits homéopathiques : Sevene Pharma. Certes. Mais, Sevene Pharma serait « noyautée » au mouvement IVI (Invitation à la Vie) classé en 1995 et 1999 dans la catégorie « sectes guérisseuses pseudo-catholiques » par la commission parlementaire sur les sectes. IVI a également été au sein d’un violent scandale il y a une vingtaine d’années : ils prétendaient guérir la maladie de Parkinson ou le cancer (entre autres) par l’imposition des mains ou l’harmonisation des chakras. Nombre de fidèles ont alors arrêté leurs traitements et sont morts.
Continuer sur la question du financement de la recherche.